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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 10:02

L05.jpgSkin trade

George R.R. Martin

éditions J'ai Lu

1989

 

Et non, n'ayez pas de faux espoirs : aujourd'hui nous allons bien parler de George R.R Martin, l'auteur de Game of Thrones, mais pas de la suite de sa célèbre série qui, à ce jour, n'est toujours pas annoncée. Place en revanche à l'un de ses romans de "jeunesse", Skin Trade, paru il y a plus de vingt ans déjà mais traduit tout récemment.

Depuis l'assassinat de son père, Randi Wade, détective privée, ne cesse de s'interroger sur les circonstances de la mort de ce dernier : Frank Wade semble en effet avoir été dévoré par une bête sauvage, et ce alors qu'il enquêtait sur des disparitions suspectes de jeunes filles. Aussi, lorsqu'une vague de meurtres étranges frappe de nouveau la ville et que son ami Willie vient quémander son aide, Randie y voit l'opportunité de rouvrir la dossier même si les nouvelles victimes ne sont pas dévorées... mais écorchées.

Bon, disons-le tout net, Skin trade est bien loin d'être le roman du siècle. Très court (trop peut-être?), l'histoire est un peu confuse et l'intrigue va trop vite : les personnages ne sont qu'esquissés, le suspens laisse à désirer et la fin est plus qu'expédiée. L'auteur met en place tout un monde qu'il n'a pas le temps de développer ce qui fait que le lecteur se retrouve un peu perdu dans cet univers bâclé mettant en sène loups-garous et flics corrompus, familles au sang pur et héroïne déterminée à venger la mort de son père. Trop d'informations en si peu de temps découragent le lecteur. Dans ce livre ni tout à fait polar, ni tout à fait fantastique, on retiendra surtout le personnage de Willie, le loup-garou hyponcondriaque à la réplique cinglante et qui n'est pas tout à fait sans nous rappeler Tyrion dans Game of Thrones, et quelques scènes à glacer le sang... Pour le reste... et bien, je suis contente pour ma part que Martin se soit tourné par la suite vers la fantasy : à mon humble avis, notre époque ne lui convient pas vraiment.

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30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 14:21

L05.jpgDeep Winter

Samuel W.Gailey

éditions Gallmeister

2014

 

A la suite d'un accident qui a coûté la vie à ses parents, Danny est devenu simple d'esprit et n'a jamais quitté la petite ville de Pensylvanie de son enfance où il est méprisé et évité par la plupart des habitants. Sa seule amie c'est Mindy avec qui il partage le même jour d'anniversaire et qui s'est toujours montrée gentille avec lui. Mais Mindy se fait assassiner par son petit ami, l'adjoint du shérif et, manque de chance, c'est Danny qu'on retrouve au-dessus de son cadavre. Commence alors une longue nuit : poursuivi par le shérif et le meurtrier, par les frères de la victime  et par un policier de la ville, Danny est contraint de fuir pour un crime qu'il n'a pas commis. La chasse a commencé.

Ce livre est une belle déception. Un résumé alléchant, des critiques élogieuse... "Magnifiquement écrit et incroyablement dérangeant" dixit le New-York Times. Sur l'écriture je suis plutôt d'accord, même si le "magnifique" est peut-être un peu excessif : pour un premier roman cependant, Gailey ne se débrouille pas trop mal et a une jolie plume. Le style est fluide et la lecture agréable. En revanche, rien de moins dérangeant que cet ouvrage : certes, on part sur un postulat intéressant, celui d'un gentil benêt qui, du fait de sa différence, se retrouve accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Mais là où je m'attendais à un déferlement de haine, à une description de l'Amérique profonde dans toute sa splendeur, et bien nous n'avons qu'une intrigue banale et un portrait très lisse d'une communauté un peu bourrue mais au fond pas méchante. Le seul "méchant" de l'histoire, c'est l'adjoint du shérif, c'est celui qui boit, se drogue, tue les gens  et les biches sans remords. C'est lui qui fait accuser Danny, c'est lui qui commet pas mal d'atrocités et qui éclate d'un rire diabolique à la moindre occasion... J'avais rarement vu autant de manichéisme dans un livre mais là c'est fait : pire, cette phrase de Danny qui justifie ainsi la pensée de l'auteur : "Certaines personnes sont idiotes. D'autres sont intelligentes. Certaines sont gentilles, et d'autres sont méchantes. On est comme on est." Voilà voilà. Amis de la subtilité passez votre chemin. Le monde de Gailey est un monde de testostérone, de flics bourrus et d'épouses résignées. Vous vous attendiez à un portrait au vitriol, vous n'avez qu'une banale course-poursuite sans intérêt, ponctuée ça et là de quelques éléments surnaturels, de références religieuses bancales et d'un happy end d'un politiquement correct et d'une mièvrerie à faire pleurer. Dieu bénisse l'Amérique...

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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 10:07

L02.jpgL'homme au masque de brouillard

Eric Sanvoisin

éditions Auzou

2014

 

Oyonnick est un jeune magicien  qui sillonne RocheFlamme pour venir en aide à ceux qui ont besoin de lui. C'est un homme joyeux et insouciant. Mais, un jour, il est convoqué par le Conseil des Neuf Sages en urgence. En effet, depuis quelque temps, le conseil est attaqué : ses membres tombent mystérieusement malades un à un et leurs âmes sont soufflées. Oyonnick est chargé d'enquêter là-dessus d'autant plus que son oncle d'adoption est victime du même phénomène. Une enquête qui va le mener au coeur du Continent Flou à la poursuite d'un homme mystérieux au masque de brouillard.

Livre pour les 11-13 ans, L'homme au masque de brouillard n'est pas LE chef-d'oeuvre de l'année. L'intrigue est un peu brouillonne et trop rapide et  les personnages sont vite expédiés. En revanche, Eric Sanvoisin a une très jolie écriture, assez poétique et met en scène un univers intéressant jouant entre ombre et lumière, brouillard et clarté. J'ai apprécié aussi les relations entre les différents personnnages, en particulier entre Oyonnick et Réséda que l'auteur résume avec cette cruauté désarmante et assez rare dans un livre d'enfants : "Elle l'aimait encore. Lui, non." De même j'ai trouvé que c'était une bonne idée de ne pas faire d'Oyonnick le seul héros de l'histoire : certes, il joue une part importante mais il est sauvé plus d'une fois et n'aurait pas pu s'en sortir tout seul sans l'aide d'autres protagonistes que Sanvoisin prend le temps d'étudier et de décrire. Vous l'avez compris : L'homme au masque de brouillard n'est guère adapté à un public adulte et ennuiera je pense de grands adolescent. En revanche, il me semble plutôt bien adapté pour un public plus jeune, amateurs en herbe de fantasy...

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 09:57

L05.jpgHouellebecq économiste

Bernard Maris

éditions Flammarion

2014

 

J'avais promis de parler un peu de l'actualité littéraire, et c'est avec un livre sur Houellebecq que nous allons démarrer... écrit par un économiste. Bernard Maris, chroniqueur à Charlie Hebdo, est  l'auteur notamment de l'Antimanuel d'économie. Avec Houellebecq économiste, c'est véritablement une déclaration d'amour qu'il adresse à l'auteur des particules élémentaires puisqu'il le considère comme un économiste hors pair, qui par le biais de l'écriture, parvient à parler du capitalisme, de la loi de l'offre et de la demande, de la consommation, etc. Pour cela, Bernard Maris nous invite à travers chaque chapitre à lire Houellebecq par le biais de grands économistes comme Marx, Keynes et, surtout, Schumpeter et à constater par nous-même que ses livres ont su résumer l'essence même des grandes théories économiques. C'est à ce moment-là que vous êtes supposés avoir les yeux mouillés d'émotion.

Que ce soit clair, je n'ai lu aucun ouvrage de Houellebecq et je n'envisage pas de le faire dans un avenir proche, d'une part parce que le personnage public m'est insupportable et, d'autre part, parce que rien ne m'a convaincue dans les extraits que Maris cite dans son propre livre : j'ai du mal de façon général avec les auteurs tellement mégalos qu'ils se sentent obligés de se mettre en scène, même si ce n'est que de nom. Peut-être que je rate quelque chose mais inutile de me faire la leçon : je pense avoir des auteurs bien plus intéressants à découvir avant ce dernier. De fait, l'ouvrage de Bernard Maris ne m'a que très moyennement inspirée. En soi, je trouve l'idée amusante, décrypter un livre pour en faire une analyse économique et c'est d'ailleurs cette démarche qui m'a poussée à lire Houellebecq économiste. Après, j'ai fait des études de lettres et je sais que rien n'est plus facile que de faire dire à un texte tout et son contraire : je suppose qu'il est même possible de trouver une analyse philosophique à Si c'était vrai. Accordons donc le bénéfice du doute à Maris et admettons que Houellebecq soit le visionnaire de l'économie qu'il prétend. Je serais en revanche moins indulgente sur l'écriture de notre essayiste : qui dit essai suppose une certaine objectivité, pas cette admiration béate qui dégouline tout le long du livre. De même je ne suis pas du tout convaincue par l'idéologie que défend Houellebecq selon Maris : journalistes et publicitaires sont des parasites (je pense que ceux qui ont fait la promo de son essai vont être ravis) les artistans à l'inverse sont le sel de la terre (faites-moi penser à lui en présenter quelques-uns) et les femmes sont l'avenir de l'économie. Je crois qu'il n'y a rien de plus qui me hérisse le poil que ces discours soi-disant féministes qui présentent la femme comme une sorte d'ange terrestre, l'avenir de l'humanité. Non non je vous rassure, elles sont pareilles que les hommes, avec leurs grandeurs et leurs faiblesses. Bref, beaucoup de platitudes et de clichés faciles supposés faire de Houellebecq un grand penseur, un homme qui a tout compris au monde et à ses rouages. Mauvaise interprétation de Maris ? Mauvaise lecture de ma part ? Admettons mais une chose est sûre : si Houellebecq économiste fera sans doute très plaisir à tous ces admirateurs, je doute qu'il pousse les autres à le lire.

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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 19:27

L02.jpgComment j'ai cuisiné mon père, ma mère... et retrouvé l'amour

SG Browne

éditions Gallimard

2009

 

Andy avait une vie agréable, une femme, une petite fille... mais ça, c'était avant. Avant l'accident de voiture qui lui a coûté la vie. Car oui, Andy est un zombie et de fait il n'a plus aucun droit. Toléré uniquement par les "respirants", il n'a plus ni numéro de sécurité sociale, ni le droit d'avoir un compte en banque. Il ne peut ni monter dans un bus ni même sortir passé vingt-deux heures. Sa femme est morte dans l'accident et  il n'a plus de droit de garde sur sa fille. Du coup, Andy est contraint de vivre reclus dans la cave de ses parents, à regarder la télé en perdant des bouts de corps et  à boire beaucoup de vin dont il ne sent même plus le goût. Heureusement les zombis anonymes sont là pour l'aider à reprendre goût à la mort-vie et Andy ne tarde pas à tomber sous le charme de la jolie Rita, suicidée depuis peu. Notre héros retrouve progressivement confiance en lui, mais cette confiance ne va pas sans quelques inconvénients, notamment celui de retrouver un matin les corps de son père et de sa mère découpés dans le congélateur. Et oui, c'est ça aussi être un zombie...

Certes, ce n'est pas de la haute littérature mais Comment j'ai cuisiné mon père... fait passer un agréable moment. Ecrit du point de vue du zombie pour changer, le récit est très drôle, bourré d'humour mais également d'un certain cynisme. L'auteur prend le parti risqué de faire adhérer son lecteur à un personnage monstrueux et plutôt ridicule : Andy a eu les cordes vocales sectionnées durant l'accident et ne peut donc pas parler, il se décompose peu à peu, il boitille à cause de nombreuses fractures qui ne se répareront jamais... Difficile d'en faire un héros tragique mais, en le présentant comme le narrateur, Browne le rend plus attachant d'autant plus que Andy se tourne en dérision lui-même et se moque de ce qu'il est devenu tout en le déplorant. C'est donc à la fois léger et désespéré. Alors oui, le style est loin d'être extraordinaire, les blagues tombent parfois à plat ou se répètent, mais l'ensemble est plutôt agréable et m'a fait aimer pour une fois un livre de zombie. Une lecture d'été avant que l'automne ne s'installe définitivement parmi nous.

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14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 12:02

L01.jpgLe purgatoire des innocents

Karine Giebel

éditions Pocket

2013

 

Cela devait être un casse facile, un vol de bijoux tout en douceur, sans blessés, sans morts. Raphaël n'avait pas envie d'effusions de sang, juste de gagner enfin de quoi se retirer et, riche, de couler des jours paisibles avec son petit frère William. Mais les choses ont dégénéré : une voiture de police qui passe à ce moment-là, des tirs, deux morts et un blessé, son propre frère... Pour Raphaël et ses complices, il faut songer à trouver une planque. La chance paraît leur sourire : ils tombent sur une vétérinaire vivant à l'écart dans une maison isolée. Elle s'appelle Sandra et son mari est absent pour deux jours. Personne ne viendra les chercher là, ce qui laissera le temps à William de se remettre de ses blessures. Bien évidemment, rien ne va se passer comme prévu et le refuge devient vite un enfer....

Inattendu, Le purgatoire des innocents est un véritable choc. Je ne connaissais pas du tout cet auteur et je me suis laissée totalement surprendre par cette histoire qui prend un tour des plus inattendus et qui peu à peu verse dans l'horreur la plus totale. Je ne pense pas être d'une nature particulièrement sensible mais j'avoue avoir ressenti un profond malaise en lisant une intrigue qui ne nous épargne aucun détail atroce et  qui explore jusqu'à plus soif les bas-fonds de l'âme humaine. Bon au niveau de l'écriture, je ne suis pas totalement convaincue : Karine Giebel est fan des phrases courtes et choc qui sonnent un peu comme des sentences et qui, à un moment donné, donne au texte un côté un peu lourd. C'est particulièrement flagrant quand elle s'emploie à décrire l'état d'âme de ses personnages. En revanche, ce défaut est contre-balancé par des descriptions très sombres et très justes et par un récit rythmé qui tient le lecteur en haleine de bout en bout et de rebondissements en rebondissements. Le purgatoire des innocents a donc été pour moi une très belle découverte, un polar lu en trois jours et qui je pense trouvera sans doute plus d'un amateur par ici.

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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 12:07

L09.jpgMortimer

Terry Pratchett

éditions Pocket

1987

 

A dire vrai, c'est avec le premier tome La huitième couleur que j'avais commencé à lire Pratchett. Pour abandonner pour quelques temps l'auteur je l'avoue : oui, c'était drôle, oui c'était burlesque, mais il manquait quelque chose. Quelques mois plus tard, je récidivais mais cette fois avec un autre titre, plus avancé dans la série : Mortimer. Bien m'en prit car c'est cet ouvrage qui m'a donnée le goût de lire dans son intégralité Les annales du Disque-Monde.

A la foire à l'embauche, Mortimer reste seul et bien malheureux : personne ne veut l'engager. Il faut dire que c'est un garçon étrange, tout en bras et en jambes, à la logique curieuse, plein de bonne volonté mais pas franchement dégourdi. Mais, sur les coups de minuit, un employeur se présente finalement : la Mort, ni plus ni moins, qui souhaite l'engager comme apprenti et accessoirement le préparer à sa succession. C'est sans compter sur les talents de Morty pour tout gâcher...

Pourquoi faut-il lire Mortimer? D'une part parce que c'est le premier ouvrage de Pratchett où la Mort ne se contente pas de faire de la figuration mais joue un rôle à part entière et il faut dire ce qu'il est, la Mort chez Pratchett est drôle, être totalement dépourvu d'humour parlant en majuscules, aimant les chats et faire la cuisine. Les autres personnages du livre sont tout aussi drôles que ce soit l'apprenti maladroit, la princesse caractérielle ou encore Isabelle, la fille de la Mort, amatrice de lectures sentimentales et se prenant elle-même pour une héroïne éthérée de romans à l'eau de rose, ce qui serait crédible si elle pesait quarante kilos de moins. Un casting de choix pour une intrigue rondement menée, fluide, et qui, contrairement aux trois premiers ouvrages de la série ne se présente pas comme une successions de rebondissements mais réellement comme une histoire continue avec une fin pour le moins imprévue. On ne s'ennuie pas un instant et on rit beaucoup tout en ayant cependant dans Mortimer une légère mélancolie pas forcément désagréable. Soulignons enfin toutes les jolies trouvailles de l'univers de la Mort : les livres qui s'écrivent eux-même, la salle des sabliers de vie, les noeuds de l'univers... Et si avec tout ça vous n'êtes pas tentés, je ne peux plus rien pour vous !

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 11:03

L05.jpgLa danse de l'hippocampe

Orphans 2

Claire Gratias

éditions Rageot

2013

 

Marin n'avait pas tellement mesuré ses paroles le jour où il a balancé à sa mère avant de quitter la maison qu'il préférerait être orphelin. Des mots durs qu'il est aujourd'hui amené à regretter alors qu'il vit désormais dans un monde parallèle hostile, sans parents et sans grande soeur. Qu'est-ce que le projet Orphans et a-t-il moyen de retourner dans sa vie ? Aidé de son amie Tessa, elle aussi dans la même situation, les voilà amenés à se débattre pour retrouver le chemin de la maison...

Si le premier tome était plutôt intéressant, le second tome de la série Orphans est une catastrophe. Je m'ennuie rarement quand je lis des romans jeunesse et pourtant celui-ci est parvenu à me faire regretter mon achat. La faute à bon nombre de défauts qui ne pardonnent pas : tout d'abord, loin de se contenter d'une intrigue simple, l'auteur s'empresse de multiplier les histoires. Si elle s'était contenté de rester concentrée sur les deux ados pris au piège, Claire Gratias aurait peut-être eu une chance de s'en sortir; au lieu de cela elle va se pencher sur la meilleure amie de la grande soeur, sur un secret que dissimuleraient les parents des enfants disparus, sur la seconde guerre mondiale et  sur ses complots... Non seulement le lecteur est obligé de suivre plusieurs intrigues plus ou moins tirées par les cheveux mais, de plus, il saute d'un personnage à un autre et ne s'attache à aucun. Il faut avouer que tous ces personnages sont plus tête à claques les uns que les autres entre la journaliste fouineuse, les ados et leurs hormones, la grande soeur militante écolo gentille et le méchant écolo terroriste... Ce sont des clichés sur pattes : les méchants sont de vrais méchants, le genre anciens nazis qui éclatent d'un rire gras quand ils ont fait un mauvais coup, et les gentils au contraire font tout pour sauver le monde. Manichéen au possible La danse de l'hippocampe n'est même pas secouru par une écriture faiblarde et des dialogues artificiels : dans le premier tome, le style était sauvé par l'histoire qui en gommait un peu les faiblesses mais ici cela ne suffit pas. J'ignore si Orphans est une série trop ambitieuse ou si ce second tome n'est qu'un accident de parcours, le ventre mou de la trilogie. Je crains cependant de ressentir le même ennui en lisant le dernier volume, mais qui sait, on n'est jamais à l'abri d'une agréable surprise.

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26 août 2014 2 26 /08 /août /2014 11:13

L02.jpgLe monde inverti

Christopher Priest

éditions Gallimard

1974

 

Dans un futur indéterminé, une ville nommée la Terre, montée sur des rails, avance progressivement vers le nord, fuyant au sud un danger aussi inconnu qu'inquiétant. Helward Mann, apprenti de la Guilde des Topographes du Futur ne savait rien du monde extérieur avant de commencer son apprentissage et il a juré sous peine de mort de ne rien révéler de ce qu'il découvrirait. Et comment y croire soi-même quand on découvre un soleil déformé, un temps qui accélère ou ralentit et des autochtones hostiles? Pourquoi la ville se déplace-t-elle sans cesse et s'arrêtera-t'elle seulement un jour ?

Il fallait rien de moins que la gentillesse de l'auteur, rencontré aux Imaginales cette année, pour me lancer de nouveau dans de la science-fiction, car c'est loin d'être mon genre préféré je le reconnais. Mais Le monde inverti a été une très agréable surprise : certes je suis toujours un peu larguée quand le récit se lance dans des explications techniques ou scientifiques, mais l'histoire est intéressante : tout comme le lecteur, le héros est amené peu à peu à découvrir un monde dont il ignore tout et se replonge plongé dans un univers mystérieux et inquiétant. Helward Mann se rend compte que ce qu'il croit savoir, ce qu'il croit connaître, n'est qu'une illusion et qu'il lui reste encore tout à apprendre. Christopher Priest a  la bonne idée de changer sa narration au cours de l'histoire : d'abord écrit à la première personne, le monde inverti bascule ensuite dans une narration traditionnelle, toujours vu à travers les yeux de Helward, rebascule ensuite à la première personne pour finalement changer totalement de point de vue et s'éloigner du héros. Cela permet au roman d'acquérir une certaine dynamique et de bousculer le lecteur, le plaçant dans la même situation inconfortable que le personnage. Roman très visuel, très riche en descriptions, Le monde inverti est à l'inverse plutôt sobre dans tout ce qui est psychologie et sentiments, ne s'étendant guère là-dessu,s ce qui permet au livre de rester centré sur l'intrigue sans s'égarer sur les relations tumultueuses de Helward et de sa femme par exemple. Bref, un bon moment de lecture qui ravira les amateurs du genre et ceux qui le sont moins.

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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 10:46

L08.jpgLes Fiancés

Alessandro Manzoni

Folio

1827

 

On retourne au 19e siècle et dans nos 1001 livres... pour vous parler aujourd'hui du roman fleuve italien de Manzoni, Les Fiancés. L'histoire est celle de Renzo et Lucia, deux paisibles villageois qui n'aspirent qu'à se marier et à fonder une famille. Mais, par malheur, un nobliau du coin, Don Rodigue, a jeté son dévolu sur la jolie fiancée et est déterminée à contrer ce mariage et à enlever la malheureuse Lucia. Le couple connaît alors bien des vicissitudes et, forcé de se séparer, nous fait voyager à travers l'Italie du 17e siècle, une Italie en proie à la guerre civile, à la famine et à la maladie...

Vous l'avez compris, Les Fiancés est moins le récit de personnages que d'un peuple tout entier, Manzoni ayant l'ambition de brosser l'histoire de tout un pays en un temps de troubles et de changements. De fait, il prend souvent à parti le lecteur, cite des personnages plus ou moins réels et feint même de se référer à un ouvrage plus ancien pour écrire son roman. Le procédé est intéressant, j'en conviens, mais le résultat l'est moins. Il faut dire ce qu'il est : j'ai rarement trouvé un livre si ennuyeux. C'est bien simple, même la peste racontée par Manzoni parvient à être soporifique. Le rythme des Fiancés est chaotique et, si le début de l'histoire parvient plus ou moins à captiver le lecteur, le reste, réflexions pieuses ou considérations politiques l'assomment assez rapidement. A trop vouloir faire une analyse de la société de l'époque, Manzoni en oublie de donner corps à ses personnages qui ne deviennent que des formes creuses sur fond de guerre civile. Renzo et le curé du village s'en tirent plutôt bien car, ni tout à fait bons ni tout à fait méchants, ils parviennent à avoir un peu de consistance. En revanche, Lucia reste une caricature de jeune fille effarouchée, une niaise bigote incapable de prendre sa vie en main. Il en est de même pour la plupart des héros qui se contentent d'être des ombres dans un tableau au demeurant assez plat. Les Fiancés est le premier roman italien de nos 1001 livres... Très sincèrement je ne comprends pas pourquoi si ce n'est peut-être  par cette volonté d'intégrer la petite histoire à la grande et qui va devenir la marque de fabrique de la plupart des romans du 19e...

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