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27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 10:43

L04.jpgChienne de vie

troubles émotionnels et maladies de l'âme chez les animaux

Laurel Braitman

éditions Autrement

2014

 

Tout commence avec Oliver, le chien de la narratrice. Oliver est un bouvier bernois affectueux et gentil mais voilà, il est un peu étrange. Il a une peur panique de l'orage, mange tout et n'importe quoi alors même qu'il n'est plus un chiot, bondit sur tous les autres chiens au parc et supporte très mal quand ses maîtres s'absentent. Un peu inquiétant peut-être mais rien de forcément alarmant... jusqu'au jour où Oliver se jette par la fenêtre de l'appartement..

C'est le point de départ du livre de Laurel Braitman, Chienne de vie, consacré à la folie animale et à ce qu'elle nomme joliment "les maladies de l'âme", pied de nez à ceux qui considèrent que les animaux ne sont que des bouts de viande en attente d'être cuite et dépecée. Ne voyez cependant pas dans l'ouvrage une démonstration gnangnan et arbitraire d'une amoureuse un peu cucul des bêtes. Chienne de vie est à la base une thèse qui a été retravaillée pour être adaptée à un public plus large. Autant dire qu'il y a derrière pas mal de recherches : l'auteur ainsi a été visiter laboratoires et zoos, cirques et studios de cinéma, a parlé à des dresseurs, des vétérinaires, des particuliers, des comportementalistes et a vu des animaux de toutes sortes, du rat de laboratoire à l'éléphant thaïlandais.

Le résultat est à dire vrai plutôt effrayant. Si la folie humaine a déjà quelque chose d'angoissant, c'est un phénomène que nous pouvons un peu appréhender, encore que... Mais la folie animale nous paraît bien mystérieuse et peut même sembler choquante : des baleines suicidaires, des singes atteints de TOC, des éléphants violents, des rats dépressifs, des oiseaux au coeur brisé... Contrairement à mon habitude, je n'ai pas lu Chienne de vie d'une traite : en effet, c'est un livre qui peut rapidement vous filer le cafard, surtout lorsqu'on se rend compte que la folie animale est souvent liée directement au comportement de l'homme: déforestation, zoos où des animaux vivent dans des territoires cent fois moins grands que leur territoire habituel, chiens qui vivent dans des appartements minuscules et ne voient leur maître qu'au retour de leur travail... Voilà de quoi augmenter le malaise et de s'interroger sur notre rapport avec les bêtes. Laurel Braitman ne pense pas comme certains cependant qu'il faudrait laisser les animaux en dehors de notre vie : le dernier chapitre plaide pour de nouvelles relations inter-espèces, à son sens la meilleure thérapie à la fois pour l'animal mais aussi pour l'homme. Dense, mais clair et instructif.

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