Reseau(x) t.1
Vincent Villeminot
éditions Nathan
2013
Depuis toute petite, Sixie, quinze ans, fait de mauvais rêves qu'elle transcrit sur la page "nocturne" de son réseau social, DKB, un endroit réservé aux cauchemars de tous les internautes. Le problème c'est que la plupart de ses cauchemars se sont révélés prémonitoires et c'est avec horreur que Sixie reçoit un jour sur son site la vidéo d'un meurtre qui ressemble trait pour trait à l'un de ses rêves. En parallèle, sur Internet, Cesar Diaz, qui se fait aussi appeler Nada#1, a créé un mouvement nommé "Play It For Real" qui incite ses admirateurs à reconstituer des jeux vidéos grandeur nature dans les rues de différentes villes européennes. Le jeu est pour l'instant sans conséquence car les armes sont fausses et les rassemblements bon enfant, mais, peu à peu, le mouvement prend de l'ampleur et transgresse les règles de sécurité. La police s'inquiète: Cesar Diaz est-il juste un potache un peu mégalo ou un terroriste en puissance?
Après la série Instinct, Vincent Villeminot revient avec une série encore plus sombre, cette fois centrée sur les nouvelles technologies. Réseau(x) a l'avantage de ne pas condamner Internet en bloc mais de s'interroger davantage sur ses dérives : les snuff-movies et l'étalage de la vie privée de chacun, l'isolement et un anonymat qui permet les pires horreurs. Qui plus est, et c'est bien agréable, l'auteur semble connaître un peu le sujet et ne se contente pas d'assener quelques poncifs moralisateurs sur les dangers des réseaux sociaux. Mais Réseau(x) est surtout un "cyber-polar" pour reprendre la quatrième de couverture, un roman sur une guerre aussi bien virtuelle que réelle. C'est très angoissant à lire, certaines scènes étant particulièrement stressantes car somme toute assez réalistes: meurtres sur Internet, gardes à vue qui finissent mal,brutalités policières, manifestations brisées par la force, cauchemars qui rôdent... La force de Villeminot c'est sa capacité à solliciter notre imagination par des images saisissantes et des descriptions brèves mais efficaces. Sa faiblesse, car il y en a une, c'est de vouloir mêler trop d'intrigues et de personnages ce qui fait que le lecteur se perd un peu entre les internautes, les policiers, les lycéens et peut facilement décrocher de l'histoire. C'est dommage. A trop vouloir en dire, Réseau(x) perd un peu de sa force et aurait gagné à un peu plus de simplicité. Ceci dit, le roman reste quand même plaisant à lire et annonce ce qui sera sans doute une bonne série...