Chroniques d'une Magie Annoncée
Nicolas Cluzeau
éditions Midgard/ Lokomodo/ Asgard
2013
Il est certains genres de littérature qui vous laisse perplexe. Certains romans que même avec la meilleure volonté du monde vous ne pouvez appréhender car leurs codes vous échappent. Je suis loin d'être une ignare en matière de fantasy, comme vous avez déjà pu le constater. Je peux vous parler de Gaiman et de Pratchett; je peux vous dessiner la carte des Sept couronnes ou celle de la Terre du Milieu; je peux vous parler des théories vampiriques à la mode. Mais, il faut le reconnaître, bien des branches du genre me paraissent encore hermétiques. De même qu'il m'est impossible de m'enflammer pour un jeu de rôle, j'ai bien du mal à m'enthousiasmer pour des histoires écrites dans un langage ampoulé parlant de magie et de créatures étranges...
Chroniques d'une Magie Annoncée est en fait une compilation de plusieurs histoires mettant en scène une thaumaturge, Harmelinde, et sa fille Deirdre, toutes les deux parcourant le continent pour démêler des affaires ayant trait à la magie: meurtres, vol, cuisine trop goûteuse, etc. et qui, après avoir résolu leur enquête partent joyeusement festoyer comme dans Astérix. Le principe est sympa et le début de l'enquête est toujours intéressant à suivre : cadavres déchiquetés, fantômes qui jouent mélancoliquement du clavecin, automates enchantés... Le problème, c'est que l'auteur s'est créé son univers bien à lui qu'il ne se soucie guère de faire partager. Ainsi, Nicolas Cluzeau nous parle de champs ondilignes, de Sarengard, d'hommes-arbres ou de videsèves mais ne se fend pas d'une explication (pas même d'une carte bon sang!) parce que voyez-vous c'est comme ça : les vrais amateurs de fantasy peuvent se passer de ce genre d'explications qui les empêchent d'entrer pleinement dans l'histoire. Le lecteur lambda lui du coup est assez vite largué et, au bout de quelques pages se désintéressent de l'enquête en cours, d'autant plus que les descriptions sont plutôt maladadroites et le style lourdingue. Pourquoi, mais pourquoi bon sang, les auteurs purs et durs de fantasy se croient-ils obligés d'écrire comme au siècle dernier? Ajoutez à cela que Nicolas Cluzeau a voulu faire de Deidre et Harmelinde des personnages brillants et spirituels et qu'elles se révèlent surtout être des têtes à claques. Leurs échanges sont ce qu'il y a incontestablement de plus ennuyeux dans le livre. Enfin voilà tout ce que m'a inspiré un roman pas catastrophique certes mais pas non plus inoubliables et qui m'incite à penser que je ne suis pas encore prête à me costumer en vampire ou en magicienne pour aller faire la queue devant le stand de Nicolas Cluzeau lors de sa prochaine dédicace...