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8 mai 2016 7 08 /05 /mai /2016 11:46

Le puits et la pendule

Edgar Allan Poe

1843

 

Une pièce dans le noir, un homme seul dans cette pièce, condamné par l'Inquisition et ignorant tout du sort qui lui est réservé. Au centre, un puits dans lequel il manque tomber. Au plafond, une horloge avec un balancier acéré qui se rapproche dangereusement pour lui lacérer la chair. Tic, tac...

Tout le talent d'Edgar Allan Poe se retrouve condensé dans cette courte nouvelle glaçante à souhait. Ici il n'y a pas de préambules ni d'explications; qu'a fait le prisonnier narrateur pour se retrouver condamné nous n'en savons rien. De son passé, de sa condition, de ses convictions nous ignorons tout. Ce n'est plus qu'un homme nu luttant seul dans le noir contre une mort irrémédiable et dont toute l'intelligence se retrouve mobilisée à la survie. Le récit à la première personne favorise l'identification immédiate par le lecteur qui tremble pour le malheureux. Allan Poe joue également sur des symboles forts : le puits sans fond, l'horloge dont le tic-tac rapproche le narrateur d'une mort certaine, l'obscurité... Il y a peu d'éléments dans cette nouvelle, à dessein, mais ils sont diablement efficaces. Les descriptions brèves et précises confortent le sentiment de malaise tandis que le dépouillement du "décor" nous force à nous concentrer sur le personnage, ses gestes, ses sensations, et à ressentir d'autant plus sa terreur. Le sentiment d'oppression et d'angoisse va crescendo jusqu'à un final abrupt qui laisse à peine au lecteur le temps se remettre de ses émotions. Bref et efficace.

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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 12:12

L01.jpgDans chacun de mes mots

Tamara Ireland Stone

Hugo Roman

2015

 

Qu'y a t-il derrière une parole en apparence anodine ? Qu'est-ce qui se cache dans des propos insignifiants ? Pour Samantha Mc Allister c'est la peur : peur de se démasquer et de révéler son sombre secret; ses angoisses qui peuvent surgir n'importe où n'importe quand, ses pensées incontrôlées et ses tocs qui peuvent la faire agir de façon insensée. Pourtant, il faut faire comme si de rien n'était, surtout vis-à-vis de son groupe d'amies qu'elle fréquente depuis la maternelle. Elles ne sont pas méchantes pourtant ses quatre copines, un peu futiles certes mais pas plus mauvaises que d'autres. C'est juste que leurs mots sont parfois blessants et qu'elles étouffent Sam dans une relation toxique et exclusive faite de petites blessures et de mini-trahisons. Tout change le jour de la rentrée lorsque Sam rencontre Caroline, une fille un peu à part à qui elle parvient à se confier, sur ses amies, sur son psy, sur ses obsessions...Caroline non seulement ne la juge pas mais lui fait bientôt découvrir un club secret, le club des Poètes qui permet aux marginaux du lycée de venir se défouler sur scène en récitant ou en chantant leurs créations. Sam va alors découvrir que les mots peuvent aussi guérir.

J'ai toujours eu un a priori négatif sur les éditions Hugo mais là force m'est d'admettre que Dans chacun de mes mots est un roman très réussi. Le livre aborde des thèmes qui ne sont pas forcément très en vogue dans les romans ados : en effet, si le thème du harcèlement revient régulièrement, les auteurs parlent très peu des amitiés toxiques. Qu'on s'entende, je ne parle pas des "fausses" amitiés où le soi-disant "ami" attend juste son heure pour poignarder le héros ou l'héroïne dans le dos. Dans Dans chacun de mes mots les copines de Sam ne sont pas méchantes et l'aiment vraiment mais c'est d'une manière égoïste : elles la délaissent facilement, s'attendant en revanche à ce qu'elle soit toujours là pour elles, la maltraitent presque inconsciemment et, surtout, ne veulent pas qu'elle sorte du rôle qui lui a été attribué. C'est en cela que la relation est toxique. L'auteur aborde également avec beaucoup de justesse le thème de la folie même si le terme est extrême : en effet Sam n'est pas folle mais ses angoisses, ses rituels, ses phobies, ses crises de panique et ses obsessions en font un être marginal et border line. Or, Tamara Ireland Stone parvient à ne pas faire de son histoire un concentré de guimauve larmoyante, tout comme elle parvient à raconter une très jolie histoire d'amour entre elle et AJ, un des membres du Club des Poètes, là encore sans en faire des tonnes. Enfin, là où j'ai été bluffée, c'est par la fin de Dans chacun de mes mots que je n'avais absolument pas vu venir et qui donne au roman entier un éclairage nouveau. Un très joli récit sur l'amitié et sur  la différence qui, sans leçons de morale superflues, apprend pourtant bien des choses.

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3 mai 2016 2 03 /05 /mai /2016 15:54

L01.jpgChemins toxiques

Louis Sachar

éditions Gallimard Jeunesse

2015

 

Depuis que la brute de l'école, Chad, l'a pris en grippe, la vie de Marshall, élève de 5e, est devenue un enfer. Aussi c'est pour l'éviter qu'il décide un soir de rentrer chez lui par les bois qui entourent l'établissement Woodridge, ce qui est formellement interdit, entraînant avec lui sa jeune voisine Tamaya qui n'a pas le droit de rentrer seule. Leurs ennuis ne font que commencer car, non seulement Chad va les suivre, mais il s'avère bientôt que des phénomènes étranges ont lieu dans cette forêt étrange, centre d'expérimentations secrètes.

Il y a quelque chose d'assez angoissant dans Chemins toxiques qui joue sur de nombreuses peurs : les peurs "classiques", les brimades et l'exclusion, la peur de l'inconnu avec la forêt sombre et menaçante du conte de fées, mais aussi des peurs plus "actuelles" si j'ose dire, avec une réflexion écologique très intéressante. Niveau style, on est sur quelque chose de très soigné et l'intrigue est menée tambour battant avec une subtile gradation dans l'angoisse. Ce qui est intéressant, c'est que même si les trois enfants, Tamaya, Marshall et Chad sont les héros, leurs rôles restent finalement restreints. Ils ne sauvent pas grand-monde mais peuvent cependant à leur échelle avoir un impact sur les événements en train de se produire. Ni victimes ni sauveurs, leurs personnalités n'en sont que plus attachantes et le lecteur peut tout aussi bien ressentir de la sympathie pour la courageuse petite Tamaya que pour le plus timoré Marshall. C'est donc une très belle découverte que ce roman qui me donne envie du coup de découvrir Le passage, l'oeuvre la plus connue de Louis Sachar, l'auteur de Chemins toxiques.

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1 mai 2016 7 01 /05 /mai /2016 13:25

L01.jpgLe grand roman de ma petite vie

Susie Morgenstern / Albertine

éditions La Martinière Jeunesse

2016

 

Bonnie Bonnet est une collégienne pétrie de doutes. Se laver les cheveux ou non ? Jeans ou robe ? Se fier à son amie Dorélie ou s'en méfier ? Il faut dire qu'entre une mère surchargée de travail, un père remarié qu'elle voit rarement et une grand-mère parfois envahissante, Bonnie a bien du mal à s'imposer et à prendre ses propres décisions. Aussi, lorsqu'elle tombe amoureuse de Carl, un garçon qui, tout comme elle a gagné un concours d'écriture, la voilà un peu paniquée d'autant plus que, dans sa famille, les femmes ne sont pas très douées pour garder les hommes.

Ce roman pour les 10-12 ans est d'une grande fraîcheur. J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Susie Morgenstern dans cette histoire drôle et parfois émouvante (le passage de la rédaction de Bonnie est tout simplement magnifique) d'une madame Indécise qui essaie de se faire une place au milieu des siens et d'affirmer sa personnalité au milieu des amis et de la famille. Il faut avouer aussi que c'est reposant de lire un ouvrage pour la jeunesse sans drames, sans leçons de morale lourdingues et sans bons sentiments. Cela n'empêche pas l'auteur d'aborder des thèmes d'actualité (divorce, familles recomposées) mais toujours avec légèreté et sans en faire des tonnes. Au final, ce qui m'a le moins plu dans Le grand roman de ma petite vie ce sont les illustrations : je n'accroche pas du tout au style. Que cela ne vous empêche pas de jeter un coup d'oeil à ce roman destiné à un jeune public et qui reste très agréable à lire pour les adultes également.

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28 avril 2016 4 28 /04 /avril /2016 18:43

L02.jpgParanoïa

Melissa Bellevigne

éditions Hachette

2016

 

Lisa Hernest est une psychiatre renommée à qui on ne fait appel que pour les cas complexes. Mais, si sa vie professionnelle est une réussite, sa vie privée l'est moins : stérile, Lisa a du mal à accepter l'idée qu'elle ne portera jamais de bébé et noie son chagrin dans le travail au grand dam de son conjoint Paul. C'est dans ce contexte que Lisa est appelée à l'institut Saint-Vincent pour y rencontrer une nouvelle patiente. Son nom est Judy Desforêt, elle a vingt ans, souffre d'hallucinations et de paranoïa et, surtout, est enceinte. Mais de qui ? Entre les deux femmes se noue une forte complicité et, presque malgré elle, Lisa en vient à se laisser prendre par l'histoire étrange que lui raconte la jeune fille, mettant en scène Alwyn, un homme que seul Judy peut voir...

J'ai été partagée sur ce roman. L'intrigue me semble assez faiblarde et irréaliste. Comprenez-moi : je sais très bien que nous sommes dans le fantastique mais, justement, pour que le fantastique fonctionne, il faut par ailleurs que la fracture entre la réalité et le surnaturel soit clairement marquée. Or, ici, le postulat de départ ne tient pas : une jeune femme se fait violer dans la rue : personne ne s'avise de savoir si elle a été violée. Cinq mois plus tard on retrouve la jeune femme enceinte, oh surprise ! C'est moi ou ça me semble un peu tiré par les cheveux ? C'est dommage car, par ailleurs, le style du roman est impeccable : simple mais efficace, avec des personnages attachants, que ce soit la psy en mal d'enfant ou la jeune fille éternelle solitaire, et un bon sens du suspens. Ce qui m'amène à ma seconde réserve : si Melissa Bellevigne a l'art de cultiver le mystère, elle ne parvient pas à créer une réelle dynamique à son histoire qui reste un peu lente et laisse le lecteur sur sa faim. En résumé, on s'attend à une chute ou à une révélation spectaculaire mais l'action ne s'accélère jamais réellement, hormis un passage très réussi dans une maison abandonnée, et le dénouement est décevant. Paranoïa est de ce fait loin d'être un chef d'oeuvre mais il s'agit somme toute d'un premier roman prometteur qui laisse présager une brillante carrière pour son auteur si elle persévère un peu.

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26 avril 2016 2 26 /04 /avril /2016 17:22

L06.jpgOn regrettera plus tard

Agnès Ledig

éditions Albin Michel

2016

 

Tout commence par un quiproquo. Une confusion entre deux Agnès.

"Ah tiens! dis-je à ma collègue du rayon littérature alors que nous nous tenons devant les dernières nouveautés, je vais emprunter On regrettera plus tard. Il me semble que j'ai déjà lu cet auteur et que j'aime bien."

Je vois avec étonnement un combat intérieur se livrer sur les traits de ma collègue. Elle semble sur le point de dire quelque chose mais, finalement, se contente de me lancer "Ah très bien, comme ça tu pourras me dire comment c'est".

Inutile de vous dire que je suis tombée dans un traquenard : j'ai en effet confondu Agnès Desarthe avec Agnès Ledig, une confusion que j'ai très vite regretté.

Un soir d'orage, Eric, qui se trimballe en roulotte avec sa fille Anna-Nina depuis la mort de sa femme soit sept ans (ben quoi c'est une façon comme une autre de faire son deuil) vient chercher refuge dans la maison de Valentine, une instit qui vit dans un village perdu. Bien évidemment, c'est bien connu, comme dans tous les petits villages on est super accueillants, Valentine leur ouvre sa porte, les nourrit et les invite à rester chez eux le temps que Eric répare sa roulotte. Evidemment, elle se se prend très vite d'affection pour la petite qu'elle emmène avec elle à l'école (oui juste comme ça pouf ! Pas besoin d'inscription ni d'assurance, c'est magique) et partage avec le père quelques moments intimes sur la table de la roulotte (je... non rien). Le hic c'est qu'Eric a encore du mal à faire le deuil de sa femme et que Valentine ne supporte pas d'être en couple, traumatisée par l'histoire de sa grand-mère qui a attendu toute sa vie en vain son mari prisonnier des allemands.

Dois-je vraiment revenir sur l'histoire? Je pense que le résumé à lui seul vous donne une idée de la haute volée de ce roman. Je ne reviendrai même pas (enfin un peu quand même c'est trop tentant) sur les clichés qui émaillent le récit : le confort et la simplicité de la vie campagnarde face à l'anonymat de la vie parisienne, la gentillesse de ses habitants (c'est marrant, dans le village de mes parents, les trois quarts votent Front National et lâcheraient les chiens si une roulotte conduit par un inconnu arrivait) et, ah ça j'adore, l'innocence clairvoyante des enfants. Dans On regrettera plus tard, les enfants sont des modèles de pureté et de douceur : les élèves de l'école accueillent Anna-Nina sans problèmes, sans moqueries, ils sont adorables avec elle. Anna-Nina elle-même est une pub vivante pour l'adoption : elle a sept ans mais elle lit très bien, elle ne fait jamais de caprices et elle a déjà tout compris à la vie, ce qui donne lieu à des dialogues d'anthologie : Je pourrais faire quoi pour lui donner envie de lire le prochain chapitre ? Je suis sûre que tu as une petite idée... Lui dire que j'aimerais une autre maman ? Et que ce serait trop cool que ce soit toi ?" Si vous trouvez une gamine qui parle comme ça faites-moi signe : on dirait l'une de ces enfants dans les mauvais films américains, ces petites têtes blondes facétieuses que vous avez envie de claquer au bout de deux minutes. Ce qui m'amène au meilleur, c'est-à-dire au pire de ce roman : les dialogues.

Soyons précise : presque tout le livre est composé de dialogues. Les descriptions c'est trop difficile, l'ignorez-vous ? Le problème c'est que ces dialogues sont atroces : j'ai rarement lu des échanges aussi mauvais et aussi artificiels. Ah le vieux qui vit au fond de son patelin depuis des années mais qui explique avec sagesse au héros que Valentine est "compliquée comme le trafic aérien d'un aéroport international" ou la gamine qui trouve que "les grands réfléchissent trop". La palme revient cependant à Valentine et à son meilleur ami Gaël, instit également, qui, pendant que les gamins se balancent des cailloux dans la cour de l'école, devisent sur la vie, l'amour, la tristesse... Et là c'est l'apothéose, l'avalanche de comparaisons foireuses et de phrases chocs "ça se saurait si elle était simple la vie", "Je suis un livre ouvert, hein ? - Et quelques pages sont écornées, je crois.", "Une réponse sans chaleur, c'est comme un regard qui se pose ailleurs.". J'arrête ou je continue ? Je pense que vous avez saisi l'essence même du style de de Ledig, des sentences brèves, des appels à profiter de la vie, de l'amour et des tables de roulottes et des mauvais dialogues.

Inutile de vous dire que quelques jours après je suis retournée voir ma collègue, fort mécontente. Celle-ci a alors avoué :

"Ben en fait je voulais rien dire parce que j'étais curieuse de connaître ton avis mais ceux qui ont aimé le dernier Ledig ont également beaucoup aimé le dernier Lévy."

Au moins on ne pourra pas dire que moi je ne vous ai pas prévenus.

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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 12:48

L07.jpgPoppy Pym et la malédiction du pharaon

Laura Wood

éditions du Seuil

2015

 

Tout commence dans un cirque avec un illusionniste qui découvre au fond de son chapeau un bébé. Une petite fille pour être précise. Avec le bébé, il y a un mot bref et anonyme demandant de prendre soin d'elle. L'enfant est donc adoptée par la troupe et nommée Poppy. Elle grandit parmi eux et apprend à jongler, dompter le lion, faire du trapèze et autres numéros d'équilibriste. Soit. Jusque là rien à signaler. Quand Poppy a onze ans, madame Pym, sa mère adoptive, décide qu'il est temps de la faire rentrer à l'école et décide donc de l'inscrire au pensionnat Saint- Smithen. Et c'est là que les choses se gâtent.

Vous voulez que je vous parle du pensionnat Saint-Smithen ? C'est une institution très "bristish" avec des uniformes et des règles assez strictes et qui accueille des élèves de la première à la septième année. Ah et l'école est répartie en quatre maisons : les Chardonnerets, les Rouges-gorges, les Moineaux et les Roitelets. Les élèves peuvent faire gagner ou perdre des points "mérites" à leur maison en fonction de leurs notes ou comportements. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à ressentir un sentiment de "déjà-vu".

Mais ce n'est pas fini ! A Saint-Smithen Poppy fait la connaissance de Ingrid, une première année tout comme elle, passionnée de lecture et qui est très douée en tout sauf en sport. Elle rencontre aussi Ron Kip, un petit rigolo accompagné d'un ami rouquin qui a un faible pour Poppy. ça ce sont les amis. Mais Poppy s'est faite aussi une ennemie en la personne de Annabelle, la blondinette riche et snob avec un père influent. Ah et il y a aussi les profs : la sévère mais juste prof de maths madame Mac Dougal (Seriously ?), la méchante mais au fond pas tant que ça prof de potions chimie, Miss Susan, et la compréhensive proviseur miss Baxter, sans oublier son assistante Gertrude, complètement sourde, un peu ridicule et, en apparence, inoffensive.

Voilà voilà.

Alors certes il n'y a pas de magie, rien qu'une intrigue policière liée à la disparition d'un rubis lors d'une exposition d'antiquités égyptiennes, pas de balais mais des trapèzes mais bon, ça ressemble tout de même à un bon copié-collé de Harry Potter à l'école des sorciers (en moins bien en plus car Poppy est assez insupportable) au point que j'ai été capable de deviner toute l'intrigue en me fiant à ce dernier : Poppy et ses amis violent quelques règlements pour mener à bien leur enquête, soupçonnent miss Susan que tout semble accuser puis, finalement, après moult rebondissements, découvrent enfin lors d'un face-à-face décisif le véritable coupable.

A la fin de l'histoire, l'auteur se perd en remerciements et je me suis demandée si elle allait en faire à J.K Rowling parce que bon, là, ce n'est plus de l'inspiration hein, ça a tout du bon gros plagiat. Mais non même pas. Très sincèrement je me demande si Poppy Pym n'est pas une vaste blague ou alors la littérature jeunesse file un bien mauvais coton pour reprendre avec tant de désinvolture des recettes à peine remaniées.

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 16:23

L01.jpgLes effets du hasard

Marie Leymarie

éditions Syros

2016

 

Maïa, comme sa meilleure amie Lily et pratiquement tous ses camarades de classe, a été choisie sur catalogue et achetée par ses parents. Elle a les yeux noisettes, les cheveux châtains et affiche un QI de 117. Elle a coûté relativement cher et doit tout faire pour ne pas décevoir son père et sa mère. Sa vie s'écoule, monotone, entre les cours de gestion d'émotion et de biologie, jusqu'au jour où elle fait la connaissance d'Anthony, un garçon aux yeux verts dont elle tombe très vite amoureuse. Seulement voilà, l'amour, comme toute autre émotion, est mal vue dans ce monde où ni les caprices du hasard ni ceux des sentiments ne sont tolérés. Heureusement, pour guérir l'amour, cette maladie bénigne de l'adolescence, il existe désormais des comprimés.

J'avais des craintes et j'ai été plus qu'agréablement surprise. Contrairement à la plupart des dystopies actuelles, l'auteur ne balance pas son monde en vrac pour ensuite se centrer sur une intrigue sentimentale sirupeuse. C'est plutôt l'inverse : l'histoire de Maïa avec Anthony n'est qu'un prétexte pour évoquer une société étouffante où toute liberté a disparu au profit d'une illusion de sécurité. Les enfants portent des bracelets qui permettent leur localisation, les émotions sont bannies, les caméras sont partout, les bébés sont sélectionnés et triés pour éviter toute mauvaise surprise, et vos tablettes vous indiquent le nombre de calories nécessaires à votre santé. Là où je trouve Marie Leymarie particulièrement ingénieuse, c'est d'avoir paradoxalement évité le cliché d'un régime autoritaire : rien ne semble franchement interdit, l'amour ou la conception d'un bébé "naturel" mais on comprend très vite par le biais de la psychologue pénible ou de la mère de Melody, une camarade de lycée de Maïa, que c'est vu d'un sale oeil. Ici, pas de grands méchants dirigeants qui éclatent d'un rire sardonique, seulement un ensemble d'individus terrorisés à l'idée de voir leur monde malmené par les effets du hasard. De ce fait, même les parents de l'héroïne sont complices. Le tout est amené avec beaucoup de finesse par l'auteur qui mène une réflexion très intéressante sur l'argent et sur la liberté en général, évitant les grands discours moralisateurs pour dispenser ses idées par petites touches, au hasard d'une scène : Lily qui pleure parce qu'elle a raté son contrôle malgré son QI élevé, Maïa qui ne peut s'empêcher d'éprouver de la répulsion lorsqu'elle apprend qu'Anthony est un enfant "naturel", la mère de l'héroïne qui s'affole lorsqu'elle perd la trace de sa fille... C'est qui plus est joliment écrit et le final, tout en subtilité et en tendresse, est aussi inattendu qu'édifiant. Rien à dire donc sur Les effets du hasard si ce n'est que, même s'il se suffit à lui-même, j'espère bien que l'auteur compte écrire la suite.

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 11:27

L02.jpgLa nébuleuse Alma

Luc Blanvillain

éditions Ecole des Loisirs

2016

 

On a déjà parlé des livres qui commençaient mal et dont la fin se révélait plutôt réussie. Et bien là on va parler de l'inverse, d'un livre qui démarrait sur les chapeaux de roue et donc la fin est décevante.

Alma est ravie : après deux mois d'attente, elle a ENFIN réussi à sortir avec Robin, le premier garçon dont elle est réellement tombée amoureuse. Ivre de joie, elle veut faire part de la bonne nouvelle à Jade, sa meilleure amie, mais là, c'est la douche froide : Jade la "largue" en douceur en lui expliquant qu'elles n'ont plus grand-chose en commun. Est-ce vraiment parce qu'Alma est trop superficielle comme Jade le prétend, qu'elle ne s'intéresse pas aux SDF et aux conflits mondiaux, et que sa vie tourne autour de son petit monde ? Ou est-ce que cette "rupture" cache quelque chose d'autre ? Désespérée, Alma, avec l'aide de son nouveau petit ami, décide alors d'élargir son horizon pour reconquérir Jade.

J'ai beaucoup ri au début : Alma, bien qu'égoïste, est un personnage très attachant, une ado lambda joyeuse et décontractée, entourée d'une famille loufoque et amusante : il y a le père et la mère toujours scotchés l'un à l'autre, le petit frère coach de la vie de sa soeur qui regarde également tous les feuilletons sentimentaux avec sa grand-mère pour ensuite les commenter devant une tasse de thé. Alma est une égocentrique certes, mais une égocentrique joyeuse et aimante : le passage où elle se force consciencieusement à suivre l'actualité pour se mettre au "niveau" de Jade est très drôle et, mine de rien, moins léger qu'il n'y paraît. En faisant naviguer son héroïne sur Internet et en la faisant passer des horreurs de la guerre ou de la misère dans le monde à un youtuber commentant ses parties de jeux vidéos en direct, Luc Blanvillain s'interroge sur notre propre nature humaine, capable des pires horreurs comme du meilleur, tour à tour futile et torturée : "Je suis même restée toute une soirée sur le site d'un gamer commentant en direct ses propres parties de jeux vidéo, à la manière d'un journaliste sportif. J'avais du mal à croire que ce garçon vivait sur la même planète que les enfants indiens. Ceux qui sont obligés de travailler pour confectionner les vêtements vendus dans les enseignes où j'adore faire du shopping." Alma à elle seule représente cette dichotomie, émue par sa découverte d'une association où travaille Jade puis obnubilée par son histoire d'amour avec Robin.

J'aurais préféré à dire vrai que l'auteur reste dans ce ton là, dans cette subtile interrogation : j'aurais été très déçue qu'il parte dans une réflexion simpliste du style il y a aura toujours de la souffrance et des préjugés de par le monde, mettons des oeillères et soyons heureux ! Ceci dit, j'ai été également déçue qu'il parte dans la direction opposée en transformant Alma en un être impliqué, ouvert, prête à manifester et à militer pour toutes les causes nobles. Ainsi, vers le milieu du récit, le ton décalé et léger reprend une forme très académique avec le bon vieux cours d'éducation civique propre aux éditions de l'Ecole des Loisirs. ça se gâte à mon sens avec le portrait des parents de Robin : ils sont riches, donc indifférents à la souffrance, racistes, catholiques et, bien évidemment, homophobes. J'adore ce genre de romans qui, sous couvert de combattre les préjugés vous en balancent d'autres avec plein d'entrain. De toute évidence dans le monde de Blainvillain on n'est jamais riche et philanthrope, homosexuel mais raciste, catholique mais pas homophobe. Résultat : les parents de Robin ne sont pas crédibles, clichés sur pattes, alors que les parents d'Alma, joyeux égoïstes qui eux non plus ne se soucient guère au fond du sort de leurs semblables, sont beaucoup plus nuancés et plus intéressants, tout comme la gentille grand-mère scotchée devant sa télé. J'avoue également que je préfère la Jade du début de l'histoire, celle impliquée dans toutes les causes mais un peu soûlante et moralisatrice, à la Jade de la fin, la miss parfaite qui a tout compris à la vie. La première avait ses failles, l'autre n'en a pas. Enfin la fin de l'histoire m'a déçue : je m'attendais à des révélations fracassantes et le dénouement est plutôt prévisible. L'idée n'est pas mauvaise en soi mais arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, perdue entre les manifestations pour les sans-papiers et la relation de Robin et d'Alma. La nébuleuse Alma se révèle au final en demi-teinte mais c'est surtout parce que l'auteur était tellement bien parti que je ne peux m'empêcher de lui en vouloir d'avoir sacrifié une réflexion intéressante à une leçon de morale insipide.

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 15:26

L06.jpgCoeur Cerise

Les filles en chocolat tome 1

Cathy Cassidy

éditions Pocket Jeunesse

2010

 

Parfois je suis sans pitié. Et aujourd'hui c'est avec vous que je le suis puisque, non seulement nous allons reparler de romans ados, mais de romans ados pour filles. Âmes sensibles s'abstenir.

Cherry a treize ans et son truc à elle c'est d'embellir quelque peu la réalité, c'est à dire qu'elle ment comme elle respire, le plus naturellement du monde. Il faut dire que sa vie est un peu tristoune. Plus de mère, pas d'amis, un appartement sordide et et un père exécutant un modeste travail au sein d'une fabrique de chocolat. Tout change le jour où ce dernier tombe amoureux d'une ancienne connaissance, Charlotte, et décide de tout quitter et d'aller s'installer avec elle. Exit Glasgow et son climat sinistre, Cherry et son père partent pour le Sud de l'Angleterre rejoindre la nouvelle belle-mère et ses quatre filles, quatre demi-soeurs qui inquiètent un peu notre héroïne. A raison d'ailleurs car, si Skye, Summer et Coco se montrent accueillantes, il n'en est pas de même pour Honey, l'aînée, qui, en plus de voir d'un mauvais oeil l'arrivée d'un nouvel homme dans la vie de sa mère, supporte mal l'intérêt que semble éprouver son petit copain pour Cherry.

Bah ben oui avec un titre pareil vous vous attendiez à quoi ? Coeur Cerise c'est de l'amour, de l'amitié, des fous rires et des larmes, et quelques drames mais rien qui ne résiste à un chocolat chaud en pyjama. Le style est sans surprise, ni bon ni particulièrement mauvais, et l'intrigue tourne autour des premiers émois amoureux et des mini-trahisons, la seule vraie originalité de l'histoire résidant dans la personnalité un brin mytho de Cherry. C'est sucré, très vite écoeurant et, pour le coup, réservé uniquement à un lectorat de filles entre douze et quinze ans. En effet, pour les autres, le risque d'indigestion demeure élevé.

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