31 janvier 2010
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19:45
Sukkwan Island
David Vann
éditions Gallmeister
David Vann
éditions Gallmeister
Imaginez une île perdue au sud de l'Alaska, coupée de toute civilisation. Une cabane dépourvue de tout confort avec pour seule distraction un paysage magnifique et une végétation luxuriante et avec pour seule compagnie les ours... C'est dans cette île que Jim, homme au caractère instable, propose à son fils Roy (treize ans) de passer l'année tous les deux. Au programme: chasse, pêche, construction d'un abri à bois... C'est une aventure supposée les rapprocher tous les deux et pour Jim, l'occasion de mieux connaître Roy et vice-versa. Le problème, c'est que Jim vit un divorce difficile avec une seconde épouse et qu'il est naturellement perturbé. L'isolement et les conditions de vie difficiles ne vont rien arranger. La belle aventure tourne vite au cauchemar et précipite père et fils dans une situation que sans doute ni l'un ni l'autre (et pas davantage le lecteur) n'avaient prévue...
Me voilà un peu ennuyée. J'avance en effet en terrain mouvant car il m'est impossible de vous parler librement de Sukkwan Island sans trop vous en dire. Or, le suspens est l'un des élément-clés de cet ouvrage. Ne vous leurrez pas: le lecteur sait dès le début que l'histoire se terminera mal. Comment pourrait-il en être autrement? L'isolement, le caractère imprévisible de Jim... On se croirait dans Shining, l'aspect fantastique en moins. Seulement, le récit prend un tour inattendu auquel personne n'avait songé et la descente aux Enfers n'en est que plus terrifiante...
Si l'on veut parler du style de l'auteur, sachez que David Vann ne nous épargne rien, avec un souci du détail qui, dans la seconde partie du roman, se révèle assez glaçant. C'est bien la première fois que j'ai eu envie de me cacher les yeux en lisant un livre! Du coup, nous sommes plongés au coeur de l'île avec le père et le fils et, tout comme Roy, bien que nous ayons nous aussi envie de fuir, nous sommes pris au piège de Sukkwan Island. L'absence de respiration dans les phrases (le discours direct est pris au milieu du récit, sans guillemets) accentue cette sensation d'étouffement.
Au niveau des personnages, il y aurait beaucoup à dire mais, pareil, c'est un peu délicat ... Disons tout simplement que l'auteur nous offre un magnifique face-à-face et le portrait poignant de deux personnages que tout semble opposer: à gauche, le père geignard, qui s'apitoie volontiers sur lui-même, volubile et volage; à gauche, le fils taciturne, réservé, débrouillard et qui n'a qu'une crainte, celle de ressembler un jour à son père justement. Roy et Jim ont un point commun cependant: ils s'aiment et ne se comprennent pas. C'est d'ailleurs ce qui fait basculer le roman dans le tragique.
Voilà tout ce que je peux en dire sans trop dévoiler l'intrigue. Sukkwan Island est un livre fort et ignoble diraient certains, ignoble dans le sens où l'amour n'arrange rien et où ce sont les personnages eux-mêmes qui creusent leurs tombes, chacun se renvoyant à l'autre une image qu'il est incapable de supporter. David Vann nous livre ainsi une leçon simple mais efficace: que ce sont ceux que nous aimons le plus qui nous font toujours le plus de mal...
Me voilà un peu ennuyée. J'avance en effet en terrain mouvant car il m'est impossible de vous parler librement de Sukkwan Island sans trop vous en dire. Or, le suspens est l'un des élément-clés de cet ouvrage. Ne vous leurrez pas: le lecteur sait dès le début que l'histoire se terminera mal. Comment pourrait-il en être autrement? L'isolement, le caractère imprévisible de Jim... On se croirait dans Shining, l'aspect fantastique en moins. Seulement, le récit prend un tour inattendu auquel personne n'avait songé et la descente aux Enfers n'en est que plus terrifiante...
Si l'on veut parler du style de l'auteur, sachez que David Vann ne nous épargne rien, avec un souci du détail qui, dans la seconde partie du roman, se révèle assez glaçant. C'est bien la première fois que j'ai eu envie de me cacher les yeux en lisant un livre! Du coup, nous sommes plongés au coeur de l'île avec le père et le fils et, tout comme Roy, bien que nous ayons nous aussi envie de fuir, nous sommes pris au piège de Sukkwan Island. L'absence de respiration dans les phrases (le discours direct est pris au milieu du récit, sans guillemets) accentue cette sensation d'étouffement.
Au niveau des personnages, il y aurait beaucoup à dire mais, pareil, c'est un peu délicat ... Disons tout simplement que l'auteur nous offre un magnifique face-à-face et le portrait poignant de deux personnages que tout semble opposer: à gauche, le père geignard, qui s'apitoie volontiers sur lui-même, volubile et volage; à gauche, le fils taciturne, réservé, débrouillard et qui n'a qu'une crainte, celle de ressembler un jour à son père justement. Roy et Jim ont un point commun cependant: ils s'aiment et ne se comprennent pas. C'est d'ailleurs ce qui fait basculer le roman dans le tragique.
Voilà tout ce que je peux en dire sans trop dévoiler l'intrigue. Sukkwan Island est un livre fort et ignoble diraient certains, ignoble dans le sens où l'amour n'arrange rien et où ce sont les personnages eux-mêmes qui creusent leurs tombes, chacun se renvoyant à l'autre une image qu'il est incapable de supporter. David Vann nous livre ainsi une leçon simple mais efficace: que ce sont ceux que nous aimons le plus qui nous font toujours le plus de mal...