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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 12:53

L04.jpgLe héron de Guernica

Antoine Choplin

éditions Le Rouergue

2011

 

Nous sommes à Guernica, en avril 1937, en pleine guerre civile espagnole. Même si son coeur est pour les républicains, Basilio, jeune homme un peu rêveur, se tient légèrement en retrait du conflit, préférant, lors de ses heures de liberté, peindre des hérons dans la rivière. Avec son pinceau, il tente de saisir toute la majesté de l'oiseau et la beauté de l'instant. Ce matin-là il est tout particulièrement appliqué car il a promis de donner à Célestina, la jeune fille qu'il aime, le dessin du héron. Mais ce matin-là ne ressemble pas aux autres: des avions sillonnent la ville et bientôt cette dernière est réduite en cendres par les bombes. Basilio, en une journée, voit sa vie d'avant voler en éclats et prend conscience de l'absurdité humaine. Le héron qu'il reviendra peindre au soir ne sera pas le même que celui du matin...

Ce livre avait tout pour me faire fuir puisqu'il traitait à la fois d'une période de l'histoire que je connais très mal et de peinture, un sujet qui ne me passionne pas plus que ça. Pourtant, Le héron de Guernica m'a beaucoup touchée et fait pour l'instant partie de mes coups de coeur de la rentrée littéraire. L'écriture par petites touches mime avec précision le pinceau que  Basilio appose sur sa toile. Antoine Choplin parvient  à saisir tous les contrastes entre la ville de Guernica, lieu de bruit et de violence, et la rivière, lieu de silence. Tous deux pourtant ont un point commun: la mort est au bout du parcours et la rivière, sous ses apparences paisibles n'offre pas plus de sécurité que la ville. Le héron de Guernica est un roman qui s'interdit tout jugement, privilégiant une description qui devient parfois quasi-clinique; les caractères sont esquissés, les sentiments devinés...Ce genre de style s'il n'est pas maîtrisé peut parfois prendre une certaine lourdeur mais ce n'est pas le cas ici: le style est tout en élégance et tout en finesse et, sans en rajouter dans le larmoyant (le sujet du livre suffit), donne au récit une rare émotion. Que dire, c'est élégant, c'est triste et beau à la fois (la description de la rivière et du héron est magnifique) et ça pointe tout ce qu'il y a d'absurde et de sublime dans la condition humaine. Pour résumer, c'est du grand art.

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