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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 18:20

L04.jpgLe sel de nos larmes

Ruta Sepetys

éditions Gallimard Jeunesse

2016

 

Printemps 1945. L'Allemagne est sur le point d'être battue et les Russes ont envahi la Prussie. Des milliers de réfugiés fuient devant l'arrivée des troupes soviétiques. Parmi eux, quatre jeunes gens : Johanna, une infirmière lituanienne qui cherche à retrouver les siens, Emilia, une polonaise fuyant un pays disputé à la fois par les russes et les allemands, et deux allemands, Alfred, un marin persuadé de la gloire du régime nazi et Florian qui lui, au contraire, l'a défié et cherche à présent à s'échapper le plus loin possible de la guerre. Tous ont pour objectif d'embarquer à bord du Gustloff, un énorme navire promesse de liberté... du moins le croient-ils.

On le sait depuis Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre, Ruta Sepetys aime aller là où les autres auteurs ne vont pas et c'est encore une fois sur un épisode peu traité de la seconde guerre mondiale qu'elle revient, le naufrage du Gustloff, l'un des naufrages les plus meurtriers de l'Histoires (10 000 morts dont 5000 enfants) et dont pour ma part je n'avais jamais entendu parler. Et, encore une fois, c'est une réussite. Si le début du livre est lent, peut-être un peu trop, et que je ne suis pas forcément convaincue par le choix d'une narration à plusieurs voix (tout le monde fait ça maintenant et je trouve que ça manque d'originalité) je me suis malgré tout laissée prendre par un récit émouvant et remarquablement raconté. L'art de Sepetys réside vraiment dans sa manière de narrer la grande Histoire par le biais de destins ordinaires. Le sel de nos larmes est beaucoup plus sombre que Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre : les descriptions y sont plus crues, plus dures (scènes de morts violentes, récits de la misère) et russes et allemands sont renvoyés dos à dos : l'espoir ne réside pas dans des vainqueurs bienveillants ou la promesse d'une terre plus clémente, mais dans le courage du vieux cordonnier, dans la détermination d'Emilia ou la naissance d'un bébé.. De la sorte, l'auteur rappelle à chacun que si la guerre est une monstruosité elle permet parfois de révéler des héros méconnus. Maigre consolation certes devant les atrocités que nous raconte Sepetys mais consolation tout de même. Le sel de nos larmes est en tous cas un roman fort qui, pour ma part, m'a laissée à la fin avec une grosse boule dans la gorge.

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