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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 10:37

L06.jpgLe froid modifie la trajectoire des poissons

Pierre Szalowski

éditions Héloïse d'Ormesson

 

Nous sommes à Montréal en 1998. Un jeune garçon d'une dizaine d'années apprend avec horreur que ses parents ont décidé de se séparer. Pour lui, il n'en est pas question, aussi demande-t-il au Ciel de l'aider à empêcher cette séparation. Une tempête de verglas commence dès le lendemain. Aussitôt, c'est toute la vie de ses voisins qui s'en trouve bouleversée: privés d'électricité, son ami Alex emménage avec son père, homophobe convaincu, chez un couple de "frères" qui n'osent pas avouer aux autres leur véritable relation,  la jolie Julie offre l'hospitalité à Boris, un scientifique russe égocentrique obnubilé par ses expériences sur les poissons, sa directrice se casse la clavicule... Tout le monde se rapproche, les langues se délient et le verglas change la vie de tout le voisinage... sauf celle du narrateur. Du moins, jusqu'à ce que son père se casse à son tour les deux bras sur le verglas...

Que vous le croyez ou non, je n'ai rien contre un peu de sucre dans les romans. Les bons sentiments ne me gênent pas, surtout lorsqu'ils sont clairement affichés. Dans Le froid modifie la trajectoire des poissons, il est évident que le cynisme n'a rien à faire dans une oeuvre qui se veut résolument optimiste... Le ton est léger d'entrée de jeu, le lecteur est invité à laisser toute rationalité au placard avec cette tempête "magique" qui fait ressortir ce qu'il y a de meilleur chez chacun des habitants du quartier et peut goûter alors à une succession d'événements insolites mais positifs tout en appréciant le style fluide de la narration et l'exotisme de la langue canadienne (personne ne sait jurer aussi bien que les canadiens).

A quel moment le sucre devient de trop? A quel moment se transforme-t-il en une mélasse poisseuse qui vous bouche la gorge et les artères? Dans mon cas, l'indigestion a commencé au dernier quart du roman: que Alex et Alexis apprennent à connaître et à aimer leurs voisins homosexuels soit, mais qu'Alex découvre l'identité de sa mère et reprenne contact avec elle, non. Que Julie et Boris tombent amoureux l'un de l'autre, soit, mais que Julie aide Boris à résoudre l'expérience avec les poissons, non. Que les parents du narrateur découvrent que finalement ils s'aiment, que le père se rende compte qu'en évoluant professionnellement il peut reconquérir sa femme et que tout le monde devienne copains comme cochon à la fin de l'histoire, faut quand même pas charrier. Là c'est plus du bon sentiment, c'est de la guimauve brute. Pour ma part, j'aurais préféré une conclusion plus nuancée, qui montre que les miracles n'existent pas forcément, qu'aucun gel ne peut vaincre des parents qui ne s'aiment plus ou permettre de retrouver une mère absente. Que le bonheur parfait n'existe pas mais que l'adversité n'empêche pas de profiter du moment présent, enfin, vous voyez ce genre de choses. Après tout, n'est-ce pas la tristesse et les chagrins qui nous permettent d'apprécier d'autant plus les jolis instants de la vie? Voilà voilà... Bon je vous épargne mes envolées lyriques, si vous voulez vraiment de l'envolée lyrique sur le bonheur, lisez donc Le froid modifie la trajectoire des poissons mais, je le répète, gare à l'étouffement...

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commentaires

L
C'est rigolo, j'ai découvert l'existence de ce livre il y a peu et je me demandais ce qu'il valait. Critique qui tombe à pique pour moi, donc. ^^
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B
<br /> <br /> Disons qu'il faut vraiment être d'humeur bisounours pour lire ce livre. ça dégouline de bons sentiments jusqu'à plus soif et si le début est plaisant la fin est plutôt écoeurante... Si tu le lis quand même, viens me dire ce que tu en as pensé! A bientôt...<br /> <br /> <br /> <br />
T
Que vous le CROYIEZ ou non…
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