Poids: 57.1 kilos (gaufres sous contrôle pour l'instant)
Cheveux: attachés (pour ne pas être tentée de les passer à la Javel)
Livres lus: toujours 2
Puzzle: la robe bleue commence enfin à prendre forme. Ne pas penser qu'il me reste encore tous les feuillages des arbres.
Pages écrites: 3 (c'était un bon jour)
Bras: plus
Personnes vues: 0
Le cap symbolique de la dizaine est franchi, ça y est.
Encore une mauvaise nuit, remplie de rêves confus, et des réveils aux différentes heures de la nuit et du jour. J'ai rêvé que le confinement était fini et que mon collègue m'annonçait qu'il allait reprendre un week-end pour compenser celui qu'il n'avait pas pris fin mars ("là tu comprends ce sera vraiment un week-end") Me suis réveillée et levée à vrai dire assez déprimée. Tout cela ne va pas arranger l'un de mes objectifs qui est de perdre un peu mes cernes. Mais de toute façon un article de "Slate" sur lequel je suis tombée par hasard expliquait de façon très sévère que eh oh le confinement n'est pas une retraite spirituelle ou un atelier d'écriture, donc je suppose encore moins une cure de jouvence personnelle. Cet article, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, fustigeait des auteurs comme Slimani qui tiennent un journal de confinement depuis leur maison de campagne. Je ne lis pas le journal de Slimani car je m'en fiche un peu (je dois avouer en revanche que quelques parodies m'ont beaucoup fait rire) mais je ne vois pas en quoi elle n'a pas le droit d'écrire sur son quotidien: même s'il ne reflète pas la réalité de beaucoup d'entre nous, c'est sa réalité à elle, pourquoi n'aurait-elle pas le droit d'en faire état? Oui c'est une privilégiée, comme beaucoup d'entre nous d'ailleurs qui n'avons pas à travailler en cette période. Je suis une privilégiée: je suis chez moi, sans même avoir à travailler à distance, je n'ai pas d'enfants à gérer, j'ai un jardin, un appartement relativement grand et une connexion Internet. Oui je me sens souvent coupable de cet état de fait: après est-ce que ça avancera le monde, est-ce que les malades, les infirmiers ou les employés de supermarchés se sentiront mieux si je passe ma journée à guetter les nouvelles en finissant de me ronger les ongles qui me restent? Chacun gère comme il peut et tant pis s'il gère avec maladresse. Et si cela paraît parfois terriblement égoïste et narcissique, c'est peut-être tout simplement une façon comme une autre de se protéger de la réalité.
Tout ça pour dire que, contrairement à ce qu'on pourrait penser, même si je parais futile, j'essaie surtout pendant ces jours de solitude et d'angoisse de ne pas devenir folle et de m'astreindre à des routines essentiellement pour oublier à quel point je suis inquiète pour mes proches, à quel point certains êtres me manquent terriblement, pour oublier ces histoires où des gens meurent seuls, où des soignants sont obligés de choisir qui intuber ou non, où des ordures volent des masques à l'hôpital et où des gens vomissent leur haine sur Internet. Parce que la seule chose que je peux faire de bien actuellement et de réellement utile c'est de rester chez moi et d'éviter de surcharger encore plus les médecins avec des crises d'angoisse.
Fin de la parenthèse.
Revenons donc à des choses plus légères. Bien avancé ce matin dans l'écriture et aujourd'hui j'ai réussi à aller jusqu'au bout de la session "abdos" avec Kevin sur Gym Direct ("J'espère que derrière votre télévision vous ressentez les mêmes sensations que moi!" Vous voulez dire avoir envie de vomir?" ) Mon pantalon de sport tout doucement devient un peu large. De façon générale je commence à prendre plaisir à cette routine matinale, écriture et sport, même si là je rêve surtout d'une longue et grande marche. Les jours passent relativement vite mais le moment du réveil est devenu presque aussi douloureux que celui du soir, quand tout ce qui s'est passé revient à l'esprit. Sur Internet, Meetic me propose des rencontres spécial confinement. No comment. Les voisins ne sortent plus du tout, ou seulement le matin quand le supermarché ouvre à 7h30 spécialement pour les personnes âgées. Hier j'ai songé à leur proposer de leur prendre quelque chose mais je les soupçonne de n'être pas prêts à renoncer à leurs habitudes. De toute façon, leur fils habite au-dessus de chez eux je pense qu'il pourvoit à leurs besoins.
Après bien des errances sur Internet, j'ai renoncé à retrouver le modèle au point de croix du Pokémon que j'avais commencé à broder sur la pochette à serviette de mon neveu. Du coup là je défais tout le dessin, telle une Pénélope bas de gamme, et c'est très énervant.
Dans la rue deux personnes passent. Elles marchent l'une derrière l'autre à quelques pas de distance. L'homme tout en parlant jette des regards derrière eux comme un enfant pris en faute. Je les envie un peu.