La liste de mes envies
Grégoire Delacourt
éditions J.C Lattès
Dans la liste de mes envies, je dois admettre qu'actuellement c'est d'être encore en vacances ne serait-ce qu'une petite semaine. Mais comme il faut bien rentrer un jour ou l'autre... En revanche, vengeons-nous du temps un peu maussade aujourd'hui en vous parlant du best-seller de cet été, celui qui a arraché des larmes à toutes les ménagères sur la plage, la liste de mes envies.
Jocelyne, mariée à Jocelyn, est une gentille petite dame comme les autres. Elle ne parle pas beaucoup, elle est un peu ronde et elle mène une vie de famille paisible avec son époux depuis le départ de leurs deux enfants devenus grands. Ce dernier, ancien alcoolique, a surmonté ses problèmes et depuis lors se concentre sur son métier pour s'acheter l'écran plat dont il rêve. De son côté, Jocelyne tient une mercerie, une véritable passion qu'elle fait partager via son blog. La vie de la quadragénaire bascule le jour où, après avoir joué au loto, elle gagne 18 millions d'euros. Une grosse somme dont elle n'ose parler à personne, même pas à son mari et qu'elle n'ose même toucher. Les envies de Jocelyne sont modestes et elle a peur que cet argent ne vienne tout gâcher; ce en quoi elle n'a peut-être pas tout à fait tort...
J'ai été très surprise que l'auteur soit un homme je l'avoue. Tant de bons sentiments dans un seul roman, une héroïne rondouillarde et plus toute jeune... Je n'ai rien à reprocher au niveau de l'écriture; le style est tout à fait correct et l'histoire se lit rapidement, en chapitres courts et efficaces. Après, Grégoire Delacourt est atteint de ce que j'appelle "le syndrôme de l'hérisson", du nom du roman indigeste de Barbery. Il se glorifie de parler de gens "comme vous et moi" qui ne parlent pas forcément beaucoup mais qui ont un coeur gros comme ça, il étale complaisamment quelques bons vieux poncifs (l'argent c'est mal, l'alcool c'est mal, la beauté est avant tout intérieure, etc.). Tout le livre se résume à ce bon vieil adage : "L'argent ne fait pas le bonheur". Chic, j'ai appris quelque chose. Au niveau des personnages, rien à faire, l'héroïne me semble plutôt creuse, gnangnan au possible (les scènes avec sa fille cinéaste sont d'un ridicule achevé) et n'est sauvée que par sa passion pour la mercerie. Je ne parle pas même pas du personnage du mari, là tout est à jeter. Pour moi, Grégoire Delacourt ne se rachète que par un dénouement plutôt cynique, mais l'ensemble reste sage et convenu, sans réelle surprise. C'est un livre mignon et lacrymal qui plaira beaucoup aux amatrices de Pancol et Barbery, un livre que pour ma part j'ai déjà presque oublié et dont je n'ai pas vraiment envie de faire l'éloge.