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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 19:09

L04.jpgLes Aventures d'Oliver Twist

Charles Dickens

éditions Livre de Poche

1838

 

L'auteur de la préface d'Oliver Twist vous prévient d'entrée de jeu : cette référence de la littérature anglaise est loin d'être parfaite tant s'en faut. Effets narratifs faciles, intrigue tarabiscotée, personnages parfois un peu mièvres... Il n'en demeure pas moins que l'ouvrage a, en-dehors de tous ces défauts, plus d'un intérêt qu'il convient d'analyser maintenant.

Tout commence avec la naissance d'un enfant, Oliver. Sa mère meurt à sa naissance et, son père étant inconnu, l'enfant passe ses premières années à l'asile : affamé, il a le malheur de réclamer davantage à manger et se fait haïr des responsables qui l'envoient en apprentissage auprès d'un fabricant de cercueils. Mais les malheurs d'Oliver ne s'arrêtent pas là : maltraité par ses maîtres, il décide de fuir à Londres et rejoint sans le savoir une troupe de truands menée par un dénommé Fagin.

Oliver Twist c'est l'histoire d'un gamin qui n'a vraiment, mais vraiment pas de chance. Notre vertueux héros (car il n'y a pas plus doux et plus noble qu'Oliver) cumule les malheurs, victime de la méchanceté et de la rouerie de son entourage, et, quand il rencontre des gens aimants et bienveillants, il les perd presque aussitôt. Dickens ne fait pas dans la demi-mesure en décrivant des personnages soit tout noirs, soit tout blancs, parfois à la limite de la caricature. Il n'y a guère que la tragique prostituée Nancy (le protagoniste le plus intéressant du récit) qui échappe à ce traitement. Cela pourrait faire d'Oliver Twist une oeuvre manichéenne si l'ouvrage ne s'accompagnait pas d'une sévère charge contre le système de l'époque, favorisant pauvreté et délinquance : asiles insalubres qui affament les plus démunis, juges cruels et incompétents, système judiciaire inadapté, orphelins maltraités... Dickens va même jusqu'à se glisser le temps de quelques chapitres dans la peau de ses personnages les plus vils, suscitant la pitié du lecteur malgré leurs méfaits : ainsi le chapitre où Fagin est condamné à mort est d'une grande force littéraire car il fait du grand méchant de l'histoire un être humain sans défense face à une foule assoiffée de sang. A dire vrai, Oliver Twist est un roman qui alterne médiocrité et grandeur, médiocrité quand il glisse dans l'intrigue tarabiscotée, les rebondissements invraisemblables ou sentimentalisme mièvre (les personnages "bons" sont tout bonnement insupportables et même le héros éponyme reste assez fade) grandeur quand Dickens nous fait explorer les rues d'un Londres mal famé et découvrir tout un monde de truands vivant dans la crainte de la potence, quittant les dames angéliques et les pasteurs courageux pour les escrocs et les prostituées. Ce contraste produit un livre tour à tour prenant et agaçant mais qui, pour mon premier contact avec Dickens, reste satisfaisant.

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4 mai 2015 1 04 /05 /mai /2015 19:46

L02.jpgLes enquêtes d'Anatole Bristol

Marabout et bouts de mystère

Sophie Laroche / Carine Hinder

éditions Auzou

2015

 

Anatole, petit garçon de CM2, adore résoudre des enquêtes. Et ça tombe bien car des événements étranges se produisent dans sa classe avec l'arrivée d'un nouveau-venu éthiopien, Ky-Mani. D'abord, sa maîtresse disparaît mystérieusement; ensuite, sa meilleure amie Philo tombe raide amoureuse du remplaçant et, enfin, le remplaçant en question semble perdre la tête... Ky-Mani serait-il derrière tout ça? Après tout, n'y-a-t-il pas des sorciers en Afrique ?

Vous l'avez compris, c'est un roman pour les plus jeunes (9-10 ans) mais un roman plutôt sympathique, pas trop long, et qu,i avec beaucoup d'humour aborde le thème du racisme mais aussi des préjugés : Philo et Anatole aiment beaucoup Ky-Mani mais ne font absolument pas l'effort de s'intéresser à son pays et se bornent à imaginer des clichés sortis tout droit de Kirikou : monde de sorciers et de marabouts africains, pays désertiques, etc. J'ai bien aimé également la gentille mise en garde contre Wikipédia. Ceci dit, Marabout et bouts de mystère n'est pas pour autant un pensum didactique mais reste avant tout une enquête avec un certain suspens : moi-même je me suis prise au jeu, intriguée par le mystère qui planait sur cette classe... Parfaitement adapté aux enfants de fin de primaire.

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 19:39

L02.jpg

Les vieux fourneaux

t 1 et t 2

Lupano / Cauuet

éditions Dargaud

2014

 

C'est LA bande dessinée qu'on m'a conseillée, l'une de celles qu'on a le plus vendu en fin d'année. Inutile de vous dire que j'étais curieuse de découvrir Les Vieux Fourneaux. Tout commence par un enterrement, celui de Lucette, la femme d'Antoine. Les vieux copains du couple, Emile et Pierrot viennent soutenir le veuf et font la connaissance de sa petite-fille, Sophie, célibataire enceinte jusqu'aux yeux et refusant catégoriquement de mentionner le père. Tous quatre forment un groupe des plus étranges : Pierrot est un contestataire qui désormais milite au sein d'un groupe d'anarchistes aveugles, Emile un ancien baroudeur devenu un placide résident d'une maison de retraite, Sophie a tout quitté pour reprendre le spectacle de marionnettes de sa grand-mère et son grand-père est un ancien syndicaliste dont les heurts avec son patron sont devenus légendaires. Juste après l'enterrement de sa femme Antoine fait une découverte qui l'entraîne en Italie. Ses amis se lancent à sa poursuite.

A dire vrai je suis un peu déçue. Oui, c'est drôle, oui c'est bien dessiné, mais je m'attendais vraiment à beaucoup mieux. Si le propos est irrévérencieux et les personnages originaux (des vieux sans langue de bois et à la personnalité bien affirmée) il y a quelque chose d'un peu convenu dans le propos : le capitalisme c'est mal, vive la vie de bohème et les artistes, vive les vieux qui nous apprennent plein de choses même si ce sont en fin de compte les pires. Pour tout vous avouer, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire. Ceci dit, beaucoup de choses m'ont fait rire : la diatribe de Sophie contre la génération de son grand-père, le vieux qui va jusqu'en Italie pour se venger de son rival et se retrouve face à un homme atteint d'Alzheimer, l'association improbable de ces trois seniors, insupportables chacun à leur manière... Ainsi Les vieux fourneaux à défaut d'être un véritable coup de coeur reste une agréable découverte.

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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 10:29

L02.jpgLa sélection (tome 1)

Kiera Cass

éditions Robert Laffont

2012

 

Dystopie encore et toujours... Le genre a du succès depuis Hunger Games et c'est encore une fois ce dont nous allons parler aujourd'hui.

Trois cent ans après notre ère. Les Etats-Unis n'existent plus et ont été remplacés par Illéa, une monarchie. Ce nouveau pays est régi par un système de castes et chaque caste a une fonction bien précise au sein de la société. America Singer est une jeune fille appartenant à la caste numéro 5, celle des artistes : c'est aussi une caste défavorisée, ne pouvant compter que sur le soutien de riches mécènes. America ceci dit est heureuse de son sort : elle a une famille aimante et, surtout, elle vit une jolie histoire d'amour secrète avec Aspen, un garçon encore plus pauvre qu'elle. Tout bascule le jour où elle reçoit une invitation à participer à la Sélection : le prince Maxon, héritier du trône, cherche une épouse et, pour ce faire, comme le veut la tradition, il organise une émission de téléréalité visant à trouver sa princesse. Trente-cinq jeunes filles sont donc conviées à venir partager le quotidien de la famille royale et à faire la connaissance du prince dans une compétition filmée et qui ne prendra fin que lorsque Maxon aura trouvé sa promise.

Vous lisez ce résumé et vous retrouvez tous les clichés de la dystopie : le système de classes avec un grand écart entre riches et pauvres, le pays réglementé au possible et, comme dans Hunger Games, l'émission de téléréalité qui perd son caractère de jeu pour acquérir une dimension plutôt malsaine. Ceci dit, contre toute attente, j'ai trouvé La sélection plutôt intéressante. L'écriture est sans intérêt mais l'intrigue est rondement menée et joue sur les attentes de son lectorat, des adolescentes, en revisitant le conte de fées : une jeune fille pauvre a soudain l'opportunité de quitter sa condition, d'endosser de beaux vêtements et de rêver d'être une princesse, le tout sous l'oeil de caméras qui la rendent célèbre. Kiera Cass joue aussi sur le traditionnel triangle amoureux en opposant au bouillant Aspen le réfléchi Maxon. Avec qui America finira-t-elle ? Les similitudes avec Hunger Games sont nombreuses, trop pour que je puisse saluer l'originalité du livre (une émission, une jeune fille courageuse avec une petite soeur aimante, un monde de riches et de pauvres) mais parvient à se distinguer par quelques éléments un peu plus novateurs (l'attaque régulière des rebelles qui semblent chercher quelque chose dans le palais, l'attitude ambigu du prince avec les candidates..) Pour faire bref, c'est de la soupe, mais de la bonne soupe qui donne envie d'en savoir davantage et ça tombe bien : il y a encore deux autres tomes, la sélection n'est pas finie...

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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 19:50

L02.jpgJournal d'une peste

Virginy L.Sam / Marie-Anne Abesdris

éditions la Martinière

2015

 

Les livres pour enfants se suivent... et se ressemblent parfois un peu trop souvent. Après L'incroyable journal (top secret) de Monsieur Cochon et Le Journal d'un dégonflé, c'est au tour de la Martinière de sortir son Journal d'une peste. L'histoire est celle de Fannette, douze ans, qui se revendique clairement comme une peste et l'assume assez bien : à bas les profs et les devoirs, la petite soeur trop collante, les parents pénibles et ronchons et les premiers de la classe ! Vive son pépé Gaston et les farces qu'il fait à la maison de retraite, vive l'originalité et les échecs...

Bon vous vous en doutez bien, malgré le titre, Fannette n'est pas une peste, juste une collégienne un peu plus turbulente que la moyenne et qui déverse son ras-de-bol des adultes et de la vie en général dans un livre assez drôle il faut le reconnaître. Le point fort de l'ouvrage c'est l'humour un peu caustique, la légèreté du propos et la facilité de lecture, favorisée par de nombreux dessins et schémas. Ses points faibles ? Cette manie de coller des points d'exclamation à toutes les sauces si bien qu'on a l'impression que la narratrice hurle à chaque page, en bonne pré-ado surexcitée, et, surtout son gros manque d'originalité. Il faut le dire, ça ressemble vraiment beaucoup sur le principe au Journal d'un dégonflé mais adapté à de jeunes lectrices. L'ensemble du coup n'est pas désagréable mais laisse une forte impression de déjà-vu. Allez, on pardonne pour cette fois...

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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 15:39

L02.jpgLa confession d'un enfant du siècle

Alfred de Musset

éditions Le Livre de Poche

1836

 

A l'origine, une histoire d'amour : celle d'Alfred de Musset, alors tout jeune homme, avec George Sand, de six ans son aînée. Il voulait lui écrire un roman à la mesure de cet amour mais leur liaison tourne au fiasco et La confession d'un enfant du siècle prend une tournure très différente, devenant l'une des premières oeuvres romantiques françaises de référence.

L'ouvrage s'ouvre sur la bataille de Waterloo : pour l'auteur, elle marque le début d'une ère marquée par la désillusion : les vieilles valeurs ne sont plus. Rois et religion ont été mis à bas par la Révolution. Le patriotisme quant à lui est mort avec la défaite de Napoléon : tous ces morts glorieux, toute cette boucherie qui marque l'Empire a perdu sa raison d'être avec cette humiliation. A quoi bon tout ça? Octave, le héros de Confession d'un enfant du siècle de fait ne croit plus en grand-chose si ce n'est en l'amour qui pour lui a valeur de sacrement. Ses certitudes vont pourtant voler en éclats le jour où il découvre que sa maîtresse le trompe avec l'un de ses amis. Blessé et humilié, Octave se livre alors sur les conseils de son confident Desgenais à une vie de débauche et de libertinage si bien que, lorsqu'il retrouve l'amour dans les bras de la jolie Brigitte, il ne peut atteindre le bonheur : confiance et illusions ont disparu.

Difficile de résumer un livre aussi complexe que celui de Musset. La confession d'un enfant du siècle est une oeuvre romantique mais qui n'a absolument rien à voir avec le romantisme de Goethe. C'est sans doute une lecture très personnelle de ma part (en même temps ça tombe bien, ici c'est mon blog pas un cours de français) mais je n'ai ressenti aucune réelle passion dans cet ouvrage. Pour moi c'est l'histoire d'un homme qui joue. Octave, passé sa première déception sentimentale, essaie de retrouver un sens à sa vie : il multiplie les expériences libertines puis s'éprend d'une femme avec laquelle il essaie de retrouver ses premiers émois amoureux. Tout est vain car la méfiance et la connaissance ont corrompu son coeur (Musset s'inspire énormément de Rousseau dans cet ouvrage, hommage à Sand qui admirait  ce dernier). Octave a beau jouer la passion en multipliant menaces de meurtre amoureux ou de suicide, jouer à être quelqu'un d'autre en voulant fuir ou se déguiser, la réalité le rattrape : l'innocence est perdue pour toujours, les illusions sont mortes avec sa première liaison. Tout cela se traduit par un style emphatique mais rarement sincère, par un narrateur plein de mauvaise foi mais parfaitement conscient de l'être, et par une écriture à la limite de la schizophrénie : Octave s'efforce désespérément de croire en l'amour tout en, paradoxalement, faisant tout pour le ridiculiser et l'avilir. La confession d'un enfant du siècle est donc une oeuvre troublante à défaut d'être émouvante (je n'ai quant à moi ressenti aucune sympathie pour le héros), reflet d'une génération qui doit se reconstruire au milieu des ruines des certitudes d'antan.

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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 18:58

L02.jpgAgence confettis

t.2 Surprise !

Juliette Saumande

éditions Nathan

2015

 

Oui, je sais, vous allez dire "tome 2 ? Mais je n'ai pas souvenir du tome 1.. Scandale !" En effet, les deux premiers titres de la série Agence confettis sont sortis en même temps et avec mon habileté légendaire j'ai choisi le second volume sur la table. Bon, ceci dit il faut relativiser hein : il s'agit d'une série pour les 8 ans, et si les personnages sont récurrents, les histoires se lisent individuellement donc, pas de panique.

L'agence confettis est un groupe de quatre écoliers, Elliot, Léa, Ninon et Scarlett, spécialisée dans l'organisation des goûters d'anniversaire. Dans cette aventure, nos quatre héros sont mandatés par Candice qui leur demande d'organiser un anniversaire surprise pour sa meilleure amie Ava, malchanceuse invétérée et persuadée qu'elle ne doit pas fêter son anniversaire car il tombe un vendredi 13. A notre agence de lui prouver qu'elle a tort !

Il y a eu récemment un débat sur ce blog tournant autour de la question suivante : si un livre jeunesse ennuie un adulte, peut-il être considéré comme un mauvais roman? Je persiste à croire que non. En effet, il faut bien l'avouer, Agence Confettis ne m'a que moyennement intéressée, les goûters d'anniversaire n'étant plus ma priorité absolue (quoique maintenant que j'y songe, c'est peut être une idée) et le style de l'ouvrage ne me parlant pas forcément (certains mots écrits en gras sur les pages, des points d'exclamation partout, des héroïnes hystériques). Néanmoins, je dois reconnaître que cela peut plaire à un jeune public (des filles essentiellement soyons honnête) et que l'écriture n'a rien de vilain. De plus, la morale est assez sympa puisqu'elle raille les superstitions ou tout du moins met le jeune lecteur en garde contre ces dernières : Ava, persuadée qu'elle est malchanceuse, en oublie du coup de vivre. Enfin, ce que j'ai trouvé assez amusant, c'est le petit plus du livre : messages codés, recette pour fabriquer un attrape-rêve et idée de jeu à faire au goûter. ça m'a rappelée le supplément qu'on avait autrefois dans les "Folio Junior". Si vous aussi, vous vous en souvenez, résignez-vous : vous êtes vieux.

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14 avril 2015 2 14 /04 /avril /2015 12:57

L02.jpgNos faces cachées

Amy Harmon

éditions Robert Laffont

2013

 

Fern Taylor, petite rouquine sans éclat n'attire guère l'attention autour d'elle au lycée, éclipsée par sa très jolie amie Rita et par son cousin Bailey, myopathe. Bailey malgré son handicap est son meilleur ami et ils partagent tout ensemble. Fern cependant, nourrie aux romans d'amour et en écrivant depuis qu'elle est adolescente, soupire pour le beau Ambrose Young, le meilleur lutteur du lycée. Aussi, lorsque Rita qui a aussi le béguin pour Ambrose lui demande d'écrire une lettre d'amour pour lui, Fern se soumet volontiers à l'exercice.

A dire vrai, en empruntant ce livre, je m'attendais à une niaiserie abyssale. Pour le coup ça a été une bonne surprise. D'une part parce que, oh merveille, l'auteur renonce à la première personne du singulier et ne nous force pas à entrer dans la peau de l'héroïne et, d'autre part, parce que l'histoire ne se contente pas de mettre en scène une énième romance mais joue sur plusieurs thèmes : la maladie, l'amitié, la guerre, le poids des apparences... Disons que pour un roman ado, il a de l'ambition et pas mal de profondeur. De plus, l'intrigue amoureuse n'est pas totalement irréaliste : si Ambrose prend très vite conscience de l'amour que lui porte Fern, il n'y réagit pas immédiatement, un peu honteux d'avoir l'admiration du vilain petit canard du lycée. Il lui faudra partir de la ville et vivre des événements décisifs pour changer d'avis sur elle.

Bien entendu, le livre souffre de certains défauts : un patriotisme typiquement américain (Ambrose devient soldat après les attentats du 11 septembre et part en Irak où il ne remet jamais en question cette guerre), une morale un peu simpliste (ce qui compte c'est le beauté intérieure) et enfin un soupçon de manichéisme. Tous ces défauts sont rachetés par le très touchant personnage de Bailey et par une narration qui, sans éviter le sentimentalisme, ne s'y roule pas trop dedans. Nos faces cachées est à l'image de son héroïne : c'est un livre un peu boiteux, très agaçant par moments quand il devient trop sucré mais qui, de par sa fraîcheur et sa naïveté, reste néanmoins émouvant.

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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 18:05

L02.jpgLa quête des livres-monde

t.1 Le livre des âmes

Carina Rozenfeld

éditions l'Atalante Jeunesse

2012

 

Depuis maintenant un certain nombre d'années je participe aux Imaginales à Epinal, un festival de littérature de l'imaginaire. Et depuis un certain nombre d'années je vois passer cette petite dame qui y participe depuis au moins aussi longtemps sinon plus que moi, un auteur pour la jeunesse très gentille qui, contrairement à beaucoup d'autres écrivains sur ce genre de manifestations, se montre toujours très agréable avec les libraires. Cet auteur, c'est Carina Rozenfeld, l'auteur de la série La quête des livres-monde dont nous allons parler aujourd'hui.

Zec (de son vrai prénom Ezéchiel) vit une adolescence des plus normales. Il traîne avec son meilleur ami Louis, il se meurt d'amour pour la belle et inaccessible Léa et il tient un blog dans lequel il raconte ses petits malheurs quotidiens notamment sa peur de ne pas passer en première S et de ne pas pouvoir devenir pilote de ligne, son rêve ultime. Tout va donc plutôt bien pour lui jusqu'au jour où, après une nuit de souffrance, il se retrouve avec des ailes dans le dos. C'est un choc pour lui et encore plus lorsqu'il découvre qu'il vient d'une autre planète, Chébérith. Chébérith a sombré dans le néant à cause de l'Avaleur de Mondes et seul Zec peut la ressusciter. Pour cela il doit remettre la main sur les Livres-Monde, trois livres qui permettront à son monde d'origine de renaître de ses cendres.

J'avais une appréhension en ouvrant ce roman car il m'aurait été difficile de critiquer un livre alors que l'auteur m'est sympathique. Le dilemme m'est évitée, j'ai bien aimé le premier tome de cette trilogie qui revisite le thème de Superman, les collants ridicules en moins. Le personnage de Zec est intéressant : c'est un adolescent assez réaliste qui s'exprime de façon normale et a des réactions adaptées. Il ne bondit pas de joie quand il se découvre des ailes dans le dos puis par la suite il apprend à s'accepter, il commet des imprudences, il fait des erreurs... bref il n'agit pas comme 90% des adolescents de romans qui se découvrent de supers-pouvoirs. De plus, Le livre des âmes démarre rapidement, l'intrigue progresse vite si bien que le lecteur est rapidement happé par une histoire parfois un peu tirée par les cheveux mais plutôt intéressante avec quelques moments très poétiques : les ultimes survivants de Chébérith qui perdent peu à peu la mémoire, Zec volant pour la première fois... Malgré quelques maladresses dans le style, ce premier tome se lit donc rapidement et le second volume est déjà commandé. Affaire à suivre...

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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 19:38

L05.jpgLe choix de Bérénice

Fabien Clavel

éditions Rageot

2015

 

Le principe de la collection est simple : il s'agit d'adapter un classique de la littérature d'amour à notre époque. Ma collègue était enthousiaste et j'avoue que j'étais assez séduite également. N'est-ce pas un moyen de redonner goût à des oeuvres classiques aux adolescents en leur proposant une histoire dans l'air du temps qui leur donnera envie peut-être par la suite de découvrir l'histoire d'amour originale ? Et après, j'ai vu le titre de la collection et j'ai déchanté : "In love". Oui je suppose qu'en français, ça faisait pas assez dans le coup. Je ne parle même pas de la couverture du Choix de Bérénice représentant deux mains formant un petit coeur. Il ne manque plus que le "lol" dans un coin tiens.

Mais de quoi parle donc Le choix de Bérénice justement ? Et bien le livre est une adaptation de la célèbre pièce de Racine, revisité à la sauce contemporaine. Et quand on parle de revisite, là il s'agit plus d'un massacre, vous savez comme lors d'un télé-crochet où un candidat braille du Brel avec des effets de voix et que vous n'avez plus qu'une envie c'est de lui arracher la gorge avec des tenailles rougies à blanc. Petit rappel pour ceux qui ne connaissent pas Bérénice. Bérénice raconte l'histoire de Titus, empereur romain amoureux fou de la belle Bérénice qui lui rend cet amour et qui, pour lui, a quitté sa Palestine natale. Mais les conseillers de Titus s'opposent à leur union et somment le héros de choisir entre Rome et Bérénice. Désespéré Titus fait le choix de la "raison" et demande à Bérénice de partir par le biais d'Antiochus, également amoureux de la belle. Tous les trois vivent mais finissent malheureux chacun de leur côté.

Voilà pour la version "originale". Passons maintenant à l'adaptation de Clavel voulez-vous ? Ce dernier fait le choix de raconter l'histoire par le biais d'Arslan (alias Antiochus) J'avoue que j'ai un peu tiqué mais en y réfléchissant, pourquoi pas ? Même si Bérénice et Titus sont les personnages principaux de la pièce de Racine, le triangle amoureux qu'ils forment avec Antiochus existe bel et bien et ça peut être un parti pris. Là où je suis moins d'accord, c'est quand Clavel crée un nouveau triangle en faisant du confident d'Arslan, Aydin, son amoureux secret ! Oui mais là excusez-moi, ça sent bon le "je veux caser une histoire d'amour homosexuel pour faire plus moderne et du coup j'en invente une comme ça pif pouf". Et comme Clavel n'en a jamais assez de l'amour, il y a encore une amoureuse malheureuse, Beverley, amoureuse de Arslan. Tout le monde aime Arslan en fait. Mais lui Arslan il aime Bérénice, israélienne (à mon avis faire d'elle une palestinienne musulmane était beaucoup plus intéressant mais bon) qui elle aime Titus, un séduisant américain aux cheveux blonds. Le Titus de Racine était un homme de guerre, Clavel fait du sien un sportif (oui je sais) appelé à reprendre la multinationale de son père à sa mort. Titus est aussi amoureux de Bérénice, mais son père, trahie par son épouse égyptienne (un peuple fourbe je le savais) se refuse à ce que son fils convole avec une étrangère. Du coup, Titus se voit sommer de choisir entre l'entreprise de son père et un mariage avec Bérénice. Et comme dans la pièce de Racine il ne choisit pas la belle.

J'avoue, c'était difficile d'adapter la pièce : déjà parce que dans la pièce il ne se passe rien, donc en faire un roman pour ados c'était déjà délicat. D'autre part, parce que nous vivons à l'époque où renoncer à l'amour au nom de la raison d'Etat paraît un peu démodé. Le Titus de Clavel a beau hériter d'un empire financier, on ne voit pas bien pourquoi il se laisse aussi facilement influencer dans ses choix. ça paraît même un peu ridicule : "Tiens Titus renonce à l'amour de ta vie au lieu de nous envoyer paître et de nous intenter un procès qui te rapportera sans doute beaucoup." L'intrigue était donc casse-gueule à la base mais l'auteur prend un malin plaisir à s'enfoncer davantage dans la médiocrité en réduisant les sublimes élans des personnages de Racine à des geignements d'ados en proie aux hormones. Quatre formes d'amour et pas une de crédible : Bérénice flashe sur Titus dès qu'elle le voit sortir de l'eau en mode surfeur, Arslan se morfond pour Bérénice alors qu'il la connaît à peine (oh mais oui Bérénice, je t'ai vue deux fois en un an, bien entendu que je vais tout quitter pour t'accompagner aux Etats-Unis histoire de te tenir la chandelle pendant que tu roucoules avec Titus) et Aydin lance des sous-entendus mystérieux à Arslan "Ne t'inquiète pas, je comprends PARFAITEMENT (clin d'oeil) ce que tu ressens pour Bérénice." Chez Clavel l'amour c'est magique, ça survient comme ça pif pouf et ça repart aussi sec d'ailleurs : rassurez-vous bonnes gens, Arslan finit heureux avec Bérénice, l'auteurw ayant manifestement oublié que le principe d'une tragédie c'est de finir mal. Ce n'était peut-être pas assez moderne, l'amour malheureux et tout le reste, Bérénice a dû lire beaucoup de bouquins de développement personnel et comprendre que sa relation avec Titus était destructrice. C'est beau tiens.

Vous voulez pour finir qu'on parle vraiment du style ? Des dialogues artificiels au possible coupées de descriptions aussi inutiles que mièvres ? De l'action qui peut s'étaler sur une journée puis ensuite passe gaiement trois ans ? Des répétitions et du vocabulaire faussement branché ? Je crois qu'il vaut mieux ne pas en rajouter. Ceci dit le but du livre est atteint : après la lecture du Choix de Bérénice, je n'ai plus qu'une envie, c'est de relire la pièce de Racine histoire d'oublier cette adaptation.

Allez je vous laisse, je prépare le prochain roman pour la collection "In love" :

" Ashley timide terminale adepte d'échecs aime en silence Scarlett, la pom-pom girl du lycée. Mais leur amour est impossible car tous les deux sont en couple : Ashley sort avec Mélanie, une fille dévote qui refuse de coucher avec lui avant le mariage tandis que Scarlett fréquente Rhett, le capitaine de l'équipe, un jeune homme violent qui boit des bières avec ses copains et qui la bat. De guerre lasse, Scarlett demande conseil à Mama, leur prof de maths transsexuelle et secrètement amoureuse d'Ashley également."

Je pense que Rageot va adorer.

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