Rob Roy
Walter Scott
éditions Robert Laffont
1817
J'avais déjà entendu parler de Rob Roy par le passé en lisant des romans sans doute déjà datés et qui évoquait le livre de Walter Scott en le présentant comme le récit d'aventure par excellence. Aussi n'ai-je pas été surprise de le retrouver dans les 1001 livres... En revanche, c'est en voulant me le procurer que j'ai découvert avec étonnement que :
a) Rob Roy n'est plus édité et ne se trouve que dans des oeuvres complètes.
b) et ben en fait, le livre n'est pas connu que ça.
Ajoutons à cela que, après lecture, je comprends un peu pourquoi l'ouvrage a mal vieilli.
Si Rob Roy est bien le nom d'un personnage, celui d'un brigand écossais ayant réellement existé, le narrateur est Franck Osbaldistone, un jeune homme rêveur qui aime écrire des vers et ne peut se résigner à reprendre le métier de son père, commerçant de son état. Ce dernier, mécontent, menace de le déshériter et l'envoie chez son oncle tandis que son cousin Rasleigh prend sa place dans la succession. Franck fait de la sorte connaissance avec son oncle, ses cousins et, surtout, une ravissante et lointaine cousine, Diana Vernon, dont il tombe immédiatement amoureux. Mais, entre les malversations de Rasleigh, des démêlés judiciaires et les tensions politiques entre catholiques et protestants à la veille de la révolte de 1715, Franck se retrouve bientôt embarqué dans d'incroyables péripéties qui le mèneront au coeur de l'Ecosse et lui feront faire la connaissance de Robert Campbell, alias Rob Roy, bandit écossais au grand coeur (l'équivalent de Robin Hood) qui, à la tête d'un clan pille les villages et tient tête aux forces de l'ordre...
Dans ce roman, Walter Scott se penche sur le parcours d'un jeune homme tiraillé entre son devoir et ses aspirations, son amour pour une femme et son respect pour un père. Encore faut-il relativiser car à dire vrai, Franck n'hésite guère. Il sacrifie son amour de la poésie pour suivre une carrière dans les affaires, quitte Diana pour voler au secours d'un père et, en dépit de sa sympathie pour Rob Roy lutte contre lui et ses sympathisants, ardent défenseur du gouvernement protestant et d'un monde où les horloges tournent à l'heure. Est-il besoin de le dire? Franck n'est guère un personnage intéressant : il est lisse, ne remet rien en question, et regrette immédiatement son seul acte de rébellion, avoir tenu tête à son père. Rien d'étonnant à ce que beaucoup considèrent Rob Roy comme le véritable héros de l'histoire, le narrateur ne jouant alors qu'un simple rôle de spectacteur. Rob Roy est un homme haut en couleurs, brigand sans cruauté et qui se bat pour ses idées quitte à braver le pays tout entier. Il ruse, il s'échappe, il a une bonne dose d'humour et un certain sens de l'honneur. Ainsi, alors que Franck semble être le jouet de sa destinée, Rob Roy la domine. Inutile de dire lequel des deux est le plus intéressant. Dommage que Walter Scott n'aille pas au bout de son idée : de ce roman il aurait pu faire quelque chose d'assez subversif mais, à la place il en fait un récit historique sans revendications et présente Rob Roy comme un personnage atypique qui n'a guère de place dans le monde réel et bien rangé de Franck et n'éveille aucun écho en lui. Ce parti pris ainsi qu'un style assez poussiéreux a fait que Rob Roy n'a pas éveillé en moi un intérêt majeur si ce n'est pour l'histoire de l'Ecosse, un pays que notre auteur décrit avec beaucoup de réalisme et un sincère enthousiasme. Espérons que Ivanhoé, prochain roman de Walter Scott sur ma liste, m'apporte plus de satisfaction...