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13 août 2017 7 13 /08 /août /2017 13:43

Bleak House

Charles Dickens

éditions de l'Archipel

1853

 

Je sais ça fait longtemps. Mais bon en même temps c'est l'été, vous avez sûrement autre chose à faire qu'à passer votre temps devant un écran d'ordinateur non? Pour ma part j'ai été à la campagne. C'est joli la campagne et on peut y lire tranquillement. Des conditions idéales pour avancer dans les 1001 Livres... d'autant plus que l'ouvrage dont nous allons parler aujourd'hui était également idéal pour la sieste.

Vous l'avez sûrement remarqué à présent, mon 1001 livres... adore Dickens. C'est déjà le troisième qu'il me propose comme oeuvre incontournable et j'ai vu avec horreur qu'un quatrième arrive par la suite. Tout le monde semble aimer Dickens et s'extasier devant cet auteur. Oserai-je l'avouer ? Pour ma part je le trouve soporifique.

Bleak House démarre à Londres sur une sombre histoire de procès, l'affaire Jarndyce, qui dure depuis des générations et dont les tenants et les aboutissants sont si complexes que le tout ça n'est plus devenu qu'un sujet de plaisanterie au sein même de la Chancellerie. Le plaignant, Tom Jarndyce, a fini par se suicider et son fils John a préféré se retirer dans sa maison de Bleak House, laissant à son avocat le soin de gérer une procédure dont il ne se soucie guère du résultat. Cependant, c'est un philanthrope au coeur tendre qui décide de recueillir ses jeunes cousins, Ada et Richard, liés également à l'affaire. Pour leur tenir compagnie il leur adjoint Esther, une jeune orpheline dont les origines restent obscures. Est-ce lié à la belle et mystérieuse Honoria Dedlock qui semble s'ennuyer ferme dans son manoir du Lincolnshire ?

Deux volumes de 600 pages chacun : c'était long, très long. La grande réussite de Bleak House c'est incontestablement la critique féroce de l'appareil judiciaire de l'époque où la moindre vétille devient prétexte à une procédure interminable. Avocats tatillons, hommes de lois douteux, escrocs en tout genre se côtoient à la Haute Cour de la Chancellerie, affairés à ne rien faire, se mêlant à des plaignants qui sont devenus fous à force d'attendre un jugement qui n'est jamais venu. A cette ironie mordante d'une société sclérosée par la paperasse et l'administration, Dickens ajoute une intrigue policière : que cherche à cacher lady Dreadlock et qui sont les parents de la jeune Esther ? Bon, autant vous dire que le suspens n'est pas non plus à couper le souffle mais cette intrigue nous permet de faire connaissance avec une multitude de personnages. Certains sont plutôt réussis : John Jarndyce, le bourru au grand coeur, Richard, le gentil indolent qui se laisse peu à peu pervertir, lady Dreadlock dont la froideur masque un caractère passionné et une souffrance secrète, Miss Flite qui hante la Chancellerie, déterminée à ne libérer ses oiseaux que lorsque son propre procès aura été résolu... En revanche, et c'est là où le bât blesse, impossible pour moi de trouver de l'intérêt à l'héroïne, Esther, narratrice durant la moitié du roman. Comme dans David Copperfield, l'auteur nous pond un personnage féminin d'une fadeur navrante, un ange de douceur, de compassion et de piété qui ne se rebelle jamais, parfaite maîtresse de maison, éducatrice modèle... Pas la moindre trace de passion ou d'interrogations dans cet être qui se soumet d'abord à sa tante puis à son tuteur sans jamais chercher à se poser de questions. Dickens nous l'oppose à l'intraitable Mrs Jellyby, une femme qui se passionne pour la cause humanitaire en Afrique et qui de ce fait, néglige complètement son foyer, oh scandale ! La "morale" est sans appel : femme, occupez-vous de vos maris et de vos enfants, votre place est à la maison. La soumission d'Esther est telle qu'est ira jusqu'à s'interdire d'aimer sans la permission de John Jarndyce. Alors certes, nous sommes au 19e siècle, certes il faut replacer le roman dans son contexte, mais je ne peux m'empêcher de noter que des héroïnes comme celles de Jane Austen ont bien plus de caractère que les mièvres poupées de Dickens (on n'évoquera même pas Ada qui est si transparente qu'on finit par l'occulter totalement). En tous cas, pour ma part, ce personnage d'Esther a considérablement refroidi mon intérêt pour un roman qui par ailleurs est bien trop long, la faute à sa forme initiale de roman-feuilleton, et qui s'essaie parfois à un humour que je trouve parfois raté. Tout n'est pas à jeter, certains passages sont très émouvant ou très drôles mais Bleak House restera à mon sens un ouvrage mineur de Dickens que j'ai été heureuse de terminer.

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