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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 21:18

L05.jpgOksa Pollock

t.1 l'inespérée

Anne Plichota/ Cendrine Wolf

éditions XO

 

Il était une fois une adolescente qui s'appelait Oksa Pollock. Elle était drôle et intelligente, super forte dans toutes les matières et faisait même du karaté. Contrainte d'émigrer avec sa famille et celle de son meilleur ami, Gus,  à Londres, elle arrive dans un nouveau collège où elle ne tarde pas à se faire des amis. Mais voilà qu'un jour, elle se met à avoir des pouvoirs étranges: elle fait tout exploser, fait voler des objets, vole elle-même... Elle découvre alors que sa famille n'est pas de ce monde mais vient d'une sorte de monde parallèle, Edéfia. Contrainte à l'exil, sa grand-mère ne rêve que d'une chose, y retourner, mais Oksa seule, l'élue, est capable d'ouvrir la porte vers la Terre promise...

Certaines mauvaises langues diraient que Oksa Pollock ressemble quelque peu à Harry Potter: une fille dotée de supers pouvoirs qui représente le seul espoir pour les siens, un meilleur ami un peu jaloux, un collège so british, des créatures magiques... Allez ne soyons pas mauvaise langue, admettons que Rowling n'a pas le monopole des enfants sorciers et concentrons-nous uniquement sur l'histoire. Sauf qu'en toute sincérité, j'ai eu beaucoup de mal. Je dois avoir quelques problèmes avec les ados en ce moment pace que le personnage de Oksa m'a parue proprement insupportable: de son vocabulaire faussement branché: "C'est trop space" à son attitude nonchalante (j'ai des supers pouvoirs, trop cool) tout en elle donne des envies de meurtres, même si après tout, il faut reconnaître aux auteurs une certaine dose de réalisme (Oksa par exemple ne résiste quasiment jamais à l'idée de se servir de ses pouvoirs par vengeance, ce qui semble plus réaliste qu'une adolescente qui après avoir appris qu'elle avait de supers pouvoirs se contenterait des les cacher...) Les autres personnages ne sont guère plus intéressants et le monde des Pollock semble territblement artificiel. Tout sonne faux, le vocabulaire, les créatures magiques, les attitudes des différents protagonistes... Après il y a aussi quelques jolies trouvailles: les plantes hypocondriaques et névrosées, et surtout vers la fin du récit, une ouverture qui laisse suggérer que le monde d'Edéfia n'est pas aussi idyllique qu'il semblait l'être au départ...  L'intrigue en elle-même n'est pas inintéressante mais beaucoup trop lente à démarrer et surtout... tout simplement trop. Les auteurs balancent informations diverses et variées en vrac à un rythme qui lasse rapidement: à peine avez-vous eu le temps de digérer que Oksa est une sorcière que hop! on apprend que sa famille vient d'un autre monde et hop! un méchant est à leur poursuite... et hop! Oksa est une élue... STOP!!!! ça fait trop et aussi trop de points d'exclamations. Je hais les points d'exclamations dans les romans et j'ai tout particulièrement détesté ceux présents dans Oksa Pollock. Est-ce que quelqu'un pourrait un jour avoir la gentillesse d'expliquer aux romanciers, et tout particulièrement aux auteurs de récits fantastiques que les points d'exclamation ne sont pas forcément le gage de dialogues réussis? 

Bref, à mon avis, pas de quoi s'extasier devant la pollockmania à moins d'être un jeune lecteur très indulgent. Ceci dit, le premier tome finissant mieux qu'il n'a commencé, je pense laisser une chance à la série en essayant le tome deux. Qui sait, peut-être n'étais-je pas d'humeur très oksanienne cette semaine...

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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 18:46

L02.jpgLe temps des lézards est venu

Charlie Price

éditions Thierry Magnier

 

 

La folie est une chose curieuse.  Elle fascine tout autant qu'elle fait peur. Bipolarité, schizophrénie, psychoses... Si nous sommes tous névrosés, peu d'entre nous savent ce qu'est la  véritable folie. Et sans doute très peu d'entre nous imaginent ce que c'est que de la vivre au quotidien... C'était donc un pari osé d'en parler  dans un roman, encore plus dans un roman pour adolescents...

Ben, dix-sept ans,  vit seul avec sa mère depuis que son père les a quittés. Il faut dire que sa mère souffre d'"un trouble schizo affectif" aggravé depuis le départ de son époux. En clair, elle perd les pédales et est persuadée que les lézards ont envahi le monde, Les médecins lui prescrivent des médicaments qu'elle ne prend pas et son fils vit sa vie en pointillé, ratant ses cours et négligeant ses loisirs, dans l'attente d'une prochaine crise, d'autant plus angoissé qu'il sait ce genre de troubles héréditaire... Un jour, il croise Marco dans la salle d'attente de l'hôpital. Ce dernier a une mère bipolaire et lui révèle qu'il a découvert dans son jardin un passage menant à l'an 4000. Dans ce monde futuriste, les maladies mentales n'existent plus et Marco propose à Ben d'y retourner pour trouver de quoi guérir leurs mères respectives...

C'est un récit vraiment très étrange, qui colle assez bien avec son thème d'ailleurs: le temps des lézards est-il un roman de science-fiction, un roman fantastique, un récit ordinaire? J'ai passé tout le temps de ma lecture à essayer de le déterminer, pour finalement déclarer forfait. C'est avant tout un livre bizarre qui est loin d'être exceptionnel certes mais qui suscite la plus vive curiosité. Sa force? Un héros qui est loin d'être irréprochable et qui agit comme un adolescent lambda: il se meurt d'amour pour la grande soeur gothique de son meilleur ami, picole quand sa mère fait des crises pour oublier ses problèmes... La narration, écrite la plupart du temps à la première personne, joue beaucoup sur l'auto-dérision et sur un humour noir qui passe bien. Sa faiblesse? Un style pas toujours très clair lorsqu'il s'agit de l'histoire de Marco et un monde futuriste qui reste flou et pas vraiment attirant. Dans l'ensemble le livre est parfois confus et plus d'une fois je me suis surprise à vérifier si une page ne manquait pas: les transitions sont brutales, l'intrigue parfois elliptique... Mais en même temps, pour parler de la folie, quoi de mieux qu'un livre un tantinet embrouillé? Au final, malgré une fin un peu frustrante, Le temps des lézards reste un ouvrage audacieux qui tranche agréablement avec une production plus lisse...

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 10:31

L02.jpgDésaccords

Bernard Friot

édition Milan

 

 

Les Schallenberg sont tous musiciens. Florian, le père, est chanteur d'opéra, Carine, la mère, dirige des chanteurs, le fils aîné Martin, seize ans, joue de la batterie dans un groupe amateur, et le petit frère Simon, sept ans, excelle au piano. Que savons-nous d'autre sur la famille Schallenberg? A vrai dire, pas grand chose. Florian est allemand, Carine est suisse. Sont-ils séparés? Sans doute que non mais on le croirait: Carine est en tournée et sa seule présence dans la vie de sa famille, ce sont des coups de téléphone et des mails à son fils aîné qui ne répond jamais. Martin est mal dans sa peau entre une mère absente avec qui le dialogue est rompu, et un père qui, de son point de vue, le traite encore comme un bébé. Ce conflit latent ne s'arrange pas lorsque Florian invite un jour à déjeuner une collègue, Julia, à qui il donne des cours de chant. Martin tombe aussitôt amoureux de cette femme de huit ans son aînée qui, de surcroît, entretient une relation pour le moins trouble avec le père de l'adolescent...

On ne peut certes accuser Bernard Friot de faire dans la démesure avec ce court roman pour adolescents qui excelle dans l'art du silence et du non-dit. Dans Désaccords, tout passe par la musique: les personnages chantent, écoutent, jouent d'un instrument ou, à défaut, se taisent. Le seul protagoniste qui échappe à la règle, c'est le petit frère Simon, à qui d'ailleurs revient le mot de la fin. A partir de là, parvenir à raconter une histoire d'amour sans faire intervenir la parole ni l'expression des sentiments relève du défi. Bernard Friot s'y emploie en multipliant descriptions corporelles et échanges de regards entre deux notes et deux vers. Le résultat ne se fait pas sans quelques couacs. L'auteur tombe souvent dans la fausse note et, malgré tous ses efforts, rend le personnage de Martin peu sympathique, adolescent semblant plus tourmenté par ses hormones qu'autre chose. Reste quand même que ce silence qui peut parfois donner envie de hurler au lecteur, de le frustrer, voire même de le gêner dans la compréhension de l'intrigue (relations exactes des parents, sentiments de Julia vis-à-vis de Florian...) paradoxalement fait la force d'un récit on ne peut plus banal que résume le chant entonné par Martin à la fin du roman:

"Ein Jünglich liebt ein Mâdchen

Die hat einem andern erwählt (...)

Dem bricht das Herz entzwei."

Suis-je gentille? Non, aujourd'hui je fais comme Friot et je reste dans les non-dits. A vous de trouver la traduction tout seul...

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 12:40

L01.jpgHunger Games

L’embrasement

Suzanne Collins

Editions Pocket Jeunesse

Souvenez-vous ; il y a à peu près six mois, je vous parlais du premier tome de la série de Suzanne Collins, Hunger Games. Aujourd’hui, place à une suite tout aussi palpitante.

Katniss a survécu aux Hunger Games et sa vie ainsi que celle de sa famille s’est grandement améliorée. Néanmoins, une menace plane toujours sur sa tête. Lors de sa participation en effet, elle a osé défier le Capitole, la capitale toute puissante qui règne sur les Districts. Devenue un symbole pour le peuple tout entier, sa tête est mise à prix si elle ne persuade pas le président Snow que son geste de révolte était un geste d’amour pour son compagnon d’infortune, Peeta. De sa capacité à ramener le calme au sein des Districts lors de la fameuse Tournée de la victoire, dépend le salut de la jeune fille mais également de tous ceux qu’elle aime…

A priori mêmes ficelles que pour le premier tome avec une intrigue assez similaire et, ne soyez pas surpris, de nouveaux jeux à la clé. L’astuce cependant réside dans la capacité de l’auteur à employer le même scénario à dessein mais en y ajoutant ça et là des éléments qui détonnent et brouillent le lecteur ; une histoire d’amour feinte qui pourtant au fil des pages semble devenir de plus en plus réelle, une héroïne totalement dépassée, des ennemis qui se révèlent des amis et vice-versa et des Jeux qui prennent un tour pour le moins inattendu. A la manière du geai moqueur, le fil rouge du récit, Suzanne Collins nous invite à aller au-delà des apparences pour découvrir les dessous d’une histoire qui est loin d’être aussi simpliste qu’elle le paraît.

Bien évidemment, il y a des petits reproches à faire à ce roman. Le style encore une fois est loin d’être exceptionnel et la narration est parfois organisée de façon assez particulière, l’auteur s’attardant sur certains détails pour expédier ensuite en quelques lignes plusieurs semaines. Le début est lent, très lent (les deux premiers chapitres n’ont pas vraiment d’intérêt) mais une fois que l’action est lancée… c’est fini, on ne peut plus s’arrêter de lire ! Suzanne Collins maîtrise l’art du récit et parvient à entretenir un suspens tout au long des pages. Les personnages sont plus qu’attachants ; Katniss, l’héroïne, est une jeune fille déterminée, courageuse mais impulsive, confrontée bien malgré elle à des sentiments qu’elle préférerait éviter. Une écorchée vive qui ne tombe ni dans la caricature ni dans la fadeur. Face à elle, son admirateur inconditionnel Peeta ne démérite pas. L’amoureux transi prêt à tout sacrifier pour Katniss est extrêmement  bien décrit ; il est difficile de créer un « gentil » personnage sans en faire un niais, pourtant Suzanne Collins parvient à donner à Peeta la même dimension dramatique que Katniss et nous le rend très sympathique (en ce qui me concerne, c’est mon personnage préféré). Ajoutez à cela d’autres personnages secondaires également très intéressants (l’alcoolique Haymitch, le séducteur Finnick, la désinvolte Johanna) et une touche d’humour qui allège un ensemble qui pourrait paraître un peu pesant. C’est parti pour près de quatre cent pages qui passent comme un éclair (en deux soirées très exactement) et qui laissent avec un extrême sentiment de frustration : la suite et fin de la série n’est prévue qu’en 2011.

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 16:46

L03.jpgMa Dolto

Sophie Chérer

éditions Ecole des Loisirs

 

 

Désolée, c'est encore un livre en jeunesse. Je n'achète plus rien tant que je n'ai pas fini Paméla et comme mes vacances se rapprochent à vitesse grand V, je ne peux plus rien emprunter non plus...Du coup, c'est une occasion pour écluser la PAL (Pile A Lire) et cette PAL se compose quasiment uniquement de livres en jeunesse. Mais rassurez-vous, j'approche de la conclusion de Paméla...

Sophie Chérer, auteur de romans pour enfants, aime Dolto. Françoise Dolto vous connaissez? De nom sûrement, tout comme moi, tout comme vous savez sûrement que cette brave psychanalyste, mère de Carlos (et oui!) se passionnait pour les enfants et les bébés: "neuropsychiatre et psychanalyste française, connue pour ses études sur l'enfant [...]; elle a contribué à vulgariser les notions de psychanalyse le concernant." Voilà, petit rappel encyclopédique. Mais pour Sophie Chérer, cette définition est loin d'être satisfaisante. La voilà donc décidée à donner sa propre définition d'un personnage haut en couleurs qu'elle admire énormément dans son ouvrage intitulé Ma Dolto parce que, précise-t-elle, "ce n'est pas la seule, ce n'est pas la vraie, c'est juste la mienne."

Nous voilà donc face à une biographie pour le moins personnelle, qui mêle histoire de Dolto, histoire de ses patients et histoire de l'auteur. ça fait beaucoup pour un seul livre mais il faut reconnaître une certaine originalité à l'ensemble. Après, à la lecture, je suis passée par plusieurs stades, selon l'heure de la journée: le matin, c'était avec beaucoup de bienveillance que je lisais ces pages au style plus qu'enfantin, pleines de bon sentiments et présentant une héroïne volant au secours d'enfants en détresse; l'après-midi, le regard était plus critique, s'interrogeant sur l'objectivité de Sophie Chérer qui, en dépit de ses dires, ne présente jamais Françoise Dolto sous un jour défavorable; quoi qu'il arrive, ses méthodes d'éducation sont merveilleuses, sa psychanalyse est sans failles et elle sait parler aux petits (tout comme l'auteur apparemment). Le soir, saturation. Tant de sucre, de miel et de citations cuculs ont eu raison de ma patience. Je n'ai qu'une envie c'est de balancer le bouquin par la fenêtre et de revenir aux bonnes vieilles méthodes éducatives barbares. Mais je me ravise, sachant que le lendemain matin, je trouverai au contraire l'ouvrage plein de fraîcheur.

Je suppose que le livre  involontairement fait le même effet que Françoise Dolto. Il y a un côté tête à claques assortie d'une réelle réflexion sur l'enfance. Bon j'avoue qu'au final, c'est le côté tête à claques que je retiendrai de Ma Dolto. Mais Chérer aura atteint au moins son but, celui de faire découvrir son idole car, après lecture, on ne peut qu'être curieux d'en savoir plus sur une femme qui parlait à son ange gardien et qui a eu le mérite d'apprendre à ses contemporains qu'un bébé n'était pas uniquement un tube digestif...


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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 13:58

L05.jpgLe passager de l'orage

Claire Gratias

éditions Syros


 

Toujours plongée dans la seconde partie de Pamela de Richardson, je fais des pauses en lisant d'autres ouvrages plus légers. Aujourd'hui donc, nous continons avec un roman pour la jeunesse Le passager de l'orage.

L'ouvrage est qualifié de "roman noir" par son auteur, et je suppose qu'à défaut c'est la meilleure appelation qu'on puisse lui donner. L'intrigue est la suivante: Jonathan, jeune garçon de dix-sept avec un passif familial assez chargé, accepte de travailler pour la célèbre Katherin Bets, auteur de polars à succès, et ce dans une maison qui a tout du décor du film d'horreur, un vieux manoir qu'on prétend hanté. Entre la romancière et son secrétaire particulier, un lien fort se noue et se transforme en réelle amitié. Mais bientôt la chaleur, les mauvaises ondes de Cotte House (c'est le nom du manoir) et les propres angoisses du jeune garçon transforme vite ce séjour en cauchemar...

Mouais. Très franchement, mouais. Déjà, il faut dire ce qu'il est, la première partie du roman ne présente strictement aucun intérêt. La mise en place est excessivement lente, et écrite de façon scolaire. Le lecteur, happé par une première phrase assez accrocheuse: "Jonathan L. venait tout juste de décider de larguer sa petite amie le jour où il rencontra Katherin Bets pour la première fois." est vite déçu par la banalité de ce qui suit et le portrait d'un adolescent sans intérêt dont les angoisses métaphysiques nous laissent de marbre. La seconde partie du Passager de l'orage qui se déroule cette fois uniquement à Cotte House est à coup sûr plus réussi, à se demander pourquoi l'auteur n'a pas privilégié le huis-clos depuis le début, mais là encore, ça pêche à de nombreux endroits. Le style, enfantin, est loin d'être en phase avec le  "suspense insoutenable" promis sur la quatrième de couverture. Quant à l'histoire elle part dans tous les sens, hésitant entre un roman psychologique (les souffrances du jeune homme confronté à un passé douloureux), policier (qu'est-il arrivé à Jonathan et à sa famille?) ou fantastique (la maison hantée) Je ne suis pas contre le mélange des genres, bien au contraire, encore faut-il avoir la carrure pour mener l'histoire à bon port. Ici ce n'est pas le cas et si certains verraient dans le final du Passager de l'orage un succès ainsi qu'"une vertigineuse mise en abyme du travail de l'écrivain" (dixit toujours la quatrième de couverture qui comme vous le voyez n'est pas du tout emphatique) je crie à l'escroquerie la plus complète: un vulgaire tour de passe-passe! L'intrigue qui semblait enfin se décider à prendre de l'épaisseur est résolue par un procédé que personnellement, je n'osais même plus utiliser lors de mes rédactions de collège! C'est avant tout pour ce final décevant que je mets une mauvaise note à ce livre. Et qu'on ne vous y reprenne plus.

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 17:17

L01.jpgOrages d'été

Barbara Hall

éditions Thierry Magnier


 

Dutch, quatorze ans,  vit dans une ferme avec son père, sa tante, son frère Flood et son neveu Bodean. Sa mère est morte à sa naissance et sa belle-soeur est partie en laissant sa famille. Dutch, plus âgée de cinq ans que Bodean s'occupe de lui comme une petite mère. Jeune fille sage, elle essaie tant bien que mal de composer avec les adultes, préoccupés par la sécheresse qui menace la récolte de tabac, et rêve en secret du gentil Ethan. Un jour, son père lui annonce l'arrivée de sa cousine Norma. Pour Dutch, c'est l'occasion d'avoir enfin une interlocutrice de son âge. Et quelle interlocutrice! Norma sait tout sur tout: sur l'amour et la famille, sur la solitude et la beauté... Mais cette jolie cousine va très vite éveiller un profond sentiment de malaise chez notre héroïne, révélant les différentes personnalités qui composent une famille plus complexe qu'il n'y paraît...

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas d'une énième version de l'intrigue: "jeune fille un peu cruche qui grâce à la cousine libérée trouve la force de s'affranchir de son carcan et commence enfin à découvrir la vraie vie". Au contraire, dans ce roman au ton légèrement vieillot (impossible de déterminer exactement en quelle année se situe l'action mais je dirais bien fin des années 50) le personnage de Dutch, loin de devenir une autre, s'affirme en opposition à celui d'une cousine qui, sous ses airs blasés, est aussi perdue qu'elle. Exigeante envers elle-même et envers ses proches, l'héroïne apprend peu à peu à  accepter ses défauts et ceux des autres: une cousine qu'elle descend bien vite de son piédestal, un neveu qui la fait tourner en bourrique, un grand frère tyrannique, un père tout aussi exigeant qu'elle... Avec une économie de mots surprenante et un style qui privilégie le dialogue à la description ou à l'introspection, Barbara Hall brosse le portrait de personnages attachants qui s'aiment énormément, mais qui s'étouffent mutuellement sans même s'en rendre compte. A la fois grave et optimiste, orages d'été parle de désillusions, met à mal le mythe de l'amour éternel et nous apprend qu'on ne peut lutter contre la vie Parfois, il faut juste se laisser porter par le courant et prier pour que ce dernier nous amène à bon port...

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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 21:02

L01.jpgLa cité des livres qui rêvent

Walter Moers

éditions Panama


 

Aujourd'hui, je vais vous raconter une petite histoire.

Il y a de cela quelques années, l'une des mes gentilles collègues  et moi-même avons lu la même nouveauté, un gros pavé égaré au rayon jeunesse. Toutes les deux nous sommes tombées d'accord: ce livre était invendable. Etait-il mauvais? Que nenni! Au contraire, nous l'avons toutes les deux beaucoup aimé. Mais le hic c'est que La cité des livres qui rêvent (tel est le nom de l'ouvrage) fait partie de ce genre de livres indéfinissables, trop érudit pour des enfants, trop enfantin pour des adultes. Jugez plutôt:

Hildegunst Taillemythes est un jeune dragon (soixante-dix ans, une bagatelle) né dans une ville où les habitants tôt ou tard deviennent écrivains. Sur son lit de mort, son parrain en écriture, Dancelot, lui confie un manuscrit. Ce manuscrit est unique: il est parfait, si bien écrit que nul ne peut le surpasser. Hildegunst décide de retrouver l'auteur de ce prodige et part pour Bouquinbourg, la capitale des romanciers, des bouquinistes et des poètes. Mais notre héros ne tarde pas à se retrouver en grand danger et atterrit dans les catacombes de la ville, ce lieu sinistre où rodent ouvrages vivants et chasseurs de livres...

La cité des livres qui rêvent est un roman qui parle... de livres (surpris?) Et s'il est invendable, à mon sens, c'est pour une multitude de petites raisons: un héros dragon, franchement vous ça vous plaît? Peut-être les enfants me direz-vous mais quel enfant irait lire un récit pareil, truffé d'allusions littéraires et d'ironie stylisque, de surcroît entrecoupé de vers et de fragments de poèmes pas toujours très bons? Je ne parle même pas des exclamations grandiloquentes et des adresses au lecteur, du rythme très lent du début et des multiplications de noms impossibles pour des êtres tout aussi improbables.

Et pourtant... oui je l'avoue j'ai aimé. Pourquoi? Parce que passé la première partie du roman un peu ennuyeuse, l'histoire est un récit d'aventures assez palpitant, avec créatures exotiques et rebondissements inattendus. Parce que l'auteur ne prend pas ses lecteurs pour des idiots et n'hésite pas à leur offrir un ouvrage exigeant. En bref, pour toutes les raisons qui font que ce livre est invendable.

Mais surtout, La cité des livres qui rêvent est, je crois, le plus joli témoignage d'amour à la littérature. Walter Moers aime les livres et ça se sent dans son récit, traversé de bout en bout par cette passion: des êtres qui se nourrissent de mots pour vivre, des livres animés, des livres dangereux, des bouquinistes sans scrupules et des chasseurs de livres sournois, des ombres errantes qui portent la plainte de livres oubliées et des poètes qui composent des sonnets au fond d'un trou... Tout un imaginaire découle de ce simple objet et cet imaginaire est si original qu'il fait oublier en grande partie les lourdeurs du récit.

Pour finir, qu'est-il est arrivé au livre maudit? Comme prévu, ma collègue n'a vendu aucun exemplaire de La cité des livres qui rêvent. Aujourd'hui, l'ouvrage est indisponible chez l'éditeur et j'ignore s'ils le rééditeront un jour. Possible que oui, on ne sait jamais.

Avant de le renvoyer, ma collègue est revenue me voir avec à la main le dernier exemplaire qu'elle conservait encore. "Tu le veux ou pas? Bientôt il ne sera plus là." Et, comme je n'avais pas envie d'oublier La cité des livres qui rêvent, je l'ai achetée.  Et comme dirait Walter Moers "Ici s'arrête l'histoire".

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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 18:39

L02.jpgHush hush

Becca Fitzpatrick

éditions du Masque

 

 

"Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées,

Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu'ils choisirent.

Alors Jéhovah dit: mon esprit ne jugera plus l'homme pour ses fautes, car l'homme est fait de chair, est ses jours seront de cent vingt ans.

Les Nephilim se trouvaient sur la terre en ces jours-là, et aussi après cela, quand les fils du vrai Dieu continuèrent d'avoir des rapports avec les filles des hommes et qu'elles leur donnèrent des fils: ils furent les hommes forts du temps jadis, les hommes de renom." (Genèse 6)


Oui, je sais. Je trouvais ça classe de commencer une note par une citation de la Bible. Je trouve ça d'autant plus classe que nous allons parler aujourd'hui d'un bon vieux roman pour ados.

Le début de l'histoire de Hush hush fait furieusement penser à un autre roman assez connu. Nora, jeune lycéenne sans histoires mais qui tente de surmonter la mort violente de son père, mène une vie tranquille à Portland, entourée de sa mère et de sa meilleure amie, Vee. Jusqu'au jour où elle fait la connaissance de Patch, un nouveau venu dans son lycée, bel adolescent mystérieux qui semble tout connaître d'elle. Evidemment, elle tombe amoureuse de lui à son corps défendant et ce malgré les incidents bizarres qui se multiplient autour d'elle...

Non ne partez pas! Certes ça ressemble beaucoup à du Twilight, si ce n'est qu'il ne s'agit pas d'une histoire d'amour entre mortelle et vampire, mais entre mortelle et ange déchu. Un peu plus original mais bon, à première vue, ça peut donner envie de rire quand même. Ceci dit, j'avais beaucoup de préjugés sur l'ouvrage de Betta Fitzpatrick et je dois admettre que j'ai largement préféré à Twilight. Déjà, les personnages sont infiniment plus intéressants; Patch est un héros beaucoup plus drôle et beaucoup plus complexe que le pleurnichard Edward. Quant à l'héroïne, Nora, elle est loin d'être aussi éthérée et aussi cruche que Bella. Mais, surtout, l'histoire est plus construite: dans Twilight, il s'agissait surtout de "bon je vais raconter une belle histoire d'amour entre un vampire et une humaine, mais il faut quand même que je ponde une intrigue parce que s'ils s'embrassent tout le long du roman, ça va vite lasser." Dans hush hush, l'histoire d'amour n'est pas secondaire certes, mais s'imbrique dans une trame plus générale et une mythologie (celle des anges déchus et des Néphilim) Il y aurait même un peu de suspens dis donc! Après, je vous le dis tout de suite, c'est pas le chef-d'oeuvre de l'année non plus: le style est assez drôle (l'héroïne et sa copine passent leur temps à inventer des plans complètement pourris et à se ridiculiser) mais reste léger et on n'échappe pas à la description des premiers émois sensuels de l'héroïne ("oh mon Dieu il m'a touchée!" ) ainsi qu'à une analyse des sentiments dont tout lecteur adulte se passerait volontiers. Guimauve quand tu nous tiens... Mais bon, c'est le genre qui veut ça et gageons que si un jour le livre fait également l'objet d'une adaptation cinéma, les anges déchus risquent de faire sérieusement concurrence aux vampires...

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 11:00

L01.jpgGone t.2 La faim

Michael Grant

éditions Pocket Jeunesse


 

Cela fait maintenant près de trois mois que les adultes ont disparu de la ville de Perdido et que les enfants de moins de quinze ans se retrouvent livrés à eux-mêmes, prisonniers d'une bulle qui entoure la ville et qu'ils nomment "La Zone". Sam Temple dirige cette petite communauté mais cette tâche se révèle beaucoup plus délicate que prévu. Les enfants manquent de nourriture et commencent à souffrir de la famine. Les champs donnent encore quelques récoltes certes, mais allez persuader des gamins de travailler au lieu de jouer à l'ordinateur surtout lorsque des vers mutants grouillent au milieu des choux... Il y a aussi ce clivage qui se crée peu à peu entre les "normaux" et les "mutants" ceux qui, comme Sam, développent des pouvoirs; la querelle gronde et pourrait bien dégénérer. Mais il y a aussi, encore plus inquiétant, Caine et sa bande qui préparent un sale coup et, surtout, cette ombre menaçante tapie au fond d'une mine qui exige qu'on la nourrisse...

En temps ordinaire, un deuxième tome est généralement moins bon que le premier. Gone la faim est une exception. On aurait pu craindre une action ralentie, mais l'auteur au contraire prend le parti comme dans son premier volet de lancer un compte à rebours au début du volume et de la sorte crée un rythme qui ne faiblira pas tout au long du récit. Les personnages sont beaucoup plus aboutis, plus subtils: Sam Temple apparaît comme un leader somme tout assez bancal mais, de ce fait réaliste et plus attachant. Les habitants de la ville eux-mêmes sont ce qu'ils sont supposés être: de sales gosses privés de leurs parents qui peuvent se montrer tout aussi irritants que vulnérables et prêts à toutes les dérives. Quant aux "méchants", à l'exception du monstrueux Drake (il en faut toujours un), ils sont beaucoup plus crédibles que dans le premier volet. Michael Grant, comme à son habitude, nous gratifie également de quelques scènes particulièrement atroces mais aussi très réussies qui donne au récit un ton apocalyptique et très noir. Rien à dire, c'est une réussite, on suit ce second volet qui enchaîne morts et coups de théâtre sans s'ennuyer un instant et avec un seul regret: ne pas avoir déjà la suite (prévue en novembre) entre les mains. En attendant, pour ceux qui ne l'ont pas fait, je leur conseille de découvrir sans attendre cette série...

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