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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 15:39

L02.jpgLa confession d'un enfant du siècle

Alfred de Musset

éditions Le Livre de Poche

1836

 

A l'origine, une histoire d'amour : celle d'Alfred de Musset, alors tout jeune homme, avec George Sand, de six ans son aînée. Il voulait lui écrire un roman à la mesure de cet amour mais leur liaison tourne au fiasco et La confession d'un enfant du siècle prend une tournure très différente, devenant l'une des premières oeuvres romantiques françaises de référence.

L'ouvrage s'ouvre sur la bataille de Waterloo : pour l'auteur, elle marque le début d'une ère marquée par la désillusion : les vieilles valeurs ne sont plus. Rois et religion ont été mis à bas par la Révolution. Le patriotisme quant à lui est mort avec la défaite de Napoléon : tous ces morts glorieux, toute cette boucherie qui marque l'Empire a perdu sa raison d'être avec cette humiliation. A quoi bon tout ça? Octave, le héros de Confession d'un enfant du siècle de fait ne croit plus en grand-chose si ce n'est en l'amour qui pour lui a valeur de sacrement. Ses certitudes vont pourtant voler en éclats le jour où il découvre que sa maîtresse le trompe avec l'un de ses amis. Blessé et humilié, Octave se livre alors sur les conseils de son confident Desgenais à une vie de débauche et de libertinage si bien que, lorsqu'il retrouve l'amour dans les bras de la jolie Brigitte, il ne peut atteindre le bonheur : confiance et illusions ont disparu.

Difficile de résumer un livre aussi complexe que celui de Musset. La confession d'un enfant du siècle est une oeuvre romantique mais qui n'a absolument rien à voir avec le romantisme de Goethe. C'est sans doute une lecture très personnelle de ma part (en même temps ça tombe bien, ici c'est mon blog pas un cours de français) mais je n'ai ressenti aucune réelle passion dans cet ouvrage. Pour moi c'est l'histoire d'un homme qui joue. Octave, passé sa première déception sentimentale, essaie de retrouver un sens à sa vie : il multiplie les expériences libertines puis s'éprend d'une femme avec laquelle il essaie de retrouver ses premiers émois amoureux. Tout est vain car la méfiance et la connaissance ont corrompu son coeur (Musset s'inspire énormément de Rousseau dans cet ouvrage, hommage à Sand qui admirait  ce dernier). Octave a beau jouer la passion en multipliant menaces de meurtre amoureux ou de suicide, jouer à être quelqu'un d'autre en voulant fuir ou se déguiser, la réalité le rattrape : l'innocence est perdue pour toujours, les illusions sont mortes avec sa première liaison. Tout cela se traduit par un style emphatique mais rarement sincère, par un narrateur plein de mauvaise foi mais parfaitement conscient de l'être, et par une écriture à la limite de la schizophrénie : Octave s'efforce désespérément de croire en l'amour tout en, paradoxalement, faisant tout pour le ridiculiser et l'avilir. La confession d'un enfant du siècle est donc une oeuvre troublante à défaut d'être émouvante (je n'ai quant à moi ressenti aucune sympathie pour le héros), reflet d'une génération qui doit se reconstruire au milieu des ruines des certitudes d'antan.

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