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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 12:47

L10

La lettre écarlate

Nathaniel Hawthorne

éditions Livre de Poche

1850

 

La lettre écarlate n'est ni une lettre d'amour, ni un courrier honteux. C'est un "A" majuscule brodé en rouge vif sur la poitrine d'une femme, Hester. A comme adultère. Nous sommes en effet en 1642 à Boston et les puritains d'antan ne rigolent pas avec ces choses-là. Aussi, lorsque Hester, nouvellement débarquée en Amérique, accouche d'une petite fille alors que son mari ne l'a jamais rejointe, elle est conduite au pilori et condamnée à porter cette lettre d'infamie durant toute sa vie, signe distinctif qui la condamne à être mise à l'écart de la société. Hester demeure stoïque cependant et refuse de livrer le nom de son amant, de quoi intriguer son mari, revenu au moment de son châtiment, et qui décide de garder le secret de son identité afin de mieux enquêter sur son offenseur.

Ce livre m'a laissée profondément perplexe. ça fait une semaine que je l'ai fini et je suis encore incapable de déterminer si j'ai aimé ou pas et quelles étaient les intentions de l'auteur quand il a écrit cet ouvrage. La première scène est saisissante car extrêmement cruelle dans sa description, celle d'une jeune femme frêle avec son enfant, livrée à la vindicte d'une foule bien-pensante. Elle fait pendant à d'autres scènes tout aussi magistrales : les tourments du jeune pasteur qui rongé par la culpabilité passe une nuit de veille sur le pilori, tourmenté par sa conscience, Pearl, la petite fille de Hester qui se promène dans les bois tel un lutin malicieux et qui est à la fois source de joie et de désespoir pour sa mère, reproche vivant de sa faute...Malheureusement ces tableaux sont gâchés par des descriptions beaucoup plus plates, trop emphatiques et qui à force d'outrance produisent l'inverse de l'effet escompté. Y-a-t'il une morale à cette histoire ? Difficile à déterminer : alors qu'Hester, officiellement une traînée se comporte comme une femme des plus vertueuses par la suite, le pasteur, considéré comme un saint homme, souffre les plus atroces souffrances d'une âme damnée.  L'un comme l'autre ont tous les deux fauté (oh ça va il n'y a pas tellement de suspens non plus) mais alors que l'une n'a eu d'autre choix que d'assumer son "crime", l'autre s'est lâchement caché. Pour l'auteur peut-être au fond est-ce là le plus grand des péchés : se faire passer pour ce qu'on n'est pas (le personnage le plus "mauvais" de l'histoire n'est ainsi rien d'autre que le mari docteur dont le seul crime de l'histoire est de taire son identité aux autres) et agir contre sa conscience qui, plus que toute considération sociale, doit seule faire office de juge. La lettre écarlate est ainsi à double tranchant : symbole de honte elle est aussi paradoxalement ce qui libère Hester et lui donne la force de se libérer d'une société étouffante. Ainsi alors que le pasteur est un être qui arpente les maisons, Hester est un être qui se réfugie dans les bois et près des rivières, ne fréquentant les autres qu'à l'heure de leur mort, peut-être pour leur rappeler que le pardon est toujours possible. La lettre écarlate est un curieux mélange, oeuvre romantique à la fois novatrice et puritaine, un récit qui s'emmêle parfois dans ses contradictions et qui mérite peut-être plusieurs lectures.

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