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6 septembre 2016 2 06 /09 /septembre /2016 15:36

L08.jpgLe coeur est un muscle fragile

Brigitte Smadja

éditions Ecole des Loisirs

2016

 

J'aimerais tant un jour adorer un roman ado de l'Ecole des Loisirs. Mon dernier coup de coeur chez eux c'était Le livre de Catherine et ça remonte déjà à plus d'un an. Il faut dire qu'ils ne font rien pour m'aider.

Simon Peretti a quinze ans et demi et traverse une bonne crise en séchant les cours, en passant son temps devant l'ordinateur et en traînant avec ses deux meilleurs amis, Nessim et Léonard dans des endroits plus ou moins fréquentables. Il boit, fume, se drogue un peu et est fan de Daenerys Targyaren dans Game of Thrones. Un ado lambda quoi. Il aime aussi, moins commun, photographier des nuages et écouter Erik Satie. Un jour sur le Net il fait la connaissance de Dune, une jeune fille dont il tombe très vite amoureux. Leur histoire évolue doucement, loin de Facebook et des réseaux sociaux, ce qui n'est pas du goût des "amis" de Simon qui se déchaînent contre lui.

ça partait pas si mal. Le prologue était plutôt intéressant : on y voyait Simon dédaigné par Léonard et Nessim, raillé par tous sur Facebook, on le voyait solitaire et on se demandait bien ce qui lui était arrivé. Et puis l'auteur revient en arrière et nous conte par le menu toute l'histoire de Simon depuis ses sept ans, depuis le jour de sa rencontre avec Léonard et Nessim et c'est très ennuyeux pour parler poliment. Tout d'abord parce que le personnage principal a le charisme d'une huître morte. Impossible de ressentir la moindre empathie pour ce personnage boutonneux qui, sorti de Facebook et de son ordinateur n'est plus bon à grand-chose. Il n'est pas difficile de noter qu'en dépit de ses efforts Brigitte Smadja a beaucoup plus de sympathie pour les parents de ce dernier, Jacques et Marion, un peu largués devant ce fils sans intérêt. De plus, l'action s'étire en longueur : scènes de fêtes, de sorties, de discussions entre potes... Le lecteur piaffe, se demandant quand l'action va enfin se mettre en place. La réponse est : jamais. L'histoire se conclut par un épilogue décevant qui ne répond à aucune question et réduit l'intrigue à un simple malentendu entre amis. Tout ça pour ça. Soyons franche : j'ai un peu l'impression que l'auteur se fout de nous à moins qu'elle envisage une suite (non ! Pitié) Le coeur est un muscle fragile est un roman faussement intelligent et profond, un ramassis de clichés sur les ados ni drôle, ni palpitant et qui rend aussi apathique que son personnage.

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4 septembre 2016 7 04 /09 /septembre /2016 12:31

L07.jpgPasse à Beau !

Yvan Pommeaux, Rémi Chaurand

éditions Ecole des Loisirs

2016

 

Montmartigues c'est LA ville du rugby. Dans la famille de Martin tout le monde se passionne pour ce sport et l'adolescent de quatorze ans est lui-même un mordu qui joue dans l'équipe des cadets. Débarque un nouveau venu, Antonin Beau, parisien, fils du nouveau directeur du père de Martin. Antonin a tout pour lui : il est beau, gentil, doué en classe et il ne tarde pas à rejoindre l'équipe de rugby à son tour. Martin d'abord méfiant devant ce garçon trop parfait pour être honnête se lie finalement avec lui et l'initie à son sport favori.

Ouais ouais ouais. Ce livre est une niche hein c'est-à-dire qu'à moins d'être un adolescent mordu de rugby vous avez peu de chance d'accrocher. Je n'ai vraiment pas envie de m'attarder sur la couverture pas plus que sur les illustrations d'ailleurs. Soyons claire : Yvan Pommeaux a beau être connu, je n'aime pas du tout ses dessins. Le problème c'est qu'ils sont omniprésents et qu'ils ne s'harmonisent pas du tout avec le texte et une intrigue qui ne présente pas franchement d'intérêt de toute manière. Pour résumer vous avez deux auteurs (un illustrateur et un écrivain) qui vous expliquent à quel point le rugby est un sport merveilleux et quelles belles valeurs il véhicule, le tout avec un vague rebondissement au milieu histoire de dire. Personnellement Passe à Beau est pour moi un carnage mais bon, ça passionnera peut-être quelques amateurs du genre.

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2 septembre 2016 5 02 /09 /septembre /2016 19:10

L02.jpgRebelle du désert

Alwyn Hamilton

éditions Pocket Jeunesse

2016

 

Dans le petit village de Dustwalk au milieu des dunes, Amani étouffe dans la maison de son oncle. Entassée dans une chambre avec ses nombreuses cousines, sa seule perspective est de rester ici jusqu'à sa mort, d'autant plus que son oncle envisage de la prendre pour énième épouse. Mais quand elle croise la route de Jin, un fugitif recherché pour trahison, et s'enfuit avec lui dans le désert, sa vie prend un tour inattendu. Au milieu des créatures de sable et au coeur d'une rébellion contre le sultan, Amami prend conscience qu'un destin plus vaste lui est réservé...

Encore du fantastique mais du fantastique qui change un peu puisque djinns et créatures de sable remplacent ici loups-garous et vampires. C'est d'ailleurs le point fort de cet ouvrage, un imaginaire flamboyant à la 1001 nuits et qui plonge le lecteur dans l'exotisme le plus total. Pour le reste c'est plus standard et on retrouve tous les canons du roman ado lambda : une héroïne ordinaire en apparence mais qui va se découvrir des pouvoirs hors du commun, un héros un peu crâneur dont l'héroïne  tombe très vite amoureuse, une course-poursuite pour échapper aux méchants... Rien de révolutionnaire donc mais de quoi reprendre la rentrée en douceur.

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1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 17:55

L10La racine carrée de l'été

Harriet Reuter Hapgood

éditions Pocket

2016

 

Je ne sais trop ce que fument les auteurs de romans ados en ce moment mais, une chose est sûre, on ne peut pas les accuser de manquer d'originalité pour cette rentrée.

Pour Gottie, dix-sept ans et petit génie des maths, l'année a été difficile. Après un été où elle a connu l'amour pour la première fois dans les bras de Jason, elle a dû affronter la mort d'un grand-père adoré, le départ de son frère pour l'université, un père muré dans le chagrin et une rupture sentimentale qui n'a jamais été vraiment officielle. Voilà qu'un nouvel été arrive et ramène avec lui Thomas, autrefois meilleur ami de Gottie jusqu'à ce qu'il déménage au Canada cinq ans auparavant. Mais la jeune fille est en colère... contre Jason qui n'a pas été correct avec elle, contre Thomas qui n'avait pas donné signe de vie depuis son départ, contre Sof son ex-meilleure amie qui veut toujours lui dire ce qu'elle doit faire, contre son grand-père Grey qui a eu le culot de mourir... C'est alors qu'entre colère et chagrin des phénomènes étranges apparaissent, des trous de ver qui propulsent Gottie dans un passé où Grey est encore vivant, où Jason l'aime... Les absences temporelles se multiplient, passé et présent sont sans cesse à la limite de la collision et des réalités alternatives se créent, plongeant notre héroïne dans la plus grande confusion.

ça parle d'amour et de physique quantique et d'un chat qui, tantôt est là, tantôt n'y est pas. ça parle d'un premier baiser raté et d'un premier amour qui n'en est pas un. ça parle de deuil et de capsules temporelles. ça parle de sous-vêtements qui sèchent dans les arbres et de maths. Il faut suivre, jongler entre les différents trous de ver pour parvenir à appréhender ce roman ambitieux et, pour ma part, j'avoue à ma grande honte avoir eu du mal avec les formules mathematiques. Reste que La racine carrée de l'été est un livre plus qu'original qui essaie d'aborder le voyage dans le temps sous l'angle de la science. Je ne suis pas assez calée pour vous dire si c'est réussi ou non mais j'adhère à l'approche surprenante, au ton plein d'humour et à un style fluide ponctué ça et là par de nombreux termes allemands. Si avec tout ça vous n'êtes pas intrigués...

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31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 18:36

L02.jpg15 ans

Michelle Dalton

éditions Albin Michel Jeunesse

2013

 

C'est l'été des quinze ans de Chelsea et, de son point de vue, quinze ans c'est pas si mal : l'âge ingrat est presque terminé et il flotte dans l'air comme un parfum d'amour et de liberté. Le problème c'est que c'est également le premier été dans la maison au bord du lac de sa grand-mère sans cette dernière, décédée il y a peu. Pour Chelsea, ses parents et ses deux soeurs, difficile de considérer ces vacances du même oeil et de se réinventer un été à cinq. Et quand au détour d'une librairie le regard de l'adolescente croise celui de Josh, ce sont d'autres perspectives qui s'ouvrent à elles.

Bah, c'est un roman d'ado pour l'été : ça parle d'amourettes de vacances et de feux d'artifice, de baignades dans un lac et d'hormones en ébullition. C'est pas si mal : je déplore un peu l'histoire d'amour gnangnan et les relations entre les trois soeurs auraient gagné à être plus développées. En revanche, le vide laissé par la grand-mère est l'occasion d'une très jolie réflexion sur le deuil que l'auteur amène avec beaucoup de finesse. Comment continuer et se réinventer des habitudes lorsqu'on perd un être cher ? 15 ans est également un roman qui rend assez bien compte des premiers émois amoureux et des affres qui en résultent. A emporter au bord de la plage ou à lire sous les étoiles en rêvant au prince charmant.

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27 août 2016 6 27 /08 /août /2016 19:08

L05.jpgMacha ou l'évasion

Jérôme Leroy

éditions Syros

2016

 

Macha-des-Oyats a cent-sept ans et vit paisiblement ses dernières années au milieu des arbres dans une ZAD, ces zones autrefois sensibles et qui sont aujourd'hui dans le monde de la Douceur les communautés qui ont remplacé les villes surpeuplées. Un jour trois jeunes gens, des cueilleurs d'histoires, viennent la voir depuis une ZAD voisine et la prient de leur raconter sa vie : en effet Macha est l'une des dernières à avoir connu le monde de la Fin, ce monde paralysé par la course au profit, le racisme et les attentats. Aussi, pour leur faire plaisir, Macha accepte une dernière fois de se replonger dans des souvenirs douloureux.

On va encore dire que je suis méchante mais j'ai plutôt détesté ce livre. Par quoi on commence ? Par le monde de la Douceur ? Rien que le nom laissait craindre le pire. Ce nouvel âge d'or me semble surtout un croisement bâtard entre une communauté hippie et une fausse tribu indienne. Les gens vivent dans des cabanes dans les arbres, bannissent toutes institutions et toute technologie, consultent des Hommes Médecines et prennent des noms ridicules. Plus de maladies ni de morts violentes, la violence et le stress ont disparu et je suppose que ça a fait disparaître par magie les prédateurs, les catastrophes naturelles, les accidents domestiques.. Mais si le monde de la Douceur m'a paru déjà passablement niais, ce n'est rien comparé à ce qui m'attendait lorsque Jérôme Leroy s'emploie à nous décrire le monde de la Fin. Je vous rappelle que ce monde se situe chronologiquement à peu près à quinze vingt ans du nôtre, pourtant si l'on retrouve hélas quelques similitudes à notre époque troublée (les attentats, la montée de l'Extrême-Droite) la Fin de Leroy autrement semble s'apparenter à l'époque du 19e siècle, avec de riches notables aristocrates et snobs qui vouvoient leurs conjoints et leurs enfants et qui, bien entendu, sont racistes et intolérants. Ben voyons, quelle audace. Je suppose que dans les années 50 ces portraits auraient eu encore quelque pertinence mais là c'est vraiment taper sur un système qui n'est plus à l'ordre du jour. J'aurais été plus convaincue par un monde rempli d'ados scotchés à leurs portables, d'actionnaires véreux, de campagnards FN et de bobos prônant le retour à la nature mais infoutus de se décoller cinq minutes de leur ordinateur. En bref j'aurais été plus convaincue par un monde où chacun est responsable de la dégénérescence de ce dernier et pas seulement les "riches", ce groupe mystérieux qui, dans l'imaginaire de Leroy, a remplacé les Illuminati. C'est d'autant plus ridicule que l'auteur appelle tout au long du livre à se garder des préjugés.

Et l'écriture me direz-vous ? Bah, reconnaissons à l'auteur qu'il sait écrire même c'est un style plutôt pompeux. Néanmoins je n'ai ressenti aucune émotion dans ce texte. Vincent VIlleminot dans Le copain de la fille du tueur avait une écriture maladroite mais l'on sentait vraiment une implication, des sentiments dans son roman. Jérôme Leroy lui de toute évidence ne perd jamais de vue qu'il a un message à faire passer (mon Dieu, un ouvrage sans message quelle horreur !) et nous gratifie d'allégories soi-disant subtiles (la jeune femme grecque perdue qui épouse le méchant riche français) et de morales simplistes. Si finalement Macha ou l'Evasion échappe à mon courroux total, cela tient aux cent dernières pages : la fuite de Macha et son road-movie sont en effet plutôt sympas à suivre. Cela tient également au personnage du Capitaine, le seul protagoniste un peu subtil et qui échappe à la caricature. Cela tient enfin à de jolies descriptions de la nature et au chat de Macha, Verlaine. J'aime bien les chats. Voilà comment on échappe au fiasco total mais ne comptez pas sur moi pour mettre en avant ce livre cet automne.

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26 août 2016 5 26 /08 /août /2016 13:43

L04.jpgEt mes yeux se sont fermés

Patrick Bard

éditions Syros

2016

 

Maëlle était une adolescente comme les autres, un peu plus grande gueule peut-être, prompte à s'enflammer pour des causes justes. C'est donc tout naturellement qu'elle se révolte contre le monde actuel, corrompu jusqu'à la moelle et destructeur. Un peu de vérité dans beaucoup de mensonges... séduite par de nouveaux "amis" sans visages sur Internet et par des discours qui mêlent des faits indéniables à des théories complotistes fumeuses, Maëlle se laisse convertir puis embrigader peu à peu par les combattants de Daesh et finit par fuir en Syrie.

Vous vous souvenez que les éditions Syros avaient déjà publié un roman sur le même sujet, le détestable Little Sister de Séverac. Patrick Bard qui a perdu un ami lors des attentats de Charlie Hebdo et appris dans la même semaine que le fils d'une amie de sa fille avait rejoint le jihad est beaucoup plus mesuré et plus subtil. Son livre fourmille d'interrogations souvent sans réponses à travers les portraits croisés des proches de Maëlle, devenue Ayat, et de Maëlle elle-même. Que ce soit la mère dépassée, le petit ami largué ou la petite soeur qu'Ayat essaie également de convertir, tous avancent à tâtons, aveugles et terrifiés devant un être qu'ils ne reconnaissent plus, parfois même troublés par ses convictions. L'héroïne elle-même, dès lors qu'elle revient en France et entame son désembrigadement se retrouve dans la plus grande confusion et regrette presque ses certitudes d'autrefois. Il n'y a finalement qu'Amina, une ado convertie tout comme Ayat, qui reste ancrée dans sa vision du monde, déterminée à tuer son amie si elle la revoyait pour avoir trahi et ce même si elle lui manque terriblement. Ce qui est intéressant, et c'est ce que souligne Patrick Bard, c'est le poids de l'émotion face à la raison. Tous les arguments du monde auraient été vains pour faire revenir Ayat mais elle se laisse attendrir par une tarte aux pommes et par l'amour inconditionnel de sa mère de même que son mari Redouane perd tout goût pour le combat dès lors qu'il fait la rencontre de la jeune fille. Ainsi, si Et mes yeux se sont fermés est très dur, très sombre, il reste résolument optimiste, l'auteur nous rappelant que, tant que l'amour sera plus fort que la froide logique et les convictions inébranlables, l'humanité aura encore une chance. Mieux vaut le clair-obscur que le noir total.

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25 août 2016 4 25 /08 /août /2016 18:07

L05.jpgLe copain de la fille du tueur

Vincent Villeminot

éditions Nathan

2016

 

Comme vous l'avez sans doute remarqué, Vincent Villeminot est très prolifique cette année puisque c'est son deuxième livre publié en 2016. Cette fois il nous raconte l'histoire de Charles, un jeune garçon qui prépare la baccalauréat dans une institut privée très chère au fin fond de la Suisse. Fils d'un poète renommé, il a un regard critique sur ses camarades, gosses de riches plus ou moins insupportables. Il se lie néanmoins d'amitié avec Touk-E son colocataire, le fils d'un président d'une petite république d'Afrique et fait avec lui les quatre cent coups jusqu'à l'arrivée de la jolie et mystérieuse Selma. Pour Charles, c'est le coup de foudre mais un problème de taille se pose : Selma est la fille d'un célèbre trafiquant de drogue mexicain et la fréquenter implique quelques dangers..

ça aurait pu être une comédie, Vincent Villeminot choisit d'en faire un drame et se lance dans une histoire passionnée, sombre et violente. Ici aucun second degré, un récit brut écrit à la première personne par un narrateur, Charles, au coeur de l'action. Je suis assez partagée car s'il y a quelque chose de touchant dans ce roman qui semble avoir été écrit d'une traite, je ne suis pas convaincue par un style qui me semble parfois ampoulé et qui manque à mon sens de finesse. De plus, l'auteur en fait des tonnes : à l'histoire d'amour il ajoute une histoire d'amitié, un rapport père/fils compliqué, une réflexion sur l'économie et, la touche de trop, du fantastique. Pour une oeuvre qui fait trois cent pages, je trouve ça un peu lourd à digérer. Ajoutez à cela un final qui part en vrille et vous avez un livre pas inintéressant mais un peu mal fichu, boiteux et qui me laisse profondément perplexe.

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 18:20

L04.jpgLe sel de nos larmes

Ruta Sepetys

éditions Gallimard Jeunesse

2016

 

Printemps 1945. L'Allemagne est sur le point d'être battue et les Russes ont envahi la Prussie. Des milliers de réfugiés fuient devant l'arrivée des troupes soviétiques. Parmi eux, quatre jeunes gens : Johanna, une infirmière lituanienne qui cherche à retrouver les siens, Emilia, une polonaise fuyant un pays disputé à la fois par les russes et les allemands, et deux allemands, Alfred, un marin persuadé de la gloire du régime nazi et Florian qui lui, au contraire, l'a défié et cherche à présent à s'échapper le plus loin possible de la guerre. Tous ont pour objectif d'embarquer à bord du Gustloff, un énorme navire promesse de liberté... du moins le croient-ils.

On le sait depuis Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre, Ruta Sepetys aime aller là où les autres auteurs ne vont pas et c'est encore une fois sur un épisode peu traité de la seconde guerre mondiale qu'elle revient, le naufrage du Gustloff, l'un des naufrages les plus meurtriers de l'Histoires (10 000 morts dont 5000 enfants) et dont pour ma part je n'avais jamais entendu parler. Et, encore une fois, c'est une réussite. Si le début du livre est lent, peut-être un peu trop, et que je ne suis pas forcément convaincue par le choix d'une narration à plusieurs voix (tout le monde fait ça maintenant et je trouve que ça manque d'originalité) je me suis malgré tout laissée prendre par un récit émouvant et remarquablement raconté. L'art de Sepetys réside vraiment dans sa manière de narrer la grande Histoire par le biais de destins ordinaires. Le sel de nos larmes est beaucoup plus sombre que Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre : les descriptions y sont plus crues, plus dures (scènes de morts violentes, récits de la misère) et russes et allemands sont renvoyés dos à dos : l'espoir ne réside pas dans des vainqueurs bienveillants ou la promesse d'une terre plus clémente, mais dans le courage du vieux cordonnier, dans la détermination d'Emilia ou la naissance d'un bébé.. De la sorte, l'auteur rappelle à chacun que si la guerre est une monstruosité elle permet parfois de révéler des héros méconnus. Maigre consolation certes devant les atrocités que nous raconte Sepetys mais consolation tout de même. Le sel de nos larmes est en tous cas un roman fort qui, pour ma part, m'a laissée à la fin avec une grosse boule dans la gorge.

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18 août 2016 4 18 /08 /août /2016 20:16

L02.jpgLady Helen

Le Club des mauvais jours

Alison Goodman

éditions Gallimard Jeunesse

2016

 

Nous sommes en 1812, en Angleterre, sous l'époque de la Régence. Alors que le pays enchaîne les guerres avec la France, la jeune Lady Helen Wrexhall s'apprête à être présentée à la reine et à faire ses premiers pas dans le monde. Mais, alors que les bals et les visites s'enchaînent, d'étranges événements ont lieu : une bonne de la maison disparaît mystérieusement, un cousin à la réputation sulfureuse, Lord Carlston, semble s'intéresser particulièrement à notre héroïne et Helen elle-même se rend compte qu'elle développe d'étranges pouvoirs. Bientôt elle découvre que le monde qu'elle connaît dissimule un autre monde, rempli de créatures surnaturelles et d'hommes et de femmes qui les combattent sous le nom du Club des mauvais jours. Helen se joindra-t-elle à eux ?

Dans l'esprit, ça ressemble beaucoup aux romans de Carriger : un ouvrage historique avec du surnaturel, des héroïnes bien nées qui ont de supers pouvoirs... Le principe est plutôt sympa de ce fait puisqu'il mêle l'univers des ouvrages de Jane Austen à un univers plus sombre, presque gothique. Le souci de ce premier volume en revanche c'est qu'il est un peu longuet, plus de cinq cent pages, et que l'intrigue ne s'accélère vraiment jamais. Sans être ennuyeux, il y a donc quelques battements dans une histoire qui ceci dit n'est pas désagréable. Les clichés abondent, certes (le beau et ténébreux Carlston qui cache une grande sensibilité sous son aspect bourru, Lady Helen tiraillée entre deux hommes) mais le fantastique est bien mis en scène, avec des descriptions qui ont le mérite d'être extrêmement vivantes. Affaire à suivre...

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