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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 10:59

L01.jpgL'homme qui tua Lucky Luke

Matthieu Bonhomme

éditions Lucky Comics

2016

 

Tout comme Gaston Lagaffe, Astérix et Boule et Bill, Lucky Luke est l'une des BD qui ont bercé mon enfance. C'est qu'il me plaisait bien ce héros solitaire flanqué de son fidèle Jolly Jumper et poursuivant sans relâche les Dalton. Mais même les héros doivent mourir : je déteste cette manie de continuer des séries après la mort de leur(s) créateur(s) et j'aurais préféré que Lucky Luke soit enterré en même temps que son scénariste Morris. Ainsi, depuis des années, la série se poursuit, médiocre (doit-on vraiment parler de Laurent Gerra ? ) et ayant à mon sens perdu toute son âme.

L'homme qui tua Lucky Luke est intéressant en ce sens que la BD ne se présente pas comme la continuité de la série mais plutôt comme un hommage. De fait, le scénario et le dessin sont faits par la même personne, Matthieu Bonhomme, ce qui change un peu des BD à deux voire trois auteurs. L'auteur ne se soucie pas non plus de respecter le dessin "standard" : son Lucky Luke est bien plus anguleux, plus élancé que l'original, les planches sont très réalistes et les couleurs moins flashy que dans mon souvenir. L'histoire est bien plus sombre puisqu'elle démarre sur la vision de Lucky Luke étendu au sol, mort, avant de revenir en arrière pour nous expliquer le pourquoi du comment. De toute évidence, Matthieu Bonhomme connaît parfaitement l'univers de Lucky Luke et, du coup, multiplie les clins d'oeil : ainsi, dans son album, Lucky Luke manque de tabac et se demande à sa grande horreur s'il ne va pas être obligé de fumer de la paille, allusion à l'évolution du personnage de Morris obligé de passer de la cigarette au brin de paille sous la pression de la censure. Bonhomme fait également le choix de ne pas faire "parler" Jolly Jumper (sa BD s'inscrit dans une mouvance plus réaliste) mais il parvient cependant à rendre le caractère du cheval par quelques planches significatives. En bref, ce n'est pas vraiment du Lucky Luke mais ça en garde plutôt bien l'esprit tout en laissant suffisamment de marge à l'auteur pour apporter sa touche personnelle. Et ça, à mon avis, c'est la meilleure façon de ressusciter une légende.

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commentaires

J
Les extraits que j'en ai vu passer, plus votre critique, me donnent vraiment envie de lire cette BD.<br /> <br /> NB : Juste une remarque. Vous écrivez : "j'aurais préféré que Lucky Luke soit enterré en même temps que son scénariste Morris". Or Morris était dessinateur, pas scénariste. Il a certes fait lui-même les scénarios des 8 premiers Lucky Luke, qui ne volaient pas très haut mais ont permis de poser les bases du personnage, mais c'est tout. LE grand scénariste de Lucky Luke, c'était René Goscinny (incidemment, il n'a été officiellement crédité qu'à partir des "Rivaux de Painful Gulch", mais il avait en réalité déjà écrit les scénarios depuis "Des rails sur la prairie", simplement à cette époque les scénaristes n'étaient généralement pas crédités, sauf par Franquin qui les indiquait soigneusement - alors même que Franquin retravaillait pourtant largement le scénario en question à sa propre main et aurait été mieux fondé que d'autres à se présenter comme auteur de l'ensemble dessin-scénario). Bref, les scénarios calamiteux ne datent pas de la mort de Morris mais de celle de Goscinny en 1978. Pour moi, le dernier "vrai" Lucky Luke est "Le fil qui chante" (auquel on peut ajouter les albums tirés ultérieurement des dessins animés que Goscinny avait dirigés : "La ballade des Dalton" et "Daisy Town"). Ensuite, ça s'est fortement gâté, sans attendre la mort de Morris.<br /> Après la disparition de Goscinny, il restait juste la patte de Morris, qui était quand même un immense dessinateur. Ses cadrages et découpages étaient remarquables, et ont inspiré (et impressionné) un grand nombre de dessinateurs ultérieurs et actuels. Maintenant, en effet, il ne reste plus rien qu'une impression de marionnette creuse. Heureusement que Matthieu Bonhomme nous propose cette relecture qui me donne l'eau à la bouche.
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B
Oui je comprends votre position concernant Morris et Goscinny. Après pour moi c'est purement sentimental : Morris est associé à Lucky Luke dans mon esprit même si Goscinny est sans doute plus légitime.