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18 mai 2016 3 18 /05 /mai /2016 19:11

L02.jpgRosalie Blum

(édition intégrale)

Camille Jourdy

éditions Actes Sud BD

2016

 

On reste dans la BD avec cette oeuvre qui a inspiré le film de Julien Rappeneau, Rosalie Blum. Vincent Machot est un trentenaire solitaire, coiffeur qui a repris le salon de son père. Il vit en dessous de chez sa mère et entretient une relation chaotique avec Marianne, une jeune femme qui a déménagé à Paris et qui semble clairement vouloir une séparation. Son existence est un peu tristounette : pas d'amis si ce n'est son cousin, un travail monotone, une mère acariâtre et exigeante, un avenir tout tracé... Tout change le jour où il rencontre par hasard la gérante d'une épicerie, une quadragénaire qui lui semble familière. C'est alors que le sage Vincent, perturbé par cette femme mystérieuse qui semble aussi triste et seule que lui, fait une chose qui le surprend lui-même : il se met à la suivre partout où elle va, chorale et bars, et apprend son nom : Rosalie Blum.

On ne peut pas accuser cette BD de manquer d'originalité et l'auteur joue avec brio sur ce contraste entre la banalité et la tristesse de l'existence de Vincent face au mystère que représente Rosalie, mystère dont le voile n'est levé qu'à la toute fin. Les deux personnages principaux sont attachants et leur gravité est compensé par les protagonistes qui les entourent : la mère de Vincent, un peu folle sur les bords avec ses poupées, le cousin aux trois maîtresses, Aude, la nièce fainéante de Rosalie, le colocataire d'Aude et ses combines aussi loufoques qu'inefficaces.. Il y a du tragi-comique dans cette histoire qui parle avant tout de solitude, isolement subi ou volontaire (Aude reste parfois deux jours sans même sortir), peur ou ennui d'un monde qui apparaît tantôt effrayant, tantôt sans surprises. Vincent est à la fois victime et coupable puisqu'il subit sa mère mais se refuse néanmoins à briser les chaînes d'une vie confortable. Rosalie elle subit son isolement pour expier. Mais quand deux solitudes se rencontrent, ça donne quoi? Le dessin me séduit moins que l'histoire avec ses personnages à la limité de la caricature, mais Rosalie Blum me laisse quand même sur une bonne impression, oeuvre qui interroge beaucoup mais qui a la sagesse de laisser libre à chacun de trouver ses propres réponses.

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commentaires

V
Tiens, j'ai retrouvé : http://www.bouletcorp.com/2008/11/01/le-fan-art-du-week-end-3/
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V
Ça, c'est rigolo, j'ai acheté Rosalie Blum il y a quelques années, sur les conseils... de Boulet (mais pas moyen de retrouver où...). J'aime beaucoup ce livre, que j'ai lu et relu plusieurs fois, la poésie du dessin se révélant au fil des lectures, peut-être parce qu'on est moins pris par l'intrigue.<br /> (Du coup, intriguée de voir que ce livre était porté à l'écran, je suis allée voir ce que donnait le film, et je n'ai pas été déçue : il est très fidèle, plein de poésie aussi, et les acteurs sont excellents.)
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