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16 janvier 2018 2 16 /01 /janvier /2018 12:58

L'histoire du garçon qui voulait vivre dans un bocal

Lisa Thompson

éditions Pocket Jeunesse

2017

 

Matthew a treize ans et, comme apparemment 90% des enfants de la littérature jeunesse actuellement, il souffre de tocs : il a la phobie des microbes, passe son temps à nettoyer (ça m'arrangerait qu'il vienne chez moi) et à se laver les mains au point de les faire saigner. Du coup, il ne sort quasiment pas de sa chambre et sa distraction principale, hormis parler à la tache sur le papier peint en forme de lion, est d'observer ce que font ses voisins (activité qui ne diffère pas à tout prendre de celle de ma vieille voisine). C'est ainsi qu'il est le dernier à voir un enfant de quinze mois, en visite chez son grand-père, avant que celui-ci ne disparaisse au coeur d'un chaud après-midi. Intrigué, Matthew décide de mener l'enquête mais, c'est compliqué de le faire de chez soi aussi réquisitionne-t-il les services de Melody, sa petite voisine rigolote et un peu folle avec qui il va apprendre (un peu) à lâcher prise.

Le sujet n'est pas d'une originalité folle, il faut l'admettre, mais ce roman pour les 10/12 ans reste plutôt sympathique à lire. D'une part, parce qu'il parvient à être drôle malgré des thématiques pas forcément folichonnes (tocs, enfant disparu, deuil périnatal) et qu'il traite tous ces sujets délicats avec beaucoup de légèreté et de sensibilité. Le lecteur, à l'image du garçon cloîtré dans sa chambre, se laisse de plus vite prendre au jeu d'une intrigue rondement menée et qui fonctionne comme un huis-clos centré sur des voisins plus ou moins louches. Pour résumer, c'est frais et sans prétentions.

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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 12:04

Adam Bede

George Eliot

1859

 

Bon, la période un peu délicate est passée, il est temps de souffler et de revenir hanter ce blog. Et on revient avec les 1001 livres ! Cachez votre joie surtout.

Adam Bede est un brave garçon, travailleur et intelligent, qui porte sa famille à bout de bras, son frère rêveur et amoureux d'une prédicatrice un tantinet illuminée, Dinah, sa mère Lisbeth et son père alcoolique. Lui-même ne s'autorise guère les rêveries mais nourrit une passion plus ou moins secrète pour la très jolie Hetty Sorrel, cousine par alliance de Dinah. Las! Ce qu'il ignore c'est que Hetty, coquette invétérée, n'éprouve guère de sentiments pour lui et lui préfère Arthur Donnithorne, le futur maître du domaine. Ce dernier, même s'il sait que c'est mal et qu'il ne peut épouser en aucun cas épouser une jeune fille qui n'est pas de son rang, succombe à la tentation et la séduit. L'aventure va très vite tourner mal...

C'est un roman assez curieux à dire vrai, empreint à la fois d'une certaine modernité et d'un archaïsme déroutant. Disons-le franchement, le héros éponyme de l'histoire ne présente guère d'intérêt, englué qu'il est dans son sens du devoir et de sa morale rigide. Son seul intérêt réside dans l'amour qu'il porte à Hetty et qui lui fait perdre de temps en temps sa carapace de vertu. Quant à Dinah, la bigote illuminée qui prêche l'austérité et la tempérance, elle est tout bonnement insupportable. Il faut plutôt chercher l'intérêt de l'histoire dans les personnages secondaires, le révérend plus enclin à écouter ses fidèles qu'à leur lire la Bible, le jeune Arthur qui lutte sans vraiment lutter contre ses pulsions et y succombe en se cherchant des excuses, gentil mais faible, et enfin Hetty, la jeune fille "perdue" coupable d'avoir cédé à des passions interdites et visé plus haut que son état. Pour ma part, c'est ce couple que j'ai trouvé le plus crédible et le plus touchant paradoxalement, ainsi que le jeune frère d'Adam, Seth, le fils moins aimé et l'amoureux malchanceux. Si Adam Bede se révèle moderne, c'est dans sa volonté affichée d'éviter tout manichéisme : l'auteur elle-même prend la parole au cours du récit pour défendre l'idée de personnages en ombre et lumière. Je suis en revanche plus que réservée pour ne pas dire franchement mécontente de la fin du roman, moralisatrice et, à mon sens, un peu injuste. Je reste de ce fait un peu mitigée sur un récit qui, par ailleurs est d'un style impeccable et qui parvient à rendre compte parfaitement des affres de la passion et du devoir...

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7 novembre 2017 2 07 /11 /novembre /2017 14:48

Entre deux mondes

Olivier Norek

Michel Lafon

2017

 

ça a parfois du bon de ne pas lire le résumé d'un roman avant de se plonger dedans. En effet, si j'avais connu l'histoire de Entre deux mondes, pas sûr que je l'aurais emprunté et je serais passée à côté d'un livre qui mérite pourtant le détour.

Le roman débute assez fort, à bord d'un vieux bateau transportant des migrants clandestins : un passeur décide de balancer par dessus bord une gamine qui n'arrête pas de tousser et qui risque de les faire repérer par la suite. Flash-back : le lecteur fait la connaissance d'Adam un policier syrien qui, sous couverture, aide une organisation à révéler les atrocités commises par le régime. Craignant pour sa sécurité et celle de sa famille, il fait partir sa femme et sa fille en catastrophe. Là notre sang se glace quand nous réalisons que la gentille petite d'Adam n'est autre que l'enfant dont le passeur veut se débarrasser.... Quelques péripéties plus tard, nous retrouvons Adam à Calais qui, ignorant tout de ce qui est arrivé à sa famille, les attend dans la Jungle et montre leurs photos à tous les autres migrants. Son chemin croise celui de Bastien, un policier fraîchement muté et qui prend peu à peu conscience que la vie de flic ici est tout sauf simple.

Classé en polar, Entre deux mondes se distingue moins par une intrigue au demeurant assez simple que par une réflexion sur la question des migrants et de la Jungle de Calais, cette zone qui a fait longtemps polémique. Avec talent, l'auteur évite  l'angélisme, pointant du doigt des policiers à bout et une population excédée mais n'en relève pas moins les aberrations d'un endroit dont personne ne veut s'occuper, devenu zone de non-droit et dont les habitants se voient tout à la fois libres et paradoxalement privés de toute aide si ce n'est celle des bénévoles, tentant chaque soir d'atteindre un Eldorado, l'Angleterre, qui leur est refusé. Norek parvient à nous faire saisir toute la complexité de la situation en adoptant les deux points de vue, celui du policier français un peu désarçonné par ses nouvelles fonctions, et celui d'Adam, le migrant clandestin qui a tout perdu et qui ne s'accroche qu'à l'espoir de retrouver sa femme et sa fille avant de tenter lui-même de traverser la Manche. Les situations décrites sont cruelles (viols d'enfants, traque de clandestins, scènes de tortures) et le style efficace et dépourvu de fioritures témoigne d'une connaissance approfondie du sujet par l'auteur. En un mot je me suis laissée porter par une histoire qui, fait rare, parvient tout à la fois à captiver son lecteur et à le faire réfléchir.

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4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 11:56

Rain

Virginia Bergin

éditions Bayard

2014

 

La vie de Ruby Morris prend un tour plutôt sympa ces temps-ci. Certes elle doit se coltiner son beau-père Simon, amateur d'oiseaux et de randonnées, certes son petit frère d'un an la réveille la nuit, mais après des semaines d'approche elle a enfin pu embrasser le beau Caspar dans le jacuzzi de son ami Zac. Hélas, tout dégénère assez vite lorsqu'elle voit arriver affolés les parents de ce dernier qui enferme tous les adolescents chez eux. La pluie arrive et la pluie est désormais devenue mortelle, transportant un virus extraterrestre tueur et extrêmement contagieux. En quelques heures, le quotidien de Ruby vole en éclats.

Je sais ce que vous allez me dire : c'est encore une dystopie, comme il y en a désormais des centaines, et vous commencez à en avoir assez. Certes. Mais celle-ci est très originale : non pas par le sujet mais par le style et par la façon dont est racontée l'histoire. Pour vous donner une idée, tandis que je lisais cet ouvrage, je lisais en parallèle le nouveau John Greene. J'ai dû arrêter car les deux romans se mêlaient dans mon esprit. Sauf que dans l'un rien de dramatique ne risque d'arriver si ce n'est une histoire d'amour et quelques larmes, tandis que dans Rain, l'humour omniprésent n'est rendu que plus grinçant par la cruauté du sujet, une adolescente qui voit sa famille et ses amis décimés et qui essaie de rester légère dans un monde apocalyptique. Il faut dire aussi une chose : Ruby est drôle. Si la plupart des protagonistes de dystopies ne sont jamais très crédibles, se transformant en super-warriors bienveillants, notre héroïne elle réagit comme les personnages secondaires habituels : elle oublie sans cesse qu'elle doit faire attention à l'eau et ne doit sa survie qu'à l'intervention de son beau-père et beaucoup de chance, elle pille les magasins de vêtements pour se faire le look dont elle rêve, elle pique tous les animaux de compagnie de ses voisins avant de réaliser qu'ils ne cohabitent pas forcément tous ensemble, est un peu perdue sans sa mère.. Le décalage entre la narration et le sujet produit de ce fait un mélange détonnant, un humour corrosif qui ne nous épargne pas les descriptions gores (le chien qui se promène tout content avec le bras de la voisine, l'odeur de la mère et du bébé qui pourrissent dans la chambre...) et ne les rend que plus horribles. Sous ce style faussement léger transparaît très souvent la douleur de Ruby (lorsqu'elle chante la berceuse de sa mère ou qu'elle abandonne l'un des chiens par exemple) qui n'a au fond que son humour et sa désinvolture apparente pour se réapproprier un monde qui lui est devenu hostile et effrayant. Jamais l'humour n'a été autant la politesse du désespoir...

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10 octobre 2017 2 10 /10 /octobre /2017 09:44

Remade

Alex Scarrow

2016

éditions Casterman

 

Léo est un adolescent angoissé, fragilisé par la séparation de ses parents et par son déménagement en Angleterre alors qu'il a vécu à New York la majeure partie de son existence. Il souffre de terribles migraines et a du mal à s'intégrer dans son nouveau lycée alors que sa soeur Grace, douze ans, est déjà devenue la coqueluche du collège. Mais tous ses problèmes paraissent tout à coup bien dérisoires lorsqu'un mystérieux virus se propage à allure folle à travers le monde et liquéfie littéralement les gens en quelques heures. Plus grave ce virus extrêmement contagieux est doué de réflexion et semble poursuivre un objectif, mais lequel? Léo, Grace et leur mère parviennent à quitter Londres in extremis mais découvrent rapidement que leurs ennuis ne font que commencer.

Encore un roman adolescent apocalyptique mais qui pour le coup semble prendre un malin plaisir à détourner les codes du genre. Notre héros Léo est loin d'en être un : pas franchement sportif, pas franchement courageux, ses migraines à répétition et ses doutes en font un adolescent crédible qui doit sa survie à de monstrueux coups de chance et à des parents dévoués. Sa soeur Grace elle est un prototype de l'enfant américaine tête à claques des films d'action comme l'auteur se plaît malicieusement à le souligner au début du récit : "Grace essayait de parler comme une adulte mais, la plupart du temps, on avait l'impression d'entendre un de ces enfants acteurs ultra-précoces qui parlent de "dialogue intérieur" et de "motivation du personnage" dans leurs interviews." mais dont la fausse assurance se heurte bientôt à une réalité atroce et la fait redevenir ce qu'elle n'a jamais cessé d'être, une petite fille terrifiée. A de nombreuses reprises tout au long du roman, Alex Scarrow joue ainsi avec les clichés du film catastrophe : Léo espère trouver un vieux misanthrope bourru qui les accueillerait chez eux et qui s'ouvrirait par la même occasion mais tombe sur un musulman avenant qui a combattu en Syrie, une histoire d'amour s'ébauche avec une autre rescapée, sauf qu'il s'agit d'une adolescente atteinte de sclérose en plaque qui s'exprime avec difficulté... Le livre fourmille de clins d'oeil mais ne croyez pas pour autant qu'il s'agit d'une parodie car, pour ma part, j'ai rarement lu quelque chose d'aussi violent en littérature jeunesse : des personnages qui tombent comme des mouches, des descriptions gores parfois à la limite du soutenable, et une scène à la fin du livre qui se révèle d'une cruauté que peu d'auteurs pour adultes auraient osé. Ames sensibles s'abstenir car ce roman à mi-chemin entre Le Fléau de Stephen King et Ennemis de Higson a de quoi faire passer quelques nuits blanches.

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8 octobre 2017 7 08 /10 /octobre /2017 11:56

La fourmi rouge

Emilie Chazerand

éditions Sarbacane

2017

 

Vania; quinze ans, n'a pas de chance : en plus d'être affligée d'un nom à coucher dehors et d'un ptosis congénital à l'oeil gauche, elle vit seule avec son père, taxidermiste qui l'humilie régulièrement en venant la chercher avec sa voiture de fonction et en lui faisant offrir des chatons empaillés à ses copines. Bref, comme pratiquement toutes les héroïnes des romans du genre, c'est une adolescente complexée sur qui la malchance semble s'acharner et le souffre-douleur de la fille la plus populaire du lycée. Jusqu'au soir où elle reçoit un mail étrange, brutal, qui lui reproche sa passivité, l'accuse d'être une fourmi noire et l'invite à devenir une fourmi rouge, une fourmi qui se démarque de ses congénères. Mais qui est l'auteur de ce mystérieux message ? Son père ? Sa meilleure amie, la belle mais puante Victoire, son meilleur ami et voisin de palier Pierre-Rachid ?

Rien d'original dans ce récit qui n'est pas sans m'avoir fait beaucoup penser à Je suis ton soleil de Pavlenko. Ceci dit j'ai préféré La fourmi rouge dont le ton est beaucoup plus cynique et l'humour un peu plus vachard. Emilie Chazerand trimballe Vania de situations humiliantes en situations humiliantes tout en cultivant le mystère qui entoure la "mort" de sa mère. Elle n'épargne pas son héroïne qu'elle présente comme une adolescente mal dans sa peau et (souvent) un peu pénible, qui ment comme elle respire et qui porte un jugement sans concessions sur elle-même et les autres. Si on peut regretter quelques clichés (la fille populaire du lycée qui est, bien évidemment, une peste superficielle pleine de préjugés, le bellâtre crétin contre le meilleur ami amoureux discret) il faut aussi saluer des trouvailles plutôt drôles : Pierre-Rachid qui, pour sortir plus tard, fait croire à ses parents qu'il se radicalise, le père et son association d'hommes esseulés, et, surtout, l'histoire de la mère de Vania. Mais là on vous laisse le suspens. L'auteur évite avec sagesse la guimauve qui est loin d'être son fort et préfère rester dans la pudeur et la suggestion (l'amour inconditionnel qui existe entre le père et sa fille, l'amitié qui unit Vania et Victoire) tout en suggérant une jolie morale : la malchance peut aussi être une force, il suffit juste d'en tirer le meilleur parti possible.

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 10:47

Nord et Sud

Elizabeth Gaskell

éditions Points

1855

 

Margaret a de quoi avoir le cafard. Après avoir passé des années dans l'ombre de sa cousine Edith à Londres, menant une vie mondaine et bien remplie et après être retournée quelques mois auprès de ses parents dans la tranquille petite ville de Helstone dans le Sud de l'Angleterre pour y mener cette fois une existence paisible mais tout aussi satisfaisante, voilà que son père, pasteur, pris d'une crise mystique, décide de renoncer à sa charge et de devenir professeur dans une ville du Nord, embarquant fille et femme dans l'aventure. A Milton, bourgade ouvrière, l'air est saturé de la fumée des usines et patrons et ouvriers sont en lutte incessante. D'abord effrayée par le climat inhospitalier et par la rudesse des habitants, Margaret sent peu à peu sa conscience sociale s'éveiller au contact de Nicolas Higgins, un syndicaliste véhément, et de John Thornton, un patron de filature froid et orgueilleux...

Nous retrouvons Elizabeth Gaskell dans un ouvrage à mille lieues de Cranford. Si Cranford en effet évoquait un monde clos et à tout prendre rassurant, Nord et Sud est une véritable gifle, mettant en scène sans complaisance la réalité des milieux industriels de l'Angleterre du XIXe siècle et la férocité d'un monde où l'argent a pris la place des valeurs humaines. Bon attention hein: nous ne sommes pas non plus dans Germinal et l'auteur se garde bien d'adopter un parti tranché sur la question, se contentant d'alterner point de vue des patrons et des ouvriers sans vraiment se prononcer elle-même. De fait, je ne suis pas franchement éblouie par la dimension sociale de l'ouvrage : je le suis davantage par la construction des personnages. En effet, si Margaret est plutôt décevante de ce point de vue là, se contentant d'être la jeune fille parfaite sous tous rapports, pieuse, douce, fille aimante, charitable etc. bref l'héroïne ennuyeuse par excellence (elle passe beaucoup de temps à pleurer) tous les autres protagonistes sont beaucoup plus aboutis que ce soit le père de Margaret, l'ancien pasteur tiraillé entre sa conscience et ses ambitions, Dixon, la femme de chambre revêche mais entièrement dévouée à sa maîtresse, la mère de Thornton à la fois diablement antipathique et diablement émouvante dans son amour inconditionnel pour ses enfants, et enfin et surtout Thornton, froid, ambitieux, impitoyable mais juste et surtout amoureux fou d'une femme qui ne lui rend pas son amour et qu'il continue bien malgré lui à aimer. Les tourments de sa passion contrariée pour Margaret ainsi que ses efforts vains pour s'en dépêtrer font tout ce qui fait le charme d'un roman parfois un peu sirupeux mais qui se garde de tomber dans la bluette victorienne, grâce notamment à des descriptions violentes (la grève, la pauvreté des Higgins, les morts) qui forment un contraste fort avec le monde insouciant et frivole que Edith et sa mère s'essaient en vain de préserver.

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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 10:18

L'aube sera grandiose

Anne-Laure Bondoux

éditions Gallimard Jeunesse

2017

 

Quelle mouche a donc piqué Titania, auteur de romans à succès,  pour qu'elle vienne chercher subitement sa fille Nine, seize ans, à la sortie du lycée, bagages en main alors que la jeune fille a le soir même une fête? D'abord furieuse contre sa mère, Nine est rapidement intriguée lorsque celle-ci l'emmène dans une cabane perdue au bord d'un lac et commence à lui raconter une histoire, la sienne et celle de sa famille. Pendant toute la nuit, l'adolescente va découvrir une saga familiale assez étonnante et prendre connaissance d'un héritage dont elle ignorait tout. Quand l'aube viendra, elle ne sera définitivement plus la même...

La force de L'aube sera grandiose tient dans sa construction même, l'alternance entre passé et présent, qui installe le lecteur dans le rôle de Nine, ignorant comme elle toute l'histoire et l'apprenant au fil des heures de la nuit. Pas de fantastique ni de situations particulièrement insolites dans ce roman pour adolescents mais des personnages attachants et un récit familial qui se construit autour d'un père absent et d'une mère, Rose-Aimée, trop présente. Si l'histoire ne nous épargne pas quelques clichés (les catholiques coincés et rétrogrades, les militants gauchistes dangereusement exaltés) elle réserve en revanche beaucoup de jolis moments (la complicité entre Orion et Vadim, les vacances à la mer de la famille) et nous propose une promenade à travers la France des années 70 et 80. Si j'ai été un peu frustrée par une réflexion sur l'argent qui reste inaboutie et sur beaucoup de non-dits qui, à mon sens, auraient gagnés pour une fois à être développés, j'ai été en revanche séduite par une intrigue bien menée, un certain sens du suspens et par un final qui évite confiture de mélasse et sucre pur Un ouvrage intéressant qui me permet de découvrir un auteur que je n'avais jamais lu jusque là.

 

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3 septembre 2017 7 03 /09 /septembre /2017 10:08

Calpurnia et Travis

Jacqueline Kelly

éditions Ecole des Loisirs

2009

 

Calpurnia, treize ans, se passionne pour les sciences. Rien ne l'enthousiasme plus que de partir dans les bois avec son grand-père et d'observer la nature et les animaux. Son petit frère Travis est également un amoureux des animaux mais lui se soucie peu de les disséquer ou de les analyser : il les rapporte plutôt à la maison et tente de les apprivoiser, avec plus ou moins de succès (vous avez déjà essayé d'apprivoiser un tatoo ? Travis oui) au grand dam de ses parents. La vie des deux enfants et de toute leur famille prend un nouveau tournant le jour où un ouragan ravage la côte du Texas et contraint Angie, la cousine de Calpurnia, à emménager avec eux, tandis qu'un vétérinaire devient leur voisin. Si le courant ne passe pas forcément avec Angie, parfaite demoiselle, Calpurnia est vite fascinée par l'activité du dit vétérinaire et se demande même si ce n'est pas là sa vocation. Hélas, si ses parents verraient d'un bon oeil Travis choisir cette voie, il n'en est pas de même pour Calpurnia : nous sommes en 1900 et les horizons d'une jeune fille sont plus que limités...

ça faisait longtemps que nous n'avions pas parlé de littérature jeunesse et il est bon d'y revenir avec un roman assez intéressant dans la lignée de Miss Charity de Marie-Aude Murail.  Calpurnia, la narratrice de l'histoire, est une jeune fille dynamique, réfléchie et curieuse, qui se retrouve par la force des choses entraînée dans des histoires invraisemblables et des mensonges par la faute de son frère Travis, mais qui ne craint pas elle-même d'affronter les ennuis en se laissant guider par sa passion pour les sciences et la littérature. Bien résolue à ne pas rester à la place qui lui a été assignée dans une fratrie où elle est la seule fille, elle se démarque et parvient notamment à tirer son épingle du jeu avec la complicité de son bon-papa. Face à ce personnage de petite savante, nous avons Travis, l'amoureux des animaux, un garçon attachant et naïf dont le caractère sensible tranche souvent avec la froideur toute scientifique de sa soeur. Ce couple improbable et pourtant profondément lié l'un à l'autre fait tout le charme d'un roman plein d'humour, avec une réflexion "féministe" (Calpurnia mais aussi sa cousine Aggie bien que d'une toute autre façon, sont des personnages qui n'ont pas l'intention de se laisser dicter leur conduite) qui, heureusement, ne prend jamais le pas sur l'intrigue et ne vire pas à la leçon de morale sans intérêt. Un joli moment de lecture.

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15 août 2017 2 15 /08 /août /2017 09:59

Walden

Henry D.Thoreau

éditions le Mot et le reste

1854

 

Bien que ce ne soit pas un roman, Les 1001 livres... (encore eux) ont choisi de mettre un livre à l'honneur, le très célèbre Walden de Thoreau. Walden c'est le récit d'un auteur qui, pendant deux années, a vécu dans les bois, près du lac Walden aux Etats-Unis, dans une cabane qu'il a lui-même construite. Il livre une réflexion sur cette expérience et en tire ses propres conclusions sur un mode de vie qui lui semble le mieux adapté au bonheur de l'homme, une vie frugale mais simple, plus proche de la nature et sans angoisses.

Walden, contrairement à ce que je croyais moi-même au début, ne se présente pas comme un récit linéaire qui retracerait les deux ans de A à Z. Il ne s'agit pas d'un journal de bord mais d'une réflexion plus vaste, un ouvrage travaillé et retravaillé pas moins de huit fois et dont la structure même est élaborée afin de permettre à Thoreau d'exprimer ses ressentis et ses conclusions sur une expérience qui l'a profondément marqué. Si j'ai apprécié l'aspect écologique de l'ouvrage et la vision novatrice du narrateur qui, un siècle et demi avant nous, nous met en garde contre une économie de la surenchère et d'un mode de vie qui détruit la nature, si j'ai beaucoup aimé les descriptions du lac gelé et des animaux qui viennent rendre visite à Thoreau dans sa retraite, si j'ai été touchée par une certaine poésie qui se dégage de l'oeuvre, j'ai été en revanche oserai-je l'avouer ? un peu agacée, par le ton suffisant de l'auteur. J'aime les livres qui doutent, les ouvrages qui interrogent plus qu'ils n'affirment et Walden n'est rien de tout cela. Thoreau est dans la démonstration de force, n'hésitant pas à considérer ceux qui ne pensent pas comme lui avec un certain mépris, omettant des détails (comme nous le révèle l'appareil critique) quand cela l'arrange et ayant de toute évidence une très haute opinion de lui-même. De ce fait, si Walden est encore aujourd'hui un monument de la littérature, c'est pour moi un monument figé et si j'ai apprécié d'un point de vue purement littéraire, je n'ai pas été du tout touchée par un récit qui, à mon sens, manque de fraîcheur et de spontanéité. 

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