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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 19:15

Le premier qui pleure a perdu

Sherman Alexie

Editions Albin Michel

 

 

Arnold Spirit alias « Junior » est un Indien de la réserve de Spokane. Il est né avec un problème au cerveau qui l’a rendu myope, avec une tête énorme et des tics de langage. Brillant il l’est certes, mais son intelligence ne lui sert pas à grand-chose dans une communauté qui privilégie la force. Pauvre, Junior sait que s’il reste parmi les siens, il finira comme la plupart des Indiens de la réserve. Il survivra plutôt qu’il ne vivra, épousera une fille à côté de chez lui et finira alcoolique. Alors lorsqu’une occasion se présente, il postule pour le lycée de Reardan, un lycée de Blancs. Une décision qui lui coûte l’amitié de son meilleur copain Rowdy, qui prend cet acte comme une trahison, mais qui lui attire aussi l’inimité des Indiens de la réserve et la méfiance de ses nouveaux camarades. Fort heureusement, notre héros est doté d’un solide sens de l’humour et d’une capacité d’autodérision qui va lui être très utile…

Ce n’est pas le meilleur livre du siècle, loin s’en faut, mais Le premier qui pleure a perdu est un roman pour adolescents assez sympathique à lire. Les bons sentiments passent mieux grâce à un style drôle et direct. On pouvait s’attendre à un manichéisme assez prononcé, soit dans un sens soit dans l’autre, mais l’auteur évite les écueils. Certes, les Indiens sont le plus souvent présentés comme alcooliques et brutaux, mais cette condition apparaît surtout comme une conséquence de leur misère et leur pauvreté. Le père du narrateur a beau être alcoolique il n’en apparaît pas moins comme un père aimant, bien supérieur en cela aux pères des camarades blancs que Arnold fréquente. A l’opposé, les Blancs, prospères et pour la plupart d’entre eux racistes ne semblent pas non plus être considérés comme des suppôts de Satan par le narrateur. En bref, personne n’est vraiment mauvais dans ce roman ou plus exactement tout le monde l’est un peu, y compris le héros qui se réjouit d’avoir battu lors d’un match de basket l’équipe de son ancien lycée, avant de se rappeler que la plupart des élèves de la réserve vivent dans des conditions précaires et que sa victoire n’a rien de bien glorieux. L’auteur ne cherche pas à minimiser non plus les conditions dans lesquelles les Indiens vivent et la pauvreté de la famille de Arnold est d’autant plus poignante qu’elle est décrite sans larmoiements inutiles et sans fioritures. Bref, c’est une jolie histoire, relativement courte (plus longue le style finirait par lasser) pleine d’optimisme, avec en prime des dessins amusants et quelques passages très émouvants. Car chez les Indiens, nous dit le narrateur, tout est mêlé et le rire les larmes ne font qu’un…

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commentaires

L
je le note, en espérant avoir le temps de le lire prochainement.
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