Poids: 57.2 kilos (début de la déchéance)
Livres lus : toujours 2
Puzzle: en fait je vais mourir avant de l'avoir fini je crois
Pochette à broder: ce p... de Pikachu ne se laisse pas découdre facilement
The last chronicle of Barset: 445/983 (John Eames après s'être méchamment fait éconduit par Lily Dales commence déjà à dragouiller Madalina Demolines)
Abdos: plus (Kevin serait fier de moi)
Personnes vues: 0 (un pronostic pour aujourd'hui?)
Les croquettes de mon chat sont en forme de cœurs. C'est la première fois que je le remarque. Ce confinement n'aura pas été vain.
Plus les jours passent et plus je me fais l'effet d'être dans le film "Un jour sans fin" sauf qu'à côté de cette journée, celle de la marmotte est une franche rigolade. Tous les jours se suivent et se ressemblent, avec un rituel qui change plus ou moins mais une absence totale d'imprévus. Je ne suis d'ailleurs pas sûre de vouloir de l'imprévu car, en cette période, ce n'est pas franchement bon signe. Je m'habitue également à ne plus voir personne, à ne plus attendre personne. Même les conversations au téléphone me semblent totalement désincarnées ainsi que les SMS. Je suis seule sur mon île avec pour remplacer le bruit des vagues le pas lourds de mes voisins. Je me demande si c'est une vision de ce qui m'attend quand je serais vieille. D'ailleurs je commence à faire comme ma voisine et comme mon chat. Tandis que je tape à l'ordinateur, je regarde par la fenêtre: je ne savais pas qu'il y avait autant de joggers dans mon quartier, je suis admirative. Hier j'ai vu passé un homme emmitouflé comme s'il allait à la montagne, avec au moins deux pulls et trois blousons, la casquette enfoncé sur ses yeux. Il a dû faire l'aller-retour au moins une dizaine de fois dans la rue, marchant en grenouille du fait de ses nombreuses couches de protection. C'était fascinant même si très sincèrement il avait l'air d'un pervers. Là, il y a un petit vieux en tenue orange fluo qui court avec plus ou moins d'entrain. Je le soupçonne de s'être mis à la course uniquement pour sortir.
L'avantage de ce mode de vie c'est que j'ai jamais eu autant le temps de faire des choses que je ne fais jamais. Ce matin je me suis mise du concombre sur les yeux, le truc qu'on vous recommande de faire dans les magazines de beauté sauf que, qui a le temps de faire ça ? Hier, j'ai dansé sur l'air de la musique du dessin animé Anastasia avant de faire mon puzzle sur une compil des chansons de Disney. Le problème c'est que je n'aime pas les Disney normalement (bon Anastasia si hein mais c'est pas un Disney) mais là chanter "L'histoire de la vie" me paraissait adapté. Il faut que je me méfie: "Les sardines" ne sont pas loin.
Ce qui est curieux c'est que même au bout de onze jours, je garde toujours un certain rythme et je m'inquiète de l'heure, comme si cela avait une quelconque importance. Je me lève un peu plus tard qu'au début certes, mais cela reste très raisonnable. Je ne traîne en pyjama que le temps d'écrire un peu. Je n'ai pas encore passé un seul après-midi affalé sur mon canapé à regarder la télé. Je ne passe pas plus de deux heures sur les jeux vidéos. Je ne fais même pas la sieste. Des fois je me dis que c'est un peu bête et que je devrais en profiter plus mais je ne suis pas sûre que ce soit bon à long terme pour ma santé mentale. J'ai bon espoir de revenir qui plus est un jour dans le monde réel.
De façon générale, je me comporte en ce moment avec prudence, comme si j'avais une colocataire particulièrement relou qu'il faut ménager et occuper. Et nourrir aussi, ça c'est la plaie. "La cuisine de l'étudiant", "Simplissime spécial recettes végétariennes" et les recettes de "Easy Soup" sont devenus mes amis. D'habitude je ne mange pas chez moi à midi et je me fais des pâtes ou une soupe rapide le soir. Il est assez fréquent que je me fasse livrer aussi. Seulement actuellement je ne me vois pas me faire livrer par des gens qui seraient tout aussi bien chez eux. Alors je cuisine. Un plat qui fait trois/quatre jours à midi, une soupe chaude ou froide qui fait trois/quatre jours également le soir. Un thé l'après-midi avec des gâteaux soigneusement rationnés. Voilà où s'arrêtent mes performances culinaires: je ne ressortirai pas de là avec le niveau d'Etchebest hélas. A la rigueur je ferais bien des cookies mais mon four n'a ni thermostat ni préchauffage et crame systématiquement tout effort de cuisine plus élaborée: même mon gratin de pommes de terre aujourd'hui fait la tronche avec du fromage cramé et des patates crues. Voilà, vous savez tout.
Le dernier vendredi avant le confinement, à la sortie du travail, nous sommes allés boire un coup avec deux collègues. J'avais hésité avant de me laisser assez facilement convaincre. Nous avons bu une bière rapidement car l'un d'entre nous avait son train. Si j'avais su que ce serait la dernière bière que je boirai dans un bar avant longtemps, j'aurais pris une pinte. La bonne nouvelle c'est que, au train où ça va, la prochaine je pourrai la boire en terrasse.
