Je crois que c'est officiel: la météo se fout de nous. C'est quoi ce soleil alors que je ne peux pas sortir? Je suis dépitée. A midi, j'ai hésité à manger dehors mais cela fait partie des questions absurdes que je me pose concernant ce confinement: en ai-je le droit? Après tout c'est moins risqué que de s'enfermer dans une salle de pause non? Je suis un peu perdue...
Hier la journée est passée très vite. Entre les lessives en retard, le ménage et des mails divers et variés, je n'ai pas franchement eu le temps de m'ennuyer. Le temps de lever la tête et hop! la nuit était déjà tombée (bon en même temps elle tombe à 17h00 c'est pas une garantie) Encore un peu de temps perdu à faire de la soupe et tadam! clap de fin pour le dimanche.
Ce matin, réveil habituel pour aller au travail. Inutile de vous dire que je ne me mets plus trop en frais pour ma toilette: déjà qu'en temps ordinaire le masque bouffe la moitié du visage, à quoi bon désormais se pomponner puisque mes contacts sociaux, même s'ils existent encore, demeurent somme toute assez limités? Même chose pour les tenues: j'aime beaucoup les robes ou les jupes mais là je ne fais que de la manutention, ça n'est guère pratique d'en mettre. Rassurez-vous cependant: je ne compte pas renouveler la cure de sébum. D'une part mes cheveux vont très bien et, d'autre part, j'ai encore un semblant de vie sociale. En revanche, cela fait plus d'un an maintenant que je ne suis pas allée chez le coiffeur: normalement je me fais une coupe au carré à la rentrée mais, cette année, je me suis dit que je n'y retournerai pas tant que je devrai y aller avec un masque: autant vous dire que je risque d'avoir des cheveux qui descendent jusqu'aux fesses d'ici peu.
Le lundi matin, il y a en général toujours pas mal de click-and-collect et ce matin ne faisait pas exception à la règle. Aujourd'hui les étudiants en droit et en gestion révisent, Dicker a le vent en poupe, un fan de Warhammer se fait plaisir et des parents cherchent vraisemblablement à consoler des enfants désespérés à l'idée de mettre un masque pour aller à l'école. Je jubile en retrouvant un livre demandé, pas à sa place, pas vendu depuis plus d'un an et qui va contre toute attente trouver un heureux propriétaire. Je fais l'impasse en revanche sur un Club des cinq définitivement égaré. Tout ça prend un temps fou. Je vous ai parlé des bacs que je n'avais pas rangé samedi? Et bien ils sont toujours là. Des coffrets sur des cristaux. Des Lena Situation. Des livres sur le covid. Des ouvrages de révision. Des stylos. Tout ça déborde joyeusement tandis que j'essaie de trouver des piles de livres qui à l'inverse peuvent s'en aller pour laisser la place à leurs petits camarades; la musique du Saint résonne pour dire que quelqu'un veut le livre de Fourcade.
Comme nous sommes tous désormais en chômage partiel, je suis la seule à travailler ce matin avec un collègue disquaire de l'autre côté et mon chef qui doit un peu déprimer je suppose d'avoir des bouts d'équipe comme ça. Comme promis il s'est fait prêter une enceinte par les gens de l'informatique et a mis de la musique dans le rayon jouets. J'ai aussi de mon côté ramené mon lecteur MP3 que j'ai branché sur un ordi. Le son n'est pas très fort et ce n'est pas plus mal car la playlist est celle de mon frère: elle est assez disons... hétéroclite, et je ne suis pas sûre d'assumer Dave ou Dalida à 100%.
L'un dans l'autre, je suis assez efficace puisque peu à peu les allées se vident. Bon c'est pas encore ça mais j'arrive désormais à compter ce qui me reste. C'est beau. En tous cas, je suis mieux lotie que ma collègue qui arrive à 13h00 et jette un regard un tantinet désespéré sur ses coffrets pour fabriquer des yaourts ou ses mugs licornes. Après une heure et demi en commun à travailler ensemble chacune de son côté, je l'abandonne après lui avoir souhaité une bonne fin de semaine. A la semaine prochaine? Peut-être. Le planning de la semaine prochaine est encore flou. Tout est flou en ce moment de toute manière.
Quand je sors du magasin, il n'est même pas 15h00 et pourtant le soleil baisse déjà. Les rues sont assez calmes mais les voitures plus nombreuses que ce que je pensais. Pas de contrôle de police, j'arrive sans encombres chez moi. Et je suis un peu perdue: je ne finis jamais aussi tôt en temps ordinaire. En plus, il n'y a pas d'Hercule Poirot sur TMC.
Ma prochaine matinée de travail est jeudi. D'ici là il faut que je réfléchisse un peu tout de même à la façon de vivre mes jours de confinement: faut-il adopter la même approche que la dernière fois et se fixer un planning? ça fait bien longtemps que je n'ai pas passé du temps avec Mohamed et Gym Direct... Il faudrait aussi que j'avance dans mes lectures et dans mes séries. Le problème c'est qu'en ce moment je suis monomaniaque. Je m'explique: la semaine dernière, je suis tombée sur la série BBC ; "Ils étaient dix", mini-série que j'ai beaucoup aimé. Quel est le problème? Le problème c'est que je l'ai regardée de nouveau dès le lendemain (j'ai même téléchargé l'application MyTF1 pour ça sur ma tablette: ne me jugez pas) et qu'hier, j'ai recommencé à la regarder. J'avoue, je suis fan de l'un des acteurs à qui je trouve un charme fou, Aidan Turner. Du coup j'ai même commencé à regarder le troisième volet du film "Le Hobbit" parce que j'avais vu qu'il jouait dedans. J'ai arrêté au bout d'une demi-heure parce que j'ai trouvé ça très nul et parce que Aidan Turner est nettement moins séduisant en nain que lorsqu'il se promène dans "Ils étaient dix" avec seulement une serviette nouée autour de la taille. Bref. Tout ça pour dire que, bizarrement, en ces périodes troubles, j'éprouve un étrange réconfort devant les adaptations d'Agatha Christie. Et le pire c'est que je n'ai jamais lu aucun livre d'elle.
Voilà. Après je pourrais tenter une nouvelle approche et vivre au jour le jour. Faire comme aujourd'hui et allumer la télé. Ou sortir mon nouveau puzzle. Ou apprendre à tricoter: je voudrais apprendre à faire des peluches en tricot mais je n'ai pas le matériel. Ou je pourrais finir Braudel (ou au moins lire dix pages) Bon on verra bien. D'ici là je vous souhaite une bonne soirée et à demain (peut-être)