Sang chaud, nerfs d'acier
Arto Paasilinna
éditions Denoël
De Paasilinna je gardais un très bon souvenir avec son Petits suicides entre amis, un livre plein d'humour et d'auto-dérision. Hélas, la déception a été d'autant plus vive en lisant son dernier roman Sang chaud, nerfs d'acier.
En 1917, Linnea Lindeman, accoucheuse un peu sorcière, chasseuse de phoques et contrebandière à l'occasion, a une vision: celle d'un enfant qui naîtra en 1918 et qui vivra jusqu'à en 1990. Cet enfant, c'est celui de son amie Hanna Kokkoluoto. Nommé Antti, ce dernier va traverser une période trouble de l'histoire, de la guerre civile finlandaise à la seconde guerre mondiale en passsant par la crise de 1929 et les affrontements entre communistes et facistes. Tour à tour commerçant, contrebandier et politicien, notre héros va traverser la vie sans encombre, porté par la déclaration rassurante de la sage-femme: même si le monde s'écroule autour de lui, il survivra.
Le but du roman, d'après ce que j'ai pu comprendre, est avant tout de nous initier à l'histoire de la Finlande à travers le destin d'un homme assez exceptionnel. C'était un pari risqué et qui, pour moi, est complètement raté, je l'avoue. Je n'ai rien à dire sur le style. C'est brillamment écrit, ça se lit sans ennui mais, comment vous expliquer? C'est très lisse. Les personnages ne sont pas attachants pour un sou. Peut-être est-ce un problème de longueur: en deux cent pages, brosser à la fois le destin d'un homme et celui d'une nation me semble pour le moins délicat. Quoi qu'il en soit, le livre aligne soigneusement les chapitres à la manière d'une leçon apprise: là on va parler de la crise de 29, là on va évoquer la vie amoureuse de Antti, là on va parler des communistes... Où est l'humour de Paasilinna? On le retrouve bien ça et là au hasard des pages, lorsqu'il évoque l'enlèvement de Antti et de son père par des facistes par exemple, ou encore à travers le personnage de Linnea, l'accoucheuse illégale assez haute en couleurs. Malgré cette touche de légèreté et malgré une fin plutôt réussie, l'auteur ne sauve pas pour autant un roman sans vie, destiné à être vite lu et tout aussi vite oublié...