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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 12:06

Le voyage de Gaspard

Eric Pauwels

 

Bon après Dantec on passe à un style radicalement différent avec un livre pour enfants Le voyage de Gaspard. Et si, en lisant Dantec, j’ai beaucoup pensé à mon frère aîné, en lisant ce roman pour adolescents (que personnellement je n’oserai jamais conseiller à un ado) j’ai pensé à mon autre frère en me disant « Mon Dieu je crois qu’il détesterait »

 

Petit résumé ; Gaspard est un gentil garçon de dix ans qui, toujours flanqué de son inséparable compagnon, Puf le chien (et non Paf) accompagne son grand-père aveugle au musée et l’écoute parler de tableaux dont l’homme ne peut plus que se souvenir maintenant qu’il a perdu la vue. Un jour, le grand-père s’arrête devant un tableau La jeune fille à l’oiseau mort et commence à en raconter l’histoire. Le hic c’est qu’il ne voit pas que le tableau est actuellement en prêt et qu’il n’est pas accroché au mur. Gaspard, qui n’ose rien dire à son grand-père, ne peut donc qu’imaginer ce qu’il est advenu du tableau et ce qu’il représente…. A partir de là, le récit met en scène Gaspard et son chien à la recherche du tableau disparu, voyage qui, il faut le comprendre n’a lieu que dans l’imagination du gamin. Bref, Gaspard, par le biais d’un navire, s’embarque dans un royaume enchanté peuplé d’îles de toute sorte (l’île des Mots, l’île du Miel, l’île des chiffres, Elibaniéniébénil le royaume du Désir…) et vit de merveilleuses aventures qui, je vous rassure, finiront toutes bien. Il croisera différents personnages (un parfumeur un peu filou, un sorcier sur son tapis volant, un peintre voleur, un cartographe maniaque, des gnomes) qui l’aideront dans sa quête et, surtout, lui raconteront un grand nombre d’histoires. Au terme de ce voyage initiatique, Gaspard trouvera le tableau et comprendra ce que le peintre a voulu expliquer…

 

D’une chose d’abord ; je trouve que dans ses remerciements finaux, qui pourtant vont de Platon à Bettelheim, l’auteur aurait pu mentionner Michael Ende, le génial créateur de L’histoire sans fin, car il me semble douteux qu’il ne s’en soit pas inspiré, ne serait-ce qu’un petit peu. Même construction narrative avec un personnage qui par le biais d’un objet (une peinture ici) se retrouve « propulsé » dans un monde merveilleux où tout est possible, même façon de procéder (des histoires à l’intérieur d’une histoire) et une série de personnages fantastiques. Plus explicitement Eric Pauwels s’inspire des contes des Milles et une nuits et met volontiers en scène un décor de déserts et d’oasis ; qui plus est, il s’approprie sans aucun remords les histoires des autres et nous relate le mythe de l’Hermaphrodite (merci Platon) et l’histoire des pas dans le sable que j’ai entendu à de nombreuses reprises au cours de catéchisme ! Ceci dit, l’ensemble est plutôt bien construit, les histoires sympathiques à lire et, pour peu qu’on adhère un minimum à l’univers merveilleux, on pardonne volontiers ces plagiats avoués (plagiats non, plutôt réappropriations) qui ressemblent avant tout à des hommages.

 

Ce n’est pas donc l’aspect Mille et une nuits ou L’histoire sans fin qui me gêne ici (il faut dire que, petite, L’histoire sans fin était mon livre de chevet). Non, ce qui me gêne dans Le voyage de Gaspard c’est plutôt l’aspect Petit prince. Le ton du récit est naïf, à la limite du supportable. Dans le roman de Michael Ende, Bastien, le héros, était un petit garçon boudiné, bien loin de l’image sucrée qu’en a fait plus tard Wolfgang Petersen dans son adaptation cinématographique, et qui, d’abord plein de complexes, évoluait pour devenir même à un moment donné mauvais ! C’était un personnage réaliste et, au demeurant, attachant. Gaspard n’est pas crédible une seconde ; c’est un enfant idéal (le genre à manger gentiment ses légumes) qui accompagne aimablement son grand-père aveugle au musée (dites, à dix ans, sincèrement, vous aimiez vous taper les musées avec vos grands-parents ou vos parents vous ?) et qui tout le long des six cent pages du récit n’évoluera pas d’un iota. Il sera toujours égal à lui-même, sympathique, à la recherche de son tableau, et tous ceux qui le rencontreront l’aimeront beaucoup. Pareil au niveau des situations ; dans L’histoire sans fin, il y avait vraiment des passages horribles, des moments où l’on craignait pour la vie des personnages. Ici rien de tel. Tout est figé, rien ne semble troubler le cours paisible des événements car tout est « écrit » (idéologie douteuse mais bon on va pas en faire un fromage) et le seul événement « grave » du roman c’est lorsque Gaspard perd son chien ! Plus soucieux d’aligner ses histoires que de construire véritablement un récit, Pauwels cède à ce que je nommerai « le syndrôme Petit prince ». En gros, il s’agit par le biais de récits  merveilleux d’aligner quelques réalités essentielles sur la vie l’amour, la mort etc., le but étant que l’enfant ouvre de grands yeux émerveillés et que le parent verse sa petite larme d’émotion. C’est très mignon je l’accorde mais ça verse parfois dans le mièvrerie (oui je sais mais ça fait longtemps que je n’avais pas utilisé ce terme) et dans la morale des bons sentiments où tout le monde est beau et gentil (note : Pauwels qui a écrit ce roman pour son fils Gaspard a tout de même intérêt à le prévenir qu’il ne doit pas faire comme le héros et suivre de parfaits inconnus qui lui proposent l’hospitalité)

 

Au final, ce roman me fait penser aux albums jeunesse soigneusement léchés, le genre qui plaît plus aux parents qu’aux enfants (les traîtres se sont déjà précipités sur Dora ou Bob l’éponge) C’est très éducatif, très moral, très instructif. Personnellement, si je devais l’acheter pour mes enfants, ce serait plus pour leur lire le soir (le roman joue beaucoup sur l’oralité des contes, avec les répétitions et un style direct) avant qu’ils s’endorment. Si vous êtes d’humeur cynique, vous ne pourrez que détester, mais si vous aussi vous êtes atteint du syndrome Petit Prince et du complexe du Petit Poney, alors pourquoi pas ? Moi, si vous permettez, je vais passer encore quelques temps à déterminer si j’ai aimé ou pas…

 

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commentaires

A
Bonjour, je viens de finir Le Voyage de Gaspard que j’ai heureusemnet lu avant de lire cette chronique !!! J’ai 21 ans, je ne suis plus une ado, mais je ne suis pas non plus une adulte nostalgique qui souffre du complexe du Petit prince ou du petit poney!!! J’ai toujours adoré lire, c’est tout. Je réponds à ton article parce que je le trouve injuste et qu’il casse l’envie de lire ce très beau livre. <br /> <br /> Pour commencer je trouve que ta comparaison avec L’Histoire sans fin est à côté de la plaque ! Bastien bascule dans le livre au fur et à mesure de sa lecture, le livre devient un personnage, alors que Gaspard n’a même pas vu le tableau, qui n’est qu’un prétexte au voyage!! Non, Gaspard n’est pas un personnage « psychologique » comme Bastien ou Harry Potter. Il est de la famille des Shéhérazade et des Alice. C’est un passeur, un guide, qui fait voyager d’une histoire à l’autre. Car ce n’est pas lui, mais les histoires qui sont au centre du livre. (Et pour ce qui est de son côté « enfant sage qui mange bien ses légumes », il me semble que ça n’arrête pas de piccoler, de manger des fruits qu’on pourrait trouver dans les Smart Shops, et de s’empiffrer d’éclairs aux chocolat…)<br /> Et les histoires à tiroirs, c’est pas Michael Ende qui les a inventées !!! On en trouve dans toutes les littératures.<br /> <br /> Tu dis qu’il n’y a aucun cynisme, alors il te faut relire l’histoire de l’hermite et de son âne, pour ne citer que celle-là. Et pour ce qui est de la naïveté, je ne vois pas ce qu’il y a de naïf dans toutes ces histoires qui en viennent presque toujours à parler de la mort.<br /> Je trouve ridicule de parler de plagiat à propos d’un livre qui fait revivre des histoires, où justement les personnages se partagent ces histoires, comme un relais où le lecteur finit par prendre part, parce qu’il a envie à son tour de raconter celles qui lui ont plu.<br /> Mais ce n’est pas un livre trash, y a pas de viols, d’incestes, de dépressions ni de suicides, et ça fait du bien de lire une fois complétement autre chose !<br /> <br /> C’est une bouffée d’air ce livre, ça pose des questions philosophiques sur la mort et notre place dans l’univers sans être chiant, c’est plein d’humour et très agréable à lire avant de se coucher (c’est ce que j’ai fait ! et je le lirai bien à mes enfants quand j’en aurai !).<br /> Pour finir je trouve que c’est franchement très dommage qu’une lecture si superficielle ait donné lieu à un article aussi long, inexact, (il n’y a pas de peintre voleur, mais un peintre aveugle) car ce livre est unique, vraiment à part, et nous fait généreusement partager des histoires que les hommes se racontent depuis la nuit des temps. Et puis il y a plein de superbes dessins qui ajoutent du plaisir !
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B
<br /> Bon je m'aperçois tout de même que j'ai été un peu sèche dans ma réponse, alors je te réponds plus gentiment! (note: ne jamais répondre aux commentaires quand on se lève tôt et de mauvaise humeur<br /> pour aller à une réunion) Bref, tout ça pour dire que je comprends qu'effectivement ce soit énervant quand on aime un livre de le voir critiqué (mon frère a systématiquement l'habitude de descendre<br /> tous les films que j'aime bien et ça m'horripile!) mais je ne vais pas faire des articles que sur des livres que j'aime! Ce serait hypocrite de dire que j'ai adoré ce livre et patati patata. Pour<br /> moi "Le voyage de Gaspard" est un gros recueil de contes. Seulement autant j'adore les contes (j'ai même fait un mémoire là-dessus) autant je ne supporte pas quand on essaie d'en écrire de nos<br /> jours, parce que pour moi c'est un genre, qui, sous sa forme "primaire" est obsolète, c'est à dire qu'on ne peut plus en faire. Après je ne renie pas le joli style de l'auteur et je comprends tout<br /> à fait que tu aies pu aimé l'ouvrage. Mais moi, désolée, j'accroche pas. Voilà. J'espère que tu comprendras cette réponse et sans rancune!<br /> <br /> <br />
H
Bonjour , de un je trouve que tout ce que vous dite est completement faux.De un on ne dit jamais en aucun cas que Gaspard a 10 ans dans le livre et je trouve qu'il n'y a aucun rapport avec l'Histoire sans fin ! Je trouve que ce livre est vraiment génial et qu'il na rien avoir avec un livre pour les enfants ! La prochaine fois que vous mettez des commentaires sur un livre réfléchissez ! Je conseil fortement ce livre et pour tout les ages ! Merci et au revoir
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B
<br /> Merci beaucoup pour le commentaire, mais à mon tour, désolée, je trouve des ressemblances avec "L'histoire sans fin", ne serait-ce que dans le principe des histoires à l'intérieur des histoires<br /> (que l'on retrouve certes dans les Milles et une nuits également) ou encore dans le personnage de la petite fille/vieille femme qui m'a fait penser à la petite impératrice.<br /> <br /> Gaspard a sans doute dans les dix ans ou s'en rapproche (je me suis fiée au moment où son ami qui a une vingtaine d'années lit des pages qui le font rajeunir jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de<br /> Gaspard) mais, sincèrement quelle importance ça a? Ce n'est pas l'âge du héros qui détermine l'âge du lecteur.<br /> Pour moi "Le voyage de Gaspard" reste un livre pour les plus jeunes ou pour des adultes nostalgiques comme je le disais. Je n'ai jamais dit que c'était mauvais et je suis contente pour vous que<br /> vous ayez aimé. j'ai juste dit que c'était extrêmement naïf et que ça risquait de ne pas plaire à tout le monde, en particulier aux adolescents. Après je me trompe peut-être mais c'est mon opinion<br /> et je ne reviendrais pas là-dessus.<br /> <br /> <br />
B
Tiens oui ça serait une idée, ça: un jour il faudra que tu fasses un article pour donner envie de lire un livre plutôt que l'inverse !
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B
<br /> Tu es injuste! J'ai fait des articles sur des livres que j'aimais bien! C'est pas de ma faute si ces temps-ci j'ai lu des trucs pas terribles...<br /> <br /> <br />
L
Et bien, je n'ai pas lu le livre en question... et après avoir lu ton article, je n'ai pas envie de m'y mettre!<br /> Dans tous les cas, j'ai ri en te lisant toi et j'ai bien aimé ta note pour Pauwels au sujet de suivre des inconnus! hahaha<br /> <br /> Alors merci
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B
<br /> Oh c'est pas si mal comme livre... En tous cas comparé à ce que j'avais lu juste avant, ça paraissait clair et sympathique! Mais c'est vraiment assez particulier comme style et un peu gnangnan par<br /> endroits... Merci à toi pour le commentaire en tous cas!<br /> Concernant Clamp je suppose alors que ça rejoint ma première impression: l'auteur de Tsubasa reservoir chronicle se sert d'autres personnages de ses séries mais qui auraient évolué différemment...<br /> <br /> <br />
B
Ha truie !<br /> Ca partait si bien !<br /> J'aime bien ton analyse du syndrome du petit prince, mais franchement, comparer Dora et Bob l'éponge, c'est criminel. C'est comme comparer les Télétubbies et les Simpsons !<br /> Beux mon amie ma soeur, je vais t'apprendre un scoop: Bob l'éponge, c'est un peu comme Titeuf, ça se rend un peu insupportable par son omniprésence et son avalanche de produits dérivés, mais à la base, c'est du TRÈS BON. Regardes-en quelques épisodes, c'est bourré de bonnes idées, les dessins sont hilarants et c'est très bien mis en scène.<br /> Concernant le livre dont tu parles, je pense que j'aurais effectivement détesté.
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B
<br /> AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH vous êtes insupportables quand vous vous y mettez! Des fois j'ai l'impression que chacun de mes mots sont examinés à la loupe histoire de pointer les défauts! Dis Boulet c'est<br /> pas toi qui déteste que les gens fassent ça sur ton blog?!<br /> <br /> Donc mea culpa, je ne connais pas Bob l'Eponge, et j'ai jamais dit d'ailleurs que c'était mauvais (pas plus que Dora d'ailleurs) mais seulement que les enfants iraient plus volontiers voir leurs<br /> albums, plus médiatisés et plus "crades" que ceux du Rouergue par exemple.<br /> <br /> ça suffit comme ça ou il faut que je rampe à tes pieds pour implorer ton pardon pour avoir offensé Bob l'éponge? (n'oublie pas tout de même que je vends tes bandes dessinées et qu'il est très<br /> facile d'égarer ce genre de choses dans les réserves...)<br /> <br /> <br /> <br />