Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 10:17

L05.jpgChroniques d'une Magie Annoncée

Nicolas Cluzeau

éditions Midgard/ Lokomodo/ Asgard

2013

 

Il est certains genres de littérature qui vous laisse perplexe. Certains romans que même avec la meilleure volonté du monde vous ne pouvez appréhender car leurs codes vous échappent. Je suis loin d'être une ignare en matière de fantasy, comme vous avez déjà pu le constater. Je peux vous parler de Gaiman et de Pratchett; je peux vous dessiner la carte des Sept couronnes ou celle de la Terre du Milieu; je peux vous parler des théories vampiriques à la mode. Mais, il faut le reconnaître, bien des branches du genre me paraissent encore hermétiques. De même qu'il m'est impossible de m'enflammer pour un jeu de rôle, j'ai bien du mal à m'enthousiasmer pour des histoires écrites dans un langage ampoulé parlant de magie et de créatures étranges...

Chroniques d'une Magie Annoncée est en fait une compilation de plusieurs histoires mettant en scène une thaumaturge, Harmelinde, et sa fille Deirdre, toutes les deux parcourant le continent pour démêler des affaires ayant trait à la magie: meurtres, vol, cuisine trop goûteuse, etc. et qui, après avoir résolu leur enquête partent joyeusement festoyer comme dans Astérix. Le principe est sympa et le début de l'enquête est toujours intéressant à suivre : cadavres déchiquetés, fantômes qui jouent mélancoliquement du clavecin, automates enchantés... Le problème, c'est que l'auteur s'est créé son univers bien à lui qu'il ne se soucie guère de faire partager. Ainsi, Nicolas Cluzeau nous parle de champs ondilignes, de Sarengard, d'hommes-arbres ou de videsèves mais ne se fend pas d'une explication (pas même d'une carte bon sang!) parce que voyez-vous c'est comme ça : les vrais amateurs de fantasy peuvent se passer de ce genre d'explications qui les empêchent d'entrer pleinement dans l'histoire. Le lecteur lambda lui du coup est assez vite largué et, au bout de quelques pages se désintéressent de l'enquête en cours, d'autant plus que les descriptions sont plutôt maladadroites et le style lourdingue. Pourquoi, mais pourquoi bon sang, les auteurs purs et durs de fantasy se croient-ils obligés d'écrire comme au siècle dernier? Ajoutez à cela que Nicolas Cluzeau a voulu faire de Deidre et Harmelinde des personnages brillants et spirituels et qu'elles se révèlent surtout être des têtes à claques. Leurs échanges sont ce qu'il y a incontestablement de plus ennuyeux dans le livre. Enfin voilà tout ce que m'a inspiré un roman pas catastrophique certes mais pas non plus inoubliables et qui m'incite à penser que je ne suis pas encore prête à me costumer en vampire ou en magicienne pour aller faire la queue devant le stand de Nicolas Cluzeau lors de sa prochaine dédicace...

Partager cet article
Repost0
19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 14:51

L03.jpgLe huitième sortilège

Terry Pratchett

éditions Pocket

 

Il y a quelques temps, nous avions laissé les héros de La huitième couleur, Rincevent et DeuxFleurs, en position délicate sur le bord du Disque-Monde. Nous les retrouvons dans Le huitième sortilège miraculeusement saufs mais bien secoués. Leurs ennuis ne font malheureusement que commencer. Une mystérieuse étoile est apparue dans le ciel: les mages de l'Université Invisible ont fait leur enquête et découvert que cette étoile annonçait la fin du monde. La seule façon de sauver l'univers est de prononcer les huit sortilèges de l'In-Octavo, ce qui est ennuyeux dans la mesure où le huitième sortilège se loge dans la tête de Rincevent. Voilà donc notre mage déchu pourchassé: heureusement, il peut compter sur l'aide inattendu de Cohen le Barbare, le héros légendaire qui a en revanche pris un certain nombre d'années et perdu toutes ses dents...

Deuxième tome des Annales du Disque-Monde, Le huitième sortilège, tout comme le premier volume, est bien loin d'être le meilleur de la série. Des longueurs viennent ralentir une intrigue déjà assez sommaire (Rincevent et DeuxFleurs fuient pour échapper à leurs poursuivants). Tout comme La huitième couleur, Le huitième sortilège souffre d'un réel manque de rythme et se compose plutôt d'une succession de gags et de situations cocasses. On rit donc tout de même avec des arbres qui parlent, des trolls philosophes, un barbare quasi à la retraite, des mages aux dents longues, un séjour chez la Mort et sa fille folle furieuse... Les personnages sont drôles mais l'ensemble est encore bancal et ne laisse pas un souvenir impérissable. Il faudra encore persévérer dans les Annales du Disque-Monde pour découvrir ce dont Pratchett est réellement capable...

Partager cet article
Repost0
3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 17:53

L01.jpg

La huitième couleur

Terry Pratchett

éditions Pocket

 

J'avais dit que nous reviendrions sur Terry Pratchett; c'est donc parti pour parler un peu du Disque-Monde  et l'on commence fort logiquement avec le premier tome de la série: La huitième couleur.

L'histoire se passe sur un monde plat, en forme de disque, porté par quatre éléphants eux-même soutenus par une tortue géante. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Sur ce monde, magie et héros cohabitent en toute sérénité. A Ankh-Morpork, ville à la réputation douteuse, Rincevent, mage déchu, mène son petit bonhomme de chemin, désireux d'éviter les ennuis; depuis en effet qu'un sortilège puissant s'est niché dans son crâne, l'empêchant d'assimiler toute autre forme de magie simple, il a fort à faire pour survivre dans une cité où la corruption et la bêtise règnent en maîtresses absolues. Hélas pour lui, sa route croise celui de DeuxFleurs, le premier touriste jamais rencontré dans cette ville et, à Ankh-Morpork, l'espérance de vie de ce genre d'individu est plus que réduite...

Que ce soit dit, La huitième couleur est loin d'être le meilleur tome des annales du Disque-Monde. Déjà parce qu'il s'agit moins d'un roman que d'une succession d'histoires découpées en plusieurs chapitres et relatant les tribulations de DeuxFleurs et de Rincevent. La narration est donc de ce fait un peu décousue. De plus, le style de Pratchett n'est pas encore abouti, si bien que le récit comporte quelques longueurs, des descriptions un peu fastidieuses ou des répétitions inutiles. Mais bon, on a déjà un bon avant-goût de la série avec un humour décapant, des personnages décalés (que ce soit le faussement inoffensif DeuxFleurs ou l'inoubliable Mort, mon protagoniste favori de la saga) et une mise en place sympathique du décor. Sur le Disque-Monde, Pratchett nous avertit d'office, les dieux se promènent et jouent aux dés, les mages ronflent dans leur université et la réalité tel que nous la connaissons est à prendre à l'envers, ce qui donne lieu notamment à cette scène cocasse où Rincevent déplore l'absence d'une "magie" qui s'expliquerait par la science:

 

" - Il parlait de quoi, alors, si c'est pas de magie?"

Rincevent commençait à se sentir vraiment malheureux. "Je ne sais pas, dit-il. D'une meilleure façon de procéder, j'imagine. Un système un peu plus sensé. Domestiquer... domestiquer la foudre, ou autre chose."

Le diablotin posa sur lui un regard doux mais compatissant.

"La foudre, ce sont les piques que se lancent les géants du tonnerre quand ils se battent, dit-il gentiment. C'est un fait météorologique reconnu. On ne peut pas la domestiquer.

- Je sais, fit Rincevent d'une voix pitoyable. C'est là que pêche mon raisonnement, bien sûr."

 

En résumé, la huitième couleur est à l'image de Rincevent. Ce n'est pas mon volet préféré du Disque-Monde tout comme Rincevent n'est pas mon personnage favori mais je le considère néanmoins avec une grande tendresse parce que, et bien, c'est quand même le premier de la saga...


Partager cet article
Repost0
24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 11:23

L01.jpgLe trône de fer

t.15: Une danse avec les dragons

George R.R Martin

éditions Pygmalion

 

Enfin! Après des mois, nous arrivons enfin au dernier tiers du livre Dance with dragons de la série du trône de fer. Maudit soit le découpage français...

L'histoire poursuit son petit bonhomme de chemin et le royaume des sept Couronnes est plongé dans la plus grande confusion. Les alliances d'hier semblent bien fragiles: Tyrell et Lannister se méfient les uns des autres et la reine Cersei aura fort à faire pour se sortir des accusations d'adultère qui risquent de lui coûter la vie. A l'autre bout du monde, son frère Tyrion, devenu esclave, n'a une situation guère plus enviable et tente de protéger ses compagnons, Ser Jorah et Sou d'une fin atroce. Près du Mur, John Snow fait tout pour récupérer sa soeur Arya tout en prenant des décisions qui se révéleront lourdes de conséquences. Enfin, Daenerys s'est mariée à contrecoeur pour préserver son peuple mais ne tarde pas à se rendre compte que la paix escomptée est illusoire. Peut-être est-il temps pour la Mère des Dragons de révéler sa véritable nature...

Trahisons, manigances, stratégies et rebondissements rythment le dernier tiers du roman avec pour le lecteur toujours cette question angoissante: "Quelqu'un va-t-il mourir aujourd'hui et, si oui, qui?". On le sait, George R.R Martin n'est pas tendre avec ses personnages, et il le prouve une fois de plus dans cet épisode en faisant subir à ses héros bien des avanies. C'est aussi l'occasion pour le lecteur de s'y attacher davantage ceci dit, des fois que l'un ou l'autre vivent ses derniers instants. Niveau style, on notera l'effort louable de traduction. Niveau intrigue, je vous conseille de reprendre vos arbres généalogiques, histoire de ne pas être trop largués par la profusion de personnages secondaires. Et, à la fin du volet, je vous conseille de faire comme tous les fans et de prier pour que l'auteur ne nous fasse pas la mauvaise blague de mourir avant de terminer la saga...

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 19:22

L02.jpgLe trône de fer t.14

Les Dragons de Meereen

George R.R Martin

éditions Pygmalion

 

La vie est une vallée de larmes, plus remplie d'attente fièvreuse que de joies réelles. Et, comme si cela ne suffisait pas, des sadiques contribuent à la rendre plus éprouvante. Aujourd'hui, ces sadiques ont un nom: ils se nomment les éditions Pygmalion, ces êtres maléfiques qui un jour eurent l'idée de traduire un gros roman en plusieurs livres histoire de tripler les bénéfices et de rendre leurs lecteurs fous.

Bon, vous avez compris, on va parler de la suite du Trône de fer. Amis non avertis allez-vous en. Promis, un jour on parlera de Cinquante nuances de Grey.

Cette fois l'hiver est définitivement installé et ça rigole plus dans le royaume des sept couronnes et ailleurs. Dans le Nord, à Winterfell, on célèbre un mariage qui n'est pas du goût du roi Stannis. Ce dernier, fonçant avec son armée pour reprendre le château, laisse enfin John Snow libre de ses mouvements. Dans le Sud, Tyrion fait prisonnier par une de nos vieilles connaissances, s'apprête à rencontrer la reine des Dragons en personne. Cette dernière pour préserver son peuple s'apprête à contrecoeur à se marier également...

ça avance, ça avance tout doucement. Les dragons de Meereen, heureusement, est beaucoup plus intéressant que le précédent volume. L'intrigue est lancée, des personnages très intéressants reviennent et, à défaut d'espérer un jour voir la famille Stark se réunir, quelques retrouvailles semblent s'amorcer (si si on y croit). Suite et fin de la traduction en début d'année. Après, il ne restera plus qu'à espérer que l'auteur se dépêche d'écrire la suite...

Partager cet article
Repost0
21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 14:07

L03.jpgLa chute des thanes

(Un monde sans dieux tome III)

Brian Ruckley

éditions Eclipse

 

 

Il est temps de boucler la trilogie d'Un monde sans dieux, dont j'avais commenté les deux premiers tomes il y a un certain temps déjà. Comme d'habitude, amateurs de la série et qui ne l'ont pas fini, ou au contraire allergiques de tout poil à tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la fantasy, passez votre chemin. Bien, maintenant que nous sommes quatre, nous pouvons commencer.

Et ça commence par un rapide résumé parce qu'au bout de presque un an, il faut dire ce qu'il est mais l'humble lectrice que je suis a oublié une grande partie de l'histoire. Heureusement, l'auteur est secourable et vient à notre secours. Nous retrouvons donc notre plus ou moins héros Osirian, futur thane d'une lignée quasiment décimée et qui essaie avec l'aide de son capitaine Taïm et deux kyrinins (des sortes d'elfes) de détruire Aeglyss, un grand méchant doté de pouvoirs capables de plonger le monde dans le chaos. De ce fait, tous les hommes semblent pris dans un tourbillon de folie meurtrière: les alliés d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui, les villageois s'entre-tuent et Osirian lui-même ne semble pas exempt de cette rage destructrice, lui qui était auparavant plutôt un gentil garçon. Au coeur de l'hiver, les cadavres s'empilent, les apparitions se multiplient et les combats semblent interminables et vides de sens...

Ce dernier volet m'a laissée perplexe, moins enthousiaste que les précédents. C'est longuet par endroits et un peu ennuyeux: entre deux récits de massacres interminables, nous avons droit à des dialogues répétitifs et pas forcément palpitants. L'action fait du surplace et ne s'accélère que dans la dernière partie de l'histoire. Après, l'univers de l'auteur est intéressant d'autant plus que ce dernier se refuse à tomber dans les poncifs propres au genre: pas de romance entre Osirian et Ess'yr, la kyrinnin dont il est amoureux, cette dernière repoussera ses avances. De même Anyara, la soeur du thane, n'a pas grand-chose d'une vierge guerrière et ne finira pas non plus dans les bras de son écuyer. Le grand méchant, Aeglyss, est surtout un être malheureux avide de reconnaissance et l'autre méchant, Kanin, le thane ennemi, se révèle un être finalement assez sympathique. Encore plus intéressant, Brian Ruckley, contrairement aux autres romans de fantasy, s'emploie méthodiquement à démontrer à quel point les guerres sont stupides: la trilogie qui avait commencé par un réglement de comptes entre deux peuples s'achève par une gigantesque boucherie où bons et mauvais se confondent sans distinction. Les descriptions sont très gores (bien qu'un peu lassantes sur la fin) et accentuent ce sentiment d'horreur et d'absurdité présent tout du long. Osirian et son peuple verront-ils la fin du tunnel? A vous de le découvrir si cette note vous inspire...

 

Ps: Un peu de pub, encore une fois pour une bonne cause! Dans le cadre d'une vente pour une association, une lectrice de ce blog est en train de créer des bijoux et souhaiterait avoir des opinions sur ces derniers, afin de cibler au mieux sa future "clientèle". Il ne s'agit donc pas d'acheter mais d'aller sur son site pour voir les photos et donner son avis en répondant aux sondages ("tous les sondages" à gauche sur le blog). Voici le lien:

 

http://unangepasse.blog4ever.com/blog/index-6552.html

 

Il faut moins de cinq minutes pour regarder les photos et répondre aux sondages! Merci pour elle...

Partager cet article
Repost0
22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 10:31

L02.jpg

Le trône de fer

t.13 Le bûcher d'un roi

George R.R. Martin

éditions Pygmalion

 

Rien ne va plus depuis longtemps dans les sept royaumes; un roi-enfant siège sur le trône de fer tandis que des prétendants divers se bousculent pour prendre sa place. Ce n'est pourtant pas le cas de Daenerys, l'héritière légitime, qui, dans le lointain Est s'efforce de remettre en ordre les affaires d'une cité qui lui est hostile et d'abolir l'esclavage. Des partisans aussi variés qu'inattendus tentent de la rejoindre pour la convaincre de revendiquer cette couronne... Mais à quel prix?

Je savais qu'il ne fallait pas lire la suite du Trône de Fer, cette suite attendue depuis six ans par les fans (moi ça ne fait que quelques mois et ça m'a déjà parue long): c'est trop frustrant. En effet, l'édition française, vicieuse, a divisé le roman en trois parties, trois romans qu'elle distille au compte-gouttes.Prochain tome prévu en fin d'année. Du coup, me voilà contrainte de vous parler d'un tiers de livre qui perd beaucoup de sa force à être découpé (devrais-je dire "charcuté") ainsi. De plus, je ne veux pas me faire d'ennemis en spoilant, aussi soyons bref. Il convient donc de souligner  quelques longueurs (il ne se passe pas énormément de choses dans ce tome pour ne pas dire rien) mais de noter une amélioration majeure de la traduction française. Le lecteur sera attristé de ne pas retrouver quelques-uns de ses personnages préférés mais ravi d'en retrouver d'autres, absents tout du long du quatrième volume. J'ai été surprise également de retrouver un personnage que je croyais plus ou moins mort. Pour résumer, un agréable roman à lire, un bon moment à passer malgré la frustration ressentie. C'est ma faute aussi: si je lisais parfaitement l'anglais, je saurais depuis longtemps ce qui arrive à... mais chut! En attendant, on peut toujours se consoler avec la sortie en DVD de l'adaptation du roman...

Partager cet article
Repost0
15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 19:22

L06.jpgLes chants de la terre

La chasse sauvage t.1

Elspeth Cooper

éditions Bragelonne

2011

 

Amis aspirants écrivains, réjouissez-vous: aujourd'hui nous allons parler de l'art et la manière de faire un ouvrage de fantasy. Je vous arrête, je n'ai pas dit qu'il s'agissait d'un bon ouvrage. Nous allons faire comme l'auteur dont je vais vous parler aujourd'hui. Nous allons prendre toute une série d'ingrédients standards pour en faire une bouillie qui est à la littérature ce que le fast-food est à la gastronomie.

Prenons déjà un titre évocateur, plein de poésie, rappelant à la fois la beauté de la nature et la tristesse des hommes. Ici il s'agit des Chants de la terre mais vous pouvez aussi appeler aussi votre prose Les silences de la mer, l'herbe des prés, L'oiseau de feu, Le regard de la truie... tout ça sonne mystérieux et mélancolique, d'entrée de jeu vous avez conquis votre lectorat.

Vous avez votre titre passons aux personnages. Pour le héros, il faut obligatoirement un orphelin (dès fois qu'on puisse lui inventer une prestigieuse famille dans le second volume de la série) un peu niais mais plein de bonne volonté et qui conjugue force physique (un maigrichon faiblard, ça perd de son panache quand même) et force mentale. Hop, voici Gair, notre protagoniste abandonné devant une église et qui entré dans les ordres des années plus tard, se fait excommunier parce qu'il entend le chant de la magie. Battu et chassé, il est heureusement recueilli par Alderan, le vieillard incontournable, plein de sagesse et de magie qui le prend sous son aile et l'emmène dans une sorte d'école pour apprendre à contrôler ses pouvoirs. Je vous rassure, Gair n'en a pas besoin; il est tellement fort à l'épée et tellement doué en magie que tous les hommes le jalousent et toutes les femmes soupirent d'amour en le regardant. Ce qui nous amène à la question de l'amoureuse. Gair ne peut passer toute sa vie seul à manier l'épée avec d'autres hommes en transpirant, ça ferait jaser. Dans la fantasy, il y a deux options d'héroïnes: soit la femme explosive, aussi forte qu'un homme et un peu cochonne, soit la douce oie blanche un peu timide mais avec des pouvoirs insoupçonnés. Là l'auteur hésitait donc elle en a mis deux: il y a Aysha, le prof de Gair,  une rebelle qui peut se transformer en animal comme lui et avec qui il fait sauvagement l'amour, et Tanith, l'amoureuse silencieuse, qui le soigne tendrement  parce que c'est une super guérisseuse et avec qui on sait que forcément le petit canaillou finira un jour quand même même s'il préfère pour l'instant faire des galipettes avec l'autre. Ajoutez à tous ces personnages le copain rigolo (Darin), pas très  doué sauf aux échecs mais qui fait plein de blagues pourries et avec qui le héros se sent bien et deux trois autres protagonistes cités pêle-mêle et qui n'ont d'intérêt que dans la scène finale lorsqu'ils meurent (ça donne un côté tragique). Personnages Ok, on passe au décor. Bien évidemment un monde un peu moyen-âgeux avec une Eglise toute-puissante: on change subtilement les noms (Saint Jean devient saint Ioan, la croix devient un chêne) histoire de dire mais voilà et face à cette institution nécrosée et pleine de vieux on oppose les magiciens fougueux et communiant avec la nature. L'intrigue? Gair ne peut pas rester tranquillement dans son école à rien faire, il lui faut un méchant vraiment méchant qui veut a) s'emparer d'un talisman magique pour b) briser le voile entre deux mondes et faire venir des démons. Huum ça me rappelle quelque chose et vous? Je vous rassure, la fin du monde n'est pas pour tout de suite, Gair est là et l'auteur a l'intention de faire une série pas un one shot. On met donc quand même une scène finale tragique, des gens qui pleurent de partout, un héros meurtri par la vie mais qui a terminé son apprentissage et qui est maintenant résolu à tuer le méchant vraiment méchant pour sauver le monde. Après cela, on boucle le premier tome avec un soupir de satisfaction et on envoie le tout à Bragelonne, éditeur spécialisé dans la  bonne vieille fantasy commerciale mais pas vraiment très originale. Voilà c'est fait! Félicitations vous venez de faire un mc Do littéraire. Gare aux indigestions...

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 19:28

L01.jpgLe trône de fer

intégrale 4

G.R.R Martin

éditions J'ai Lu

2005

 

Je crie au scandale: l'hiver n'est pas encore arrivé et me voici déjà parvenue à la fin du cycle du Trône de fer en version française. Si je veux savoir la suite désormais il me faudra soit la lire en anglais soit patienter jusqu'en avril 2012 (et oui soit le mois même de la reprise de la série télévisée) Parfois, la vie est injuste.

Donc reprenons et retournons aux royaumes des sept couronnes car c'est d'ailleurs là que se déroulera l'intégralité du roman, laissant en suspens le destin de bon nombre de personnages. Dans ce tome nous retrouvons la reine Cersei et son frère, la chevaleresque Brienne, un ou deux enfants Stark... Le royaume a sombré dans le chaos le plus total, les alliés d'hier sont devenus des ennemis et même les liens les plus solides ( ceux de Jaime et Cersei par exemple) sont mis à mal par les intrigues... Et pendant que les Stark ont perdu l'espoir de jamais se retrouver un jour, les rumeurs de dragons et d'une reine aux cheveux d'or se propagent...

J'ai beaucoup moins aimé ce tome que les précédents, beaucoup moins travaillé à mon sens et avec quelques longueurs, ce qui en toute objectivité ne m'a pas empêchée de le dévorer en quelques jours. Il faut dire que plusieurs personnages charismatiques sont absents de ce volume: le nain Tyrion, le taciturne John Snow, l'énigmatique Daenerys... Du coup, le lecteur est un peu déçu dans son attente. Ceci dit la force du récit est d'évoquer les protagonistes absents par le biais de la rumeur et des commérages. Martin a un don non seulement pour décrire un événement mais également pour montrer à quel point cet événement peut être détourné et réinterprété. Dans le premier tome, en temps de paix, un fait était contrôlé et  relayé par les corbeaux. Dans ce quatrième volume, en temps de guerre, plus rien n'est acquis ni établi pour réel, que ce soit la mort d'un protagoniste ou l'identité d'un assassin. Plus personne n'est à l'abri des calomnies et la plupart se cachent sous une fausse identité. Personnages comme lecteurs sont déconcertés et c'est même parfois un peu frustrant. Frustrant de voir Samwell par exemple croiser Arya Stark sans la reconnaître ou encore Brienne... Mais j'en ai trop dit, je me tais! Lecteurs friands de la saga retournez-y vite et les autres, soyez soulagés: nous n'en parlerons plus dans ce blog avant un petit moment maintenant...

Partager cet article
Repost0
15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 20:41

L04.jpgLe trône de fer

intégrale 3

George R.R Martin

éditions J'ai Lu

2000

 

Oui, consolez-vous: j'en ai bientôt fini avec Le Trône de fer. Encore cette note et une note sans doute dans les prochaines semaines sur le tome 4 et je vous laisse tranquille pour quelques temps, la suite de la saga n'étant pas malheureusement pas sortie en français. Bouh! Bon, depuis le temps vous avez compris le principe: que ceux qui veulent lire la série ne lisent pas cet article! Merci....

Si le tome 2 n'était pas franchement gai, le tome 3 de la série est d'une noirceur absolue. Les Stark, plus ou moins nos héros, n'en finissent pas de ne jamais se retrouver. Catelyn Stark, la mère, persuadée d'avoir perdu ses deux fils, Bran et Rickon, essaie en vain de récupérer sa fille, Sansa, toujours prisonnière des Lannister à Port-Real, et n'hésite pas pour cela à libérer un précieux otage, Jaime, le frère et l'amant de la reine. Pendant ce temps sa plus jeune fille, Arya, présumée morte elle aussi, tente de la rejoindre ainsi que son frère aîné Robb. Quant à Bran, il poursuit une quête personnelle qui le conduira bien loin dans le Nord. Le roi Joffrey, lui, tout en préparant son mariage, continue à faire la guerre à son oncle Stannis et à Robb Stark...

Dans ce troisième volet, il y a beaucoup de mariages et beaucoup de rebondissements. Et beaucoup de morts aussi. Et, à dire vrai, j'ai beaucoup pleuré également. L'auteur s'amuse à prendre à contre-pied les histoires héroïques et chevaleresques; pas d'actes de bravoure ici mais des traîtrises abominables, des faux-semblants et des objectifs que personne n'atteint. Il déstabilise son lecteur de fantasy qui, plus habitué aux histoires qui finissent bien, aux héros qui ne meurent pas  ou alors héroïquement (par exemple en sauvant une belle princesse, sur un champ de bataille ou en se sacrifiant) et aux méchants vraiment méchants, ne sait pas trop comment réagir face à ces personnages qui ont tous une part d'ombre en eux. Nous autres pauvres lecteurs, nous sommes comme la gentille et polie Sansa, égarés dans un monde impitoyable et persuadés malgré toutes les catastrophes qui se déchaînent dans le récit que tout finira par s'arranger et que tous les Stark pourront se retrouver gaiement à Winterfell pour deviser au coin du feu. Bien sûr, nous nous doutons bien au fond que rien de tel ne pourra se produire. Martin parvient également à créer une formidable tension dramatique, laissant placer insidieusement une menace de mort sur tous ces personnages, que ce soit Tyrion mis en danger par sa propre famille ou John Snow, espion chez les Sauvageons. Il alterne aussi les scènes d'horreur pures (le mariage d'Edmure, un sommet d'atrocité) avec des scènes plus légères (les réparties de Tyrion ou les dialogues entre Jaime et Brienne) et des moments plus poétiques (la construction du château de glace par Sansa, les réflexions du gentil John Snow) Tout cela produit un joli mélange que la faiblesse de la traduction ne parvient pas à atténuer  et qui a un bon goût de revenez-y. Mais il faut que je sois forte: avant de poursuivre avec le quatrième tome, il faut que je lise un peu autre chose entre-temps...

Partager cet article
Repost0