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14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 14:15

L01.jpgEnnemis

Charlie Higson

éditions Pocket

 

J'aime pas les zombis.

Non c'est vrai j'aime pas ça. Je suis traumatisée depuis que j'ai joué à Resident Evil sur ma Playstation 1 et que ces horribles créatures me tombaient dessus par surprise, me faisant perdre systématiquement. Depuis je joue aux Sims c'est moins usant pour les nerfs.

Toujours est-il qu'on va parler de zombis aujourd'hui malgré tout en abordant une série pour ados qui réservera quelques cauchemars aux âmes sensibles. Il s'agit de Ennemis de Charlie Higson. Nous sommes à Londres, une ville devenue cauchemardesque à la suite d'une maladie mystérieuse qui plus d'un an auparavant a tué les adultes ou les a transformé en zombis terrifiants. Un groupe d'enfants mené par Arran vit reclus à Waitrose, un centre commercial reconverti en bunker. Ils se sont organisés, ont appris à se battre et écument le quartier de temps à autre pour trouver des vivres, vivant dans la peur des adultes qui les attaquent en permanence. Un jour, un garçon nommé Jester débarque : il leur propose de rejoindre son propre groupe, basé à Buckingham Palace. Là-bas, il y a peu d'adultes, ils mangent à leur faim et ils disposent de tout le confort nécessaire. Arran et les siens décident de le suivre...

Il faut avoir le coeur bien accroché pour suivre cette histoire qui tue joyeusement ses personnages au fil des pages et qui réserve quelques descriptions bien gores. La tension ne se relâche jamais et le lecteur se prend plus d'une fois à sursauter. La bonne idée de l'auteur c'est de nous plonger directement dans le vif du sujet : pas d'entrée en matière, pas de présentation de ce monde apocalyptique, nous ne comprendrons qu'à travers quelques rares réminiscences ce qu'il est advenu de la Terre. L'autre bonne idée c'est d'éviter toute romance adolescente inutile ainsi que tout larmoiement. Les enfants héros de cette histoire ont déjà vécu un an dans la terreur et vu leurs familles décimées, ils ont appris à se battre et à tuer : ils n'ont donc plus aucun sentimentalisme et c'est tant mieux. Les personnages sont plutôt attachants mais ne vous attachez pas trop quand même : en terme d'espérance de vie ils sont aussi bien lotis que des personnages de George RR.Martin. Bref, un premier tome plutôt intéressant, un peu anxiogène mais qui donne envie d'aller lire la suite.

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 19:03

L04.jpgRègne animal

Jean-Baptiste Del Amo

éditions Gallimard

2016

 

Quand on part en vacances comme je l'ai fait la semaine dernière, il est bon de prendre un livre léger, court et divertissant. Tout ce que je n'ai pas fait en emmenant avec moi Règne animal de Del Amo.

L'histoire est celle d'une famille d'exploitants, du début à la fin du XXe siècle, "spécialisée" dans l'élevage porcin. Eléonore, enfant au début du récit, matriarche à la fin, est le fil conducteur de ce roman que j'aurai bien du mal à décrire. Un seul mot me vient à l'esprit : glauque. Huis-clos glauque que cette ferme où aussi bien humains qu'animaux sont maltraités, instrumentalisés et réduits à leur fonction reproductrice ou à leur "utilité" : les animaux sont élevés pour leur viande, les hommes travaillent jusqu'à en crever. Et tout ça pour quoi ? C'est peut-être ça le plus terrifiant : rien dans le récit ne semble justifier ce massacre morne ni l'adoucir. La famille ne semble pas tirer fierté de sa propriété ni même cultiver des relations saines. De la mère bigote d'Eléonore au petit-fils qui voue une passion incestueuse à sa soeur, les sentiments sont dévoyés, malsains. Les descriptions sont atroces, d'une efficacité clinique. Bref, c'est glauque. Bien évidemment que c'est pas mal : c'est bien écrit, le récit est mené avec talent et l'auteur, en choisissant à dessein de passer sous silence des éléments de son histoire, crée en parallèle de son intrigue une sous-intrigue, tue par des personnages qui sont de toute manière avare en paroles (les dialogues sont quasi-inexistants dans Règne Animal) C'est donc une réussite littéraire, soyons d'accord. Après, je n'arrive toujours pas à déterminer une semaine après sa lecture si j'ai bien aimé ou non ce roman que je vous déconseille si vous voulez vous remonter le moral.

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23 avril 2017 7 23 /04 /avril /2017 12:06

L01.jpgLa Maison aux sept pignons

Nathaniel Hawthorne

éditions Flammarion

1851

 

Retour aux 1001 Livres et à Nathaniel Hawthorne, l'auteur de La lettre écarlate qui revient avec un roman tout aussi déconcertant que son premier ouvrage. L'histoire se déroule dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Bien des années auparavant, pour s'approprier le terrain de Matthew Maule, un humble villageois, le colonel Pyncheon fit accuser ce dernier de sorcellerie et le fit exécuter. Sur le terrain ainsi volé, il construisit une grande demeure, la Maison aux sept pignons, une maison destinée à abriter sa nombreuse descendance. Mais il s'était attiré la malédiction du Ciel : non seulement le colonel mourut le jour même de l'inauguration de sa propriété mais sa famille ne connut jamais le bonheur, cumulant ruines et désillusions. Deux siècles plus tard, il ne reste plus dans la maison que Hepzibah Pyncheon, une vieille fille déjà âgée qui, pour sauver son frère fraîchement libéré de prison et pour échapper à son machiavélique cousin, un juge renommé, se décide à ouvrir une boutique dans la demeure. Mais le destin lui envoie alors la jeune Phoebé, nièce dont le sourire et la gentillesse vont peut-être enfin faire lever le noir destin qui pèse sur la famille.

Hawthorne renoue ici avec ses thèmes favoris, culpabilité et rédemption, mais l'aborde sous un angle différent puisque qu'ici la culpabilité n'est pas le fait des personnages principaux mais celle d'un lointain ancêtre, un péché héréditaire qui rejaillit sur la descendance entière. Oui, je sais, c'est un peu glauque et il y faut y voir là l'éducation puritaine de Hawthorne dont il n'a jamais pu tout à fait se défaire. Cependant le roman est fascinant car, mine de rien, il brosse le portrait d'une famille entière, du colonel véreux au commerçant avisé, de la jeune vierge sacrifiée à la vieille fille recluse tout en évitant une mise en scène chronologique et linéaire. L'humour et le fantastique s'invitent également dans un ouvrage qui prône son mépris pour une société avide de richesses et de gloire. Au juge ambitieux et matérialiste, l'auteur oppose le gentil vieux qu'on croit à tort simple d'esprit, à la maison maudite il oppose le jardin où Phoebe converse avec Holgrave, le photographe énigmatique, à la vie mondaine du cousin, vide et vaine, il compare l'existence douce et simple des autres Pyncheon... Récit tout en ombres et en lumière, avec une touche de suspens, La maison aux sept pignons possède une grande force poétique et se lit beaucoup mieux que La lettre écarlate qui, à mon sens, avait beaucoup trop de longueurs. Une jolie découverte. 

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18 avril 2017 2 18 /04 /avril /2017 10:32

L02.jpgLe sommeil des géants

Les dossiers Thémis 1

Sylvain Neuvel

éditions Le livre de Poche

2016

 

Rose Franklin n'a que onze ans lorsqu'elle fait une chute à vélo et se réveille au fond d'un trou immense, au creux d'une main géante. D'où vient cette main, que fait-elle là ? Des années plus tard, physicienne reconnue, Rose est approchée pour percer le mystère de cette main qui demeure une énigme tant dans sa composition que dans son origine. Avec l'aide d'un mystérieux inconnu vraisemblablement à l'origine du projet, Rose se retrouve à la tête d'une équipe composée de deux pilotes, d'un linguiste et d'une généticienne et s'emploie à retrouver les morceaux disparus de ce qui semble être une statue d'origine extraterrestre.

Assez originale dans sa composition, à l'instar de Illuminae dont nous avons déjà parlé, Le sommeil des géants est constitué de séries d'entretiens entre les différents personnages et un protagoniste anonyme dont nous ignorons tout. Le roman est donc essentiellement une vaste série de dialogues plus ou moins bien menées qui retrace l'histoire d'une expérience scientifique doublée de manoeuvres politiques car il apparaît très vite que la statue peut être une arme. J'avoue que les histoires d'extraterrestres me laissent assez froide en temps ordinaire, mais j'ai été plutôt séduite par l'intrigue et surtout par la relation des personnages entre eux. Si les descriptions ne sont pas toujours à la hauteur, l'ensemble du roman demeure agréable et le twist de la fin donne envie de découvrir la suite de cet ouvrage inégal mais intriguant.

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11 avril 2017 2 11 /04 /avril /2017 13:39

L03.jpgLes porteurs

1- Matt

C.Kueva

éditions Thierry Magnier

 

Je lance un appel général à tous les auteurs de dystopie en jeunesse : il faut arrêter maintenant avec les postulats de plus en plus improbables sur une société futuriste quelconque. Entre "Le monde est ravagé par une maladie qui a décimé tout le monde sauf les adolescents" ou "sur fond d'inégalité sociale, des enfants sont envoyés chaque année dans une arène géante pour se massacrer entre eux" ou "des loutres géantes ont pris le pouvoir et ont réduit en esclavage les humains, les utilisant comme jouets sexuels lors de cérémonies sacrificielles terrifiantes"ça commence à devenir un peu tout et n'importe quoi (Ok le dernier résumé est inventé mais je pense que je tiens quelque chose). Aujourd'hui donc, le postulat est le suivant : "A la suite d'une maladie mondiale, les bébés naissent désormais hermaphrodites et ne doivent choisir leur sexe qu'à seize ans."

Ouais. Autant vous dire que lorsque j'ai vu atterrir Les porteurs dans mes services de presse j'ai fait un peu la tronche tellement le sujet ne m'inspirait guère. Outre que je trouvais le monde créé des plus irréalistes, je craignais bien évidemment un discours sur la théorie du genre. Et, comme vous l'avez sans doute déjà noté, s'il y a bien une chose que je ne supporte pas, ce sont les cours d'éducation civique quand je lis un roman, que ce soit pour m'expliquer qu'un papa et une maman c'est mieux ou qu'il faut lutter contre le système corrompu d'une société machiste et carniste qui fait la part belle aux mâles dominants. J'en profite pour lancer un nouvel appel, cette fois aux éducateurs/profs de tout crin qui viennent dans mon rayon adolescent et qui s'indignent parce qu'aucun auteur n'a écrit de romans sur la faim dans le monde, la guerre, l'avortement, l'adoption ou le mode de vie de la loutre dans son habitat naturel. J'ai un scoop pour vous : les auteurs, les bons j'entends, n'écrivent pas parce qu'ils sont mandatés par l'Education Nationale. Ils n'ont pas de quotas à remplir et ils écrivent sur ce qu'ils veulent tout comme les auteurs de littérature. Je ne dis pas qu'ils n'ont pas à aborder de sujets de société mais s'ils le font, ils le font parce que le sujet leur tient à coeur et non pas pour servir de support à votre bien-pensance ou à votre vision de monde. En bref, foutez-leur la paix.

Ceci étant revenons à notre dystopie du jour et penchons-nous sur le cas de trois adolescents, Matt, Gaëlle et Flo qui ont bientôt seize ans et qui, si vous avez bien suivi, doivent choisir leur sexe. Gaëlle c'est sûr, elle veut être une fille et comme Matt est son petit ami, il pense devenir un homme. Flo hésite encore, pas facile de se décider. Mais pour Matt, les choses tournent au drame lorsqu'un courrier l'informe qu'il est atteint d'une maladie génétique rare qui l'oblige à rester neutre jusqu'à ses trente ans. C'est un porteur. D'abord effondré, Matt cherche par la suite à comprendre sa maladie et ne tarde pas à se rendre compte que sa déficience cache quelque chose, un complot orchestré par l'état et le ministère de la Santé...

C'est pas vraiment bien fichu loin de là. En terme de génétique je soupçonne l'auteur d'être aussi calé que moi ce qui un peu délicat quand l'ouvrage est entièrement basé sur le sujet. Je passerai charitablement sous silence les scènes d'amour qui sont d'un ridicule achevé et l'écriture hésitante. C'est un premier roman et ça se voit clairement. Néanmoins, il y a quelque chose là-dedans : déjà ce que j'ai apprécié le plus ce sont les personnages qui sont beaucoup plus subtils que ce qu'on aurait pu penser. La mère du héros paraissait caractérielle elle se révèle pleine de ressources alors que le père dynamique et sportif a bien du mal à faire front à la maladie de son fils. La légère Gaëlle est un appui précieux tout en étant animée par des motivations égoïstes et Matt se découvre de page en page. Ainsi tous ces protagonistes se révèlent curieusement réalistes au milieu d'un monde qui ne l'est aucunement. Et si l'intrigue est mal menée, avec rebondissements sortis d'on ne sait où et personnages secondaires dont on ne voit pas encore l'intérêt qui surgissent et disparaissent de nulle part, reste que je suis venue à bout sans trop de mal de ce premier tome de ce qui sera une trilogie. Avec toutes les casseroles que ce livre traîne, ça donne à réfléchir... En résumé c'est un ratage mais un ratage intéressant et prometteur. J'irais même voir ce que donne le second volume c'est dire.

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9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 12:32

L02.jpgJe suis ton soleil

Marie Pavlenko

éditions Flammarion Jeunesse

2017

 

Pour Déborah, l'année de terminale commence franchement mal : son chien a mangé ses chaussures, sa meilleure amie Eloïse n'est pas dans sa classe et pire la délaisse pour Erwann, son nouveau petit ami, sa mère agit de façon bizarre, découpant de façon frénétique des photos dans des magazines, et elle a surpris dans la rue son père avec une inconnue. Ses notes chutent, elle se sent dériver mais heureusement, le destin lui fait rencontrer Jamal, alias Mygale-Man et Victor, un petit nouveau dont elle va très vite (oh surprise!) tomber amoureuse.

Je ne peux pas dire que ce roman soit un coup de coeur. Je trouve qu'il y a un peu trop de thématiques abordées : on y parle d'adultère et de séparation, de premier amour et d'homosexualité, d'IVG et de suicide... Pour ma part je trouve que ça fait un peu beaucoup et cela oblige à saborder certains personnages secondaires qui auraient gagné à être développés, Jamal, le père ou la grand-mère de l'héroïne par exemple (la lettre qu'elle écrit à Déborah est le moment qui m'a curieusement le plus touchée dans l'histoire) Je ne suis pas non plus convaincue que l'histoire d'amour était indispensable car, là encore, elle est traitée sans originalité et n'apporte aucun regard neuf. En revanche, l'écriture est un bijou d'humour et de tendresse, un savant mélange de comique et de mélancolie. L'auteur adopte le point de vue de son héroïne sans concessions, en adoptant ses états d'âme, que ce soit contre son père qui trahit sa mère, contre sa copine qui la délaisse ou contre la rivale parfaite contre laquelle elle ne peut pas lutter. Cependant, de temps à autre, les interactions avec les autres personnages nous montre discrètement que Déborah n'est peut-être pas toujours de bonne foi... Si je ne suis pas fan du personnage de la mère, préférant largement à cette dernière le père plus réservé, j'ai trouvé la relation avec sa fille des plus touchantes. Parsemé de références de chansons et de romans, Je suis ton soleil est un joli livre qui n'est pas à l'abri de quelques clichés mais qui a beaucoup de fraîcheur et donne envie de sourire malgré tout à la fin de la lecture.

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5 avril 2017 3 05 /04 /avril /2017 09:35

L02.jpgRagdoll

Daniel Cole

éditions Robert Laffont

2017

 

Un corps est retrouvé, cousu à la manière d'une poupée de chiffon. Et pour cause : ce corps est constitué de six cadavres différents, mais lesquels ? l'inspecteur Fawkes, fraîchement réintégré à la Metropolitan Police de Londres reconnaît sans peine la tête, celle de Naguib Khalid, un tueur d'enfants qui lui avait valu sa mise à pied et même un séjour à l'asile psychiatrique. Mais à qui appartiennent les autres membres ? Le mystère s'épaissit lorsque l'assassin diffuse une liste des six prochains meurtres qu'il compte accomplir : Wolf est le dernier de la liste. Le compte à rebours est lancé.

Ragdoll est un bon roman policier qui parvient à donner corps à ses personnages principaux, les enquêteurs, sans pour autant négliger l'intrigue de base, ce qui n'est pas toujours évident. Pour une fois, même si j'avais subodoré certains éléments, je n'ai pas réussi à prédire la fin. Le récit est sombre, les descriptions dures mais ça ne tombe jamais dans le gore ou le sanguinolent alors que rien n'était plus facile. De même l'auteur parvient à éviter une ambiance trop pesante par le biais de Edmunds, le bleu de l'enquête qui découvre avec joie les aléas de la vie de flic, tiraillé entre son travail et sa vie familiale. Dire après que c'est l'oeuvre du siècle me semble un tantinet exagéré : si le style suit, l'auteur cède volontiers à quelques facilités  et le final abrupt est un peu raté. Rien d'inoubliable donc mais un polar honnête et un auteur sur qui il faut probablement garder un oeil.

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29 mars 2017 3 29 /03 /mars /2017 18:42

L01.jpgBiographies animales

Eric Baratay

éditions du Seuil

2017

 

Un ouvrage qui entend se consacrer à des biographies animales... Quand vous entendez ça, sans doute vous imaginez-vous un de ces énièmes livres un peu gnangnans et anecdotiques sur le chien de Stéphane Bern ou le cheval de Henri IV. Il n'en est rien : l'approche de Eric Baratay, historien spécialisé dans l'histoire animale, est beaucoup plus originale. L'auteur divise son livre en plusieurs parties : dans l'une, la plus "classique", il s'intéresse à deux destins animales, celui de la première girafe importée en France sous Charles X et de Warrior, un cheval utilisé lors de la première guerre mondiale. Dans une seconde partie, il nous parle de deux autres animaux mais cette fois en adaptant sa narration au ressenti de l'individu : qu'a ressenti l'âne de Stevenson lors de son fameux voyage dans les Cévennes et quelles étaient les sensations d'un taureau lors d'une tauromachie qui coûta la vie au toréador ? La troisième partie s'interroge sur l'attrait pour certains animaux à une époque donnée en se penchant cette fois sur le cas de deux chimpanzés. Enfin, l'ultime chapitre s'emploie à démontrer l'évolution du chien à travers le portrait de quatre bêtes qui ont noué des relations bien différentes avec leurs maîtres selon les époques.

Le point de vue adopté est résolument celui de l'animal et c'est sans doute ce qui fait la force de cet essai qui par ailleurs explique en substance qu'il existe une histoire animale tout comme il existe une histoire des hommes. Croire que le chien a toujours été ce qu'il est ou que le comportement du chat est demeuré le même au fil des siècles est une grave erreur. A l'instar des humains, l'animal a été amené à évoluer et à s'adapter à un monde en perpétuelle mutation. En s'appuyant sur des individus, Eric Baratay parvient ainsi à esquisser cette évolution. Si l'idée me plaît je suis moins fan de l'écriture qui, pour représenter la perception de l'animal, joue sur les phrases courtes, hachées, les italiques et les redondances : c'est parfois un peu maladroit mais je dois admettre ceci dit que l'effet est réussi. Le lecteur se sent souvent mal à l'aise en se rendant compte à quel point les sensations d'une bête diffèrent de celles qu'on lui prête et les souffrances endurées par l'âne de Stevenson ou le taureau condamné à mort pour assouvir la soif de sang d'humains idiots sont très bien rendues par un auteur qui par ailleurs maîtrise parfaitement son sujet. Un ouvrage instructif pour tous ceux qui de près ou de loin s'intéressent à la cause animale ou plus simplement à l'histoire.

 

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 12:02

L02.jpg
Rage

Orianne Charpentier

éditions Gallimard Jeunesse

2017

 

Son nom d'avant, personne ne le connaît plus. Désormais elle s'appelle Rage, du surnom que lui donne son amie. Rage est une jeune fille fragile, paumée, alternant crises de colères et crises de panique. Réfugiée en France, elle vient d'un pays qui n'est pas nommé, mais marqué par la violence et la guerre. Rage a perdu là-bas toute sa famille et tous ses repères : isolée elle ne fait plus confiance (et encore) qu'à sa colocataire, la gentille Artémis, elle aussi réfugiée. Jusqu'à ce soir décisif où, embarquée de force à une fête chez un inconnu, elle tombe nez-à-nez avec un chien poursuivi par des hommes. Il semble terrifié et maltraité et dans ses yeux Rage y lit sa propre souffrance : sans même en prendre conscience elle décide le prendre sous son aile et, en l'espace d'une nuit décisive, va réapprendre à aimer et à faire confiance.

Ce court roman ado n'est pas vraiment un coup de coeur. Je trouve ça un peu facile au niveau du style : des phrases très courtes, des descriptions brèves et chocs, un abus manifeste des pronoms personnels... Une écriture qu'il me semble avoir déjà vu des dizaines de fois, efficace certes mais pas franchement audacieuse. Le début m'a ennuyée. En revanche, dès le moment où Rage croise le chien, l'histoire prend un tour plus intéressant, établissant un parallèle entre ce pelé mal en point et hargneux et la jeune réfugiée. Chacun blessé à sa manière va pouvoir se guérir au contact de l'autre le temps d'une nuit où, pour sauver l'animal, Rage va être également amenée à devoir s'appuyer de nouveau sur ses semblables. C'est touchant, émouvant, s'approchant à la limite du pathos sans jamais y tomber cependant. Un petit roman ado sans originalité mais agréable qui revisite le thème de l'apprivoisement.

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23 mars 2017 4 23 /03 /mars /2017 18:20

L10Moby Dick

Melville

éditions Gallimard

1851

 

Ishmaël a parfois des idées noires alors, pour changer d'air, il prend la mer : il aime à s'embarquer sur l'océan pendant quelques années et travailler sur un navire, oublieux de tout si ce n'est de cette vie aventureuse et comme entre parenthèses. Un jour, il croise Queequeg, un sauvage des îles lointaines devenu harponneur et, sympathisant rapidement avec lui, décide de s'engager avec lui sur un baleinier. Mais ce baleinier n'est pas tout à fait comme les autres : il est dirigé par le capitaine Achab, un homme obsédé par l'idée de capturer et de tuer Moby Dick, une baleine blanche dont le nom est devenu légendaire et qui, autrefois, lui a arraché la jambe. Pour assouvir sa vengeance Achab est prêt à tout, y compris à mettre son équipage en danger...

Moby Dick est un monstre de la littérature américaine et une référence pour beaucoup. J'avoue pour ma part être assez partagée sur ce roman-fleuve qui joue avec toutes les règles de la narration et maîtrise aussi bien le style comique que le tragique. Cependant à mon sens, c'est long. Les nombreuses digressions sur les baleines et leur anatomie peuvent lasser. De plus le livre est violent et cruel : ce n'est que baleines tuées, hommes et animaux qui se livrent un combat sans merci sur une mer imprévisible et sauvage. L'homme est au coeur d'un monde sans pitié qui ne pardonne pas ; dès ses premiers jours sur le Péquod, Ishmaël comprend qu'il risque sa vie en permanence, tout ça pour au final rapporter quelques tonneaux d'huile. La quête du baleinier est une quête qui paraît bien dérisoire et ne semble au fond qu'un prétexte pour se mesurer à la nature indomptée que représente la baleine. Achab pousse la logique du baleinier jusqu'au bout puisqu'il ne cherche même pas à justifier sa chasse, mais si son équipage le suit dans son délire vengeur y compris son second, le sage Starbuck, c'est bien que cet équipage comprend au fond l'obsession de son chef. Ce combat perpétuel est ce qui fait sans conteste la force du roman ; la fascination et la répugnance pour une sauvagerie que chacun traque tout en sachant pertinemment qu'elle n'est que l'exutoire à leur propre nature. Pour ma part, cela m'a mise parfois mal à l'aise et j'ai trouvé particulièrement violentes certaines descriptions : l'agonie d'une vieille baleine, le massacre des requins, le matelot qu'on laisse tomber à l'eau... Je reconnais cependant à l'ensemble un certain génie et il faut saluer la qualité d'écriture qui joue avec tous les codes de la littérature, intégrant au roman saynètes, définitions, moments franchement comiques (la rencontre entre Ishmaël et Queequeg par exemple) ou au contraire très émouvants. Le final est tout particulièrement déchirant. Que dire de plus ? Je ne reviendrai pas sur le roman perçu comme une allégorie, la quête impossible d'Achab vu comme une quête de l'éternel (la baleine blanche semble dans le roman comme immortelle et inaccessible)  d'une part parce que je pense que cela a déjà été traité et, d'autre part, parce que je ne suis pas tout à faire sûre que l'auteur aurait apprécié que son roman soit réduit à ça. Roman d'aventure par excellence, ambitieux, Moby Dick présente bien des visages : on aimera ou on n'aimera pas mais une chose est sûre, l'ouvrage ne laissera pas indifférent.

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