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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 12:31

L01.jpgLe Soufflevent

t.1 : New Pearl Alexandrie

Andoryss/ Collette

éditions Delcourt

2014

 

Sacha est un jeune pilote de l'aéropostal qui ne demandait rien à personne jusqu'au jour où l'un de ses collègues débarque avec à bord de l'avion deux passagers clandestins: une jeune fille nommée Coline et son chat Typhon, une créature ailée douée qui plus est de la parole. Coline veut se rendre à Alexandrie pour faire breveter une étrange invention, héritage de son père disparu récemment, un objet qui a la capacité de déclencher des tempêtes... Malheureusement les militaires sont à ses trousses, bien déterminés à s'approprier cette invention. D'abord réticent, Sacha se laisse convaincre par la jeune fille et son compagnon et accepte de les aider. L'occasion pour lui d'en apprendre un peu plus sur l'histoire d'une gamine pas comme les autres.

Courses-poursuites, créatures et objets de science-fiction rythment cette bande dessinée sans prétention mais intéressante, mettant en scène un univers futuriste décalé et des personnages plutôt attachants. Tous les amateurs craqueront je pense pour le chat ailé. Bon, la fin de volume est assez prévisible et l'histoire pour l'instant reste à l'état d'ébauche mais c'est un début de série prometteur, avec des effets de couleurs que, pour ma part, je trouve assez réussi. J'aime aussi le dessin lisible mais soigné et l'ambiance sombre qui au demeurant peut convenir à des lecteurs plus jeunes. En bref, une agréable surprise. Il ne reste plus qu'à attendre la suite....

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 12:01

L07.jpgFaut qu'on y aille sinon on va louper le dernier drakkar

Muzo

éditions l'Association

2014

 

Comment faire une note avec du rien ? C'est l'exercice que je vous propose aujourd'hui puisque je vais vous parler d'une bande dessinée spécialiste du sujet.

Faut qu'on y aille sinon on va louper le dernier drakkar est supposé être une BD humoristique sur les affres de la création ou, en clair, comment créer une BD quand on n'a pas d'idées. L'auteur vous explique donc sous forme de planches comment créer des phylactères, comment trouver son personnage-clé et un titre, comment développer une intrigue, etc. Enfin, là je suis charitable avec le etc. car, en fait il n'y a pas grand-chose à ajouter. Je suis mauvais juge en matière de dessin aussi je ne me permettrai aucune remarque là-dessus si ce n'est que, si les vikings m'ont fait sourire, j'ai un peu plus de mal avec la vulgarité de certaines pages. Mais bon, je ne ferai pas de commentaires. En revanche, l'album lui-même est un peu un foutage de gueule pour parler vulgairement à mon tour : imaginez un roman où l'auteur vous expliquerait qu'en fait il a pas d'idées mais qu'il peut faire ça, ça ou ça. Au bout d'un moment si vous êtes comme moi vous vous impatienterez et aurez une bonne envie de lui balancer un parpaing à la tête en lui hurlant "Mais pourquoi écrire un roman si tu n'as rien à dire?!". Là, c'est le même principe appliqué à la bande dessinée: je suis dessinateur, je n'ai absolument pas la moindre idée mais je me dis qu'avec mon talent et quelques légendes, je vais pouvoir sortir un album ni vu ni connu. Les éditions de l'Association ont qualifié Faut qu'on y aille sinon on va louper le dernier drakkar de "fantaisie"; vu son prix et son contenu je serais plutôt tentée de le qualifier de "belle arnaque" mais bon il y en a bien qui s'extasient devant des ouvrages de Sollers ou des toiles monochromes, alors pourquoi pas une fantaisie à douze euros...

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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 15:08

L02.jpgLe livre de mes records nuls

Bernard Friot

éditions Flammarion

2014

 

Ben a onze ans et une particularité : il se sent un peu nul. Tout le monde n'arrête pas de le  lui dire d'ailleurs : ses parents, sa grande soeur, ses profs.... Alors il se décide à tenir son propre livre de records et y consigne ses exploits les plus pathétiques: nombre de rots dans une seule journée, record d'insultes, record de pannes ou de chaussettes dépareillées... Ben note tout sans se prendre vraiment au sérieux et d'ailleurs lui, ce qu'il veut faire plus tard dans la vie, c'est être clown. ça tombe bien, il est plutôt doué pour ça...

Oui, on reste dans la jeunesse mais on redescend bien deux tranches d'âge en dessous avec ce petit roman sans prétention, écrit à la première personne par un narrateur qui, finalement, niveau âge mental, est largement au-dessus de notre précédente héroïne. Bernard Friot, connu essentiellement pour ses Histoires pressées se lance ici dans une narration plus longue et c'est plutôt une réussite. Ben est un personnage attachant, peut-être un peu trop lisse (c'est un brave petit garçon qui aime bien son vieux voisin et qui finalement ne fait pas tant de bêtises que ça) mais qui est assez intéressant dans sa façon de se dénigrer sans cesse et de se moquer de tout et surtout de lui. L'histoire avec le clown que je craignais, n'ayant pour le cirque et les clowns qu'une passion toute relative pour ne pas dire nulle, se est amenée avec beaucoup de finesse et il y a une certaine tendresse dans ce récit (l'amitié de Ben avec Lukas ou encore  le records de sourires du petit garçon) qui ne sombre jamais dans la mièvrerie ou le sentimentalisme bon marché. En bref, c'est une histoire intelligente qui, effectivement, ne peut guère captiver au-delà de douze ans, mais qui trouvera son public auprès de jeunes lecteurs avides de découvrir que, oui, même les nuls peuvent devenir des héros.

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 12:07

L07.jpgTe succomber

Jasinda Wilder

éditions Michel Lafon

2013


Vous vous souvenez de 50 nuances de Grey, cette trilogie érotique pour ménagères désespérées qui aujourd'hui encore caracole dans les meilleures ventes? Si vous passez régulièrement en librairie, vous ne serez pas sans constater que le genre a fait des petits : en cette merveilleuse période printanière où les sens s'affolent, les ouvrages sulfureux abondent, des Aime-moi, Possède-moi, Fesse-moi, des jolies couvertures rouges, ombres énigmatiques, menottes sur fond mauves, silhouettes dénudées... Du coup la littérature jeunesse faisait un peu la tronche : c'est qu'il y a un créneau à prendre avec les adolescents plein d'hormones mais mettre du hard dans des romans destinés aux "enfants", ça le fait pas trop. Qu'à cela ne tienne : les éditeurs, ces petits filous, ont décidé de créer un nouveau genre baptisé "le new adult",

Soyez dans la joie : aujourd'hui vous devenez des grands.

Tout commence avec Nell, jeune fille de seize ans qui tombe amoureuse de Kyle, son meilleur ami. Ils sont propres sur eux, viennent de familles aisées, sont intelligents et beaux, bref, ils sont parfaits. Après quelques sorties et quelques embrassades, ils couchent ensemble et établissent des projets. Jusque là, en toute honnêteté, pas grand-chose à reprocher à Te succomber. L'histoire d'amour est un peu gnangnan mais l'écriture est tout à fait correcte, les scènes de sexe sont réalistes (ce à quoi on peut s'attendre entre deux ados le découvrant pour la première fois en tous cas) et il y a même une certaine ironie (si si) de l'auteur qui se plaît à dépeindre l'univers de ces deux enfants à papa pour mieux le faire voler en éclats. Car, soudain c'est le drame :  dans une scène d'un ridicule achevé, deux ans plus tard, Kyle meurt lors d'un orage, écrasé par un arbre. Nell est bourrelée de remords car il l'a poussée pour la protéger et, qui plus est, ils se querellaient au moment de l'accident (Nell avait refusé la demande en mariage de Kyle). C'est la catastrophe: Nell est effondrée. Lors de l'enterrement, elle fait la connaissance de Colton, le frère aîné de son petit ami et tombe aussitôt sous son charme mais se dérobe, rongée par la culpabilité. Deux autres années s'écoulent : Colton et Nell se retrouvent à New York; Colton répare des voitures et joue de la guitare pour les passants et la jeune femme est à la fac et noie son chagrin en buvant du whisky et en se scarifiant. Nouveau coup de foudre (paraît-il que la guitare pour les hommes est l'arme idéale pour draguer). Colton n'a pourtant rien de commun avec Kyle: il est dyslexique, c'est un gros dur qui s'est déjà battu dans des combats de rue et qui a fait partie d'un gang. Ceci dit, maintenant il s'est rangé: il a son garage et il est devenu un rebelle gentil (je ne me bats que pour me protéger ma copine, je joue de la guitare en versant ma petite larme et je suis une bête de sexe) Qui plus est, il peut du coup faire la morale à Nell et lui dire qu'il comprend sa douleur mais que c'est vilain de se scarifier et tout. Le reste de l'histoire est composée essentiellement de chansons jouées à la guitare, de pensées philosophiques dignes de BHL... et de sexe bien évidemment. Cette fois pas de ratés, pas d'hésitation: de toute évidence Nell a gagné au change puisqu'en plus d'être monté comme un étalon, Colton maîtrise l'art de l'amener au septième ciel. Difficile dans ce genre de scènes de faire la différence avec 50 nuances de Grey: tout comme l'héroïne de la trilogie, Nell passe son temps à s'extasier, se montre elle-même une prodigieuse maîtresse et entrecoupe ses gémissements de "Oh mon Dieu" tandis que Colton halète en l'appelant "bébé" et en lui disant qu'il aime ça et que la voir se mordiller la lèvre le rend fou. Voilà voilà.

Et comment ça finit me direz-vous? Il y a encore un autre drame, qui prend quelques pages pas plus parce qu'il faut pas charrier non plus (le chapitre sur la première scène d'amour en faisait vingt-cinq on voit les priorités de l'auteur) et une conclusion digne des meilleurs Harlequins qui boucle ce grand moment de littérature. Après ça, vous vous dites que si c'est ça le genre "new adult" peut-être vaut-il mieux rester au genre ado tout bête, vous savez, avec des personnages qui n'ont pas l'air sortis tout droit d'un téléfilm érotique. Je dis ça je dis rien mais je pense que ce serait un peu plus sain quand même sinon des adolescentes risquent d'avoir une sacrée déception quand elles vivront leur première histoire d'amour...

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 12:47

L02.jpgLe chat Murr

Hoffmann

éditions Gallimard

entre 1820 et 1822

 

De Hoffmann, si vous êtes comme moi, vous ne connaissez probablement guère que ses contes fantastiques et sans doute pas le curieux ouvrage Le chat Murr que Les 1001 livres... ont pourtant choisi de mettre à l'honneur. Comme son nom l'indique, l'histoire est celle du chat Murr, un matou érudit qui sait lire et écrire et peut ainsi rendre compte de sa vie et de son expérience auprès de son maître, un riche juif qui semble jouir d'une certaine notoriété. Là où l'affaire se corse, c'est que Murr a arraché sans vergognes les pages d'un autre livre pour s'en servir de buvard et de sous-main et que, du coup, à son récit se mêle la biographie d'un maître de chapelle du nom de Johannès Kreisler, intime de maître Abraham, le propriétaire du narrateur.

Toute la curiosité du livre de Hoffmann tient dans ce mélange improbable de genres et de rythmes. D'un côté vous avez le récit construit du chat, modèle de sagesse et d'érudition, qui réfléchit et tire parti de chacune de ses expériences pour atteindre à la connaissance suprême et, de l'autre, vous avez l'histoire de Kreisler, fragmentaire, incomplète et mettant en scène un homme inquiet, émotif, amoureux? et qui, tel un Hamlet du 19e hante les bois sombres et joue la folie pour mieux affronter un monde d'intrigues familiales, de duels, de nobles et de musique. Dans l'histoire de Murr, tout est cadré, analysé, soupesé; le style est classique, la prose élégante mêle quelques vers plus ou moins bons de l'animal. La biographie de Kreisler en revanche est hâchée, le style chargé et dialogues et chants alternent avec des événements dramatiques et passionnés. Renaissance contre gothique en bref. Là où ça devient intéressant c'est de constater que la pédanterie de Murr le rend légèrement ridicule d'autant plus que ses propos sont parfois en décalage avec les événements qu'ils racontent (la façon dont il va se cacher régulièrement sous le poêle pour échapper à ses ennemis ou la vision d'un monde qui ne dépasse jamais le seuil de la maison de son maître) tandis que Kreissler qui joue au fou laisse entrevoir une personnalité complexe et droite, tirailllé entre ses aspirations musicales et la jolie Julia à la voix d'or. Le plus sage des deux n'est pas forcément celui que l'on croit...

Reste que le chat Murr ne demeurera pas forcément un souvenir de lecture impérissable. Pourquoi? Déjà, je pense qu'il faut le lire d'une traite afin de mieux de profiter du décalage entre les deux points de vue et se laisser emporter par un récit complexe, plein de non-dits et de sous-entendus. Le lire par petits bouts est une mauvaise idée. Ensuite, le style d'Hoffmann, bien que plein de grâce, n'est pas non plus sans maladresses et sans longueurs, trop emphatique par endroits, trop mystérieux à d'autres. De plus, dans l'histoire de Kreisler, l'auteur se plaît à multiplier intrigues et mystères mais laisse finalement beaucoup trop de non-dits ce qui est d'autant plus frustrant que l'ouvrage n'a jamais été fini et que nous ne saurons jamais comment se termine l'histoire. C'est donc avec un goût d'inachevé que j'ai fini une lecture intéressante mais pas inoubliable.

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23 mars 2014 7 23 /03 /mars /2014 12:31

L01.jpgGeorges-Guy Lamotte le dernier des socialistes

Fernand Bloch-Ladurie

éditions Aux Forges de Vulcain

2012

 

J'ai reçu ce livre en service de presse il y a maintenant près de six mois. J'avoue avoir lu la moitié du titre, m'être dit: "Ouh là, un ouvrage politique", l'avoir mis dans ma pile à lire et l'avoir laissé moisir quelques temps. Et puis, les vacances font bien les choses, j'ai avancé dans mes lectures en retard et je suis tombée dessus.

J'avoue. Sur le coup, je n'ai pas tilté. Certes le premier chapitre de cette biographie consacrée à un homme politique me paraissait un peu emphatique, le style très pompeux et je n'avais jamais entendu parler du dit socialiste en question, mais après tout je suis nulle en politique. A ma décharge, il était une heure du matin quand j'ai commencé à lire l'histoire de Georges-Guy Lamotte, enfant d'un marchand d'armes et d'une mère qui lui apprend à égorger les poulets et qui lui lit l'Apocalypse selon saint Jean tous les soirs avant de dormir. Oui, je sais : j'étais vraiment fatiguée. Au second chapitre ceci dit, le doute commence (enfin) à s'installer. Nous sommes le lendemain et il est toujours près d'une heure quand je lis comment Georges-Guy entre dans la Résistance via une boucherie et prend contact avec le maréchal Rognon ou le lieutenant Faux-Filet (mot de passe: "Je me ferais bien un steak"). Il s'illustre également en tuant un allemand estropié le jour de la Libération. "Euh... fait une petite voix dans ma tête, tu crois pas que là on se fout un peu de toi?" Aussi quand le lendemain matin, cette fois bien réveillée, je reprends le livre et que je lis le récit des amours de Georges-Guy avec une femme qui sera retrouvée "suicidée par étranglement", le doute n'est plus permis : il s'agit d'une fausse biographie. Retour sur la couverture; pour la première fois je me penche sur le nom de l'auteur et sur sa curieuse ressemblance avec celui de Le Roy Ladurie. Retour sur la quatrième qui explique les convictions de Lamotte "synthèse entre Karl Marx et Margaret Thatcher". Cette fois, j'ai carrément honte : comment ai-je pu être dupe ne serait-ce qu'un chapitre?

Vous l'avez maintenant compris vous-même : Georges-Guy Lamotte n'a jamais existé, pas plus que Bloch-Ladurie d'ailleurs, et la biographie que j'ai eu entre les mains est une parodie, plutôt drôle d'ailleurs. Ainsi, vous apprendrez entre autres que Lamotte est entré en politique après avoir photographié Guy Mollet dans un bordel, s'est lancé dans l'industrie minière en soumettant ses employés au régime des 4/48 ( (48 heures de travail non stop suivi de quatre jours de repos) qui deviendra le régime des 2/72 puis des 1/144. Lamotte sera également arrêté à de nombreuses reprises pour alcoolémie et vouera une tendresse suspecte à sa petite-fille de seize ans.

J'ai beaucoup ri devant cet ouvrage complètement allumé qui, sous ses dehors comiques, se montre satirique notamment lorsqu'il évoque Sciences-Po caractérisé par "son humanisme" ou les positions engagés de Lamotte qui, sénateur, refuse de se rendre physiquement au Sénat. Mais si Georges-Guy Lamotte, le dernier des socialistes est une satire du monde politique, il est aussi et surtout à mon sens une satire de la biographie historique en général qui, sous couvert d'objectivité, n'est généralement qu'un éloge pompeux et totalement de mauvaise foi de personnages pas toujours recommandables. En tous cas, c'est un bon moment de détente avec un style outrancier et pince-sans-rire qui vous arrachera, je n'en doute pas, de nombreux sourires.

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21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 09:39

L01.jpgFragments

Dan Wells

éditions Albin Michel

2013

 

Nous avions déjà parlé il y a quelques temps de Partials, début d'une série prometteuse à la Hunger Games. Et bien la suite est sortie ! Vous connaissez désormais le principe : que ceux qui veulent découvrir la saga et qui n'ont pas encore lu le premier tome s'abstiennent de lire cette note...

Après avoir découvert qu'elle était une Partial et, qui plus est, une Partial pas comme les autres, Kira n'a plus qu'une idée en tête : remonter à ses origines et retrouver le siège de ParaGen, la société biotechnologique qui a fabriqué les siens. Abandonnant ses amis et son fiancé, la voilà lancée dans une quête au coeur d'une Amérique dévastée : Manhattan est peuplé de bêtes sauvages, le Mississipi est empoisonné, la région centrale des Etats-Unis est devenue un désert toxique à cause d'une raffinerie de pétrole à Houston... Dans sa quête Kira est accompagnée de Samm et d'Heron. Tous trois n'ont qu'une idée en tête : percer les secrets de ParaGen et ainsi sauver à la fois les humains qui n'arrivent toujours pas à mettre au monde des enfants viables et les Partials, condamnés à l'extinction au bout de vingt ans d'existence.

Ce second tome est à la hauteur du premier, avec quelques petits défauts et quelques grandes qualités. Commençons par les défauts : il y a beaucoup de longueurs et de répétitions. Une fois que Kira a dit qu'il fallait sauver les humains et les Partials parce que c'est important de se soutenir, une fois qu'elle a rappelé la date de péremption des Partials, et la maladie qui tue les bébés humains, est-ce que ça vaut le coup d'y revenir encore et encore? Manifestement oui mais ces rappels tendent à ralentir l'action de même que les atermoiements réguliers de notre héroïne partagée entre ses origines (Partials) et son éducation (humaine). De même je ne suis pas fanatique de l'inévitable trio amoureux qui se met en place, même si je dois reconnaître que cette part du roman reste très discrète (ça se voit que l'auteur est un homme) et ne gêne guère le déroulement du récit. Ceci dit, à mon sens, la plus belle réussite de Fragments réside dans des descriptions très convaincantes d'un monde post-apocalyptique : pluie acide, vents meurtriers, immeubles en ruine... Dan Wells qui pêche dans les dialogues excelle en revanche dans ce genre d'exercice. De même, il soigne son intrigue et prend le soin de ne pas faire de son héroïne un être infaillible qui prend toujours les bonnes décisions: ainsi, lors d'un passage presque comique, Kira se terre pendant une dizaine de pages dans le noir, persuadée d'être encerclée alors que personne ne la poursuit. Elle fait également beaucoup d'erreurs dans ce second tome. Enfin, l'action se déplace, faisant la part belle aux personnages secondaires: Marcus, le petit ami médecin resté à Long Island et qui se retrouve bientôt encerclé par les Partials, Ariel, la soeur adoptive de Kira... Si ce choix peut paraître parfois discutable (quand on est au coeur d'une situation dramatique avec un personnage, il est difficile dans le chapitre suivant de le lâcher pour aller voir ce qui se passe ailleurs) il a l'avantage de donner vie à des protagonistes moins importants. En fait, pour le coup, Dan Wells fait exactement le contraire de ce que faisait Suzanne Collins dans Hunger Games: cette dernière racontait l'histoire de tout un monde uniquement à travers les yeux de son héroïne, tandis que notre auteur prend le parti d'en faire un kaléidoscope. Deux partis pris différents mais pour un résultat identique : pour ma part, j'attends le troisième tome de Partials avec impatience.

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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 09:54

L02.jpgIl faut croire en ses chances

François Szabowski

éditions Aux forges de Vulcain

2014

 

Retour à François Szabowski qui change complètement de registre et nous raconte une histoire assez curieuse, celle de Jean Martinez, professeur de lycée en province. Jean Martinez mène une vie idyllique pour certains : à bientôt cinquante ans, il habite un petit pavillon avec une épouse douce, professeur comme lui, discute théâtre et organise des repas avec ses collègues et joue au tennis avec quelques amis. De plus, il écrit des romans du terroir qui marchent plutôt bien. Tout roule pour lui jusqu'au jour où son éditeur le pousse à changer de registre et à écrire un récit pornographique... se déroulant dans un camp de concentration. Jean s'exécute et, durant ses recherches, se heurte à ses propres convictions, ses propres limites. Il commence à rêver d'une nouvelle vie, plus trépidante, plus aventureuse, fait la connaissance d'une femme plus jeune avec qui il démarre une liaison, réalise des prouesses au tennis... Bref, il se cherche mais tarde à se trouver, tirailllé entre deux aspirations contraires.

Etrange. Si Le journal d'un copiste était une curiosité, Il faut croire en ses chances réussit l'exploit d'être encore plus barré. Ici, il est très difficile de déterminer de quoi l'auteur se moque exactement. Des déjeuners en terrasse avec l'épouse à la robe de chambre sale qui l'appelle Pilou ou à l'inverse de la liaison glauque qu'entretient le héros avec une bibliothécaire de quinze ans plus jeune que lui ? Des dîners pompeux avec des profs pédants ou des matchs de tennis avec des copains qui picolent plus qu'autre chose ? De la vie de province ou des auteurs bobos parisiens ? La réponse est simple : François Szabowski se moque de tout ça et son ironie fait d'autant plus mal que le second degré est beaucoup plus subtil que dans ses précédents ouvrages, ne se manifestant que dans les choix des intitulés des chapitres (après lecture, faites le test de lire tous ces intitulés d'affilée) ou par des descriptions impitoyables : la première scène d'amour entre Jean Martinez et la bibliothécaire, maladroite et plutôt ridicule, un match de tennis décisif vu essentiellement à travers les yeux d'un gamin qui s'ennuie comme un rat mort, le héros qui dit à son épouse qu'il est prêt... pour reprendre un chien, parodie d'un jeune couple envisageant d'avoir un enfant. Au milieu de tout ça, ceci dit, quelques scènes très touchantes interviennent : complicité entre le mari et la femme, les larmes silencieuses de la maîtresse délaissée dans une voiture... Ces quelques petites scènes contribuent à rendre attachant les personnages mais ne rend que plus cruel l'ironie du propos. Si les protagonistes n'avaient été que des ombres grotesques, Il faut croire en ses chances n'aurait été qu'une bonne comédie. Là, il s'agit d'une satire assez sombre qui nous montre que, bien que nous nous plaisions à imaginer le contraire, la vie est une farce dans laquelle nous serons toujours ridicules quoi que nous décidions.

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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 12:00

L02.jpgJournal d'un corps

Daniel Pennac

éditions Folio

2012

 

Je pense que peu d'entre nous ont échappé à Daniel Pennac; entre ses romans pour jeunesse et ses livres pour adultes, il est difficile de ne pas en avoir lu au moins un. Personnellement c'est avec un "Je bouquine" que j'ai découvert l'auteur et La petite marchande de prose reste l'un de mes plus beaux souvenirs de lecture adolescente, à égalité avec La fée carabine. Depuis, j'ai un peu laissé tomber Pennac, quelque part entre le cinquième et sixième roman de la famille Malaussène. Ce n'est que récemment, lors d'une conversation avec ma belle-soeur, que l'envie m'a prise de lire Journal d'un corps, ouvrage qui a mis cette dernière un peu mal à l'aise.

Présenté comme le legs d'un vieillard à sa fille, Journal d'un corps est un récit qui couvre pratiquement toute la vie d'un homme, de son adolescence aux derniers jours de son agonie. Il ne s'agit cependant pas du journal intime de l'homme, mais de son corps: pas d'états d'âme, pas d'atermoiements, pas d'expression de sentiments, juste le fonctionnement brut d'une machine plus ou moins efficace. De l'éveil de la sexualité à la défaillance de la vessie, d'un corps fringuant à celui fatigué et usé par le temps, des accidents nocturnes à la cataracte, nous assistons sur plus de soixante ans à l'évolution d'un corps lambda et l'auteur ne nous épargne rien.

Si ce livre a mis mal à l'aise ma belle-soeur, c'est par son aspect assez cru, qui décrit les doigts dans le nez, les taches de vieillesse sur la peau, l'état des selles, les acouphènes et les hémorragies. Le narrateur ne nous épargne rien, décrit opérations et manipulations de toutes sortes et fait entrer son lecteur dans une intimité presque aussi dérangeante que celle d'un journal. Ceci dit, je n'ai pas trouvé ça aussi tranché que l'auteur l'aurait sans doute aimé et, pour ma part, j'ai eu parfois du mal à distinguer le livre d'un journal intime classique, le corps et l'esprit étant au final assez liés. Ceci dit, le livre m'a également perturbée car il met véritablement en scène l'ascension et la déchéance d'un corps; le héros, mal dans sa peau va se muscler pour devenir bien dans son corps, l'apprivoiser, le questionner puis, sur la fin, va constater sa lente dégradation jusqu'à l'inévitable agonie. Ce n'est pas franchement joyeux me direz-vous d'autant plus que des thèmes assez lourds sont abordés: maladie, mort, handicap... Au final, pour rester dans la métaphore adaptée, il faut avoir l'estomac bien accroché pour adhérer à un ouvrage qui ceci dit, ne serait-ce que par simple curiosité, mérite le coup d'oeil.

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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 11:40

L03.jpgLes râleurs sont les meilleurs

et autres vérités scientifiques prouvées sur l'entreprise

Annie Kahn

éditions JC Lattès

2014

 

Pour donner aux gens le courage de lire des ouvrages aussi rébarbatifs que les livres d'entreprise, il est d'usage des trouver des titres volontairement provocateurs. Ainsi Objectif zéro sale con ouvrage de management tout ce qu'il y a de plus sérieux a longtemps été un best-seller, tandis que Travailler avec des cons, beaucoup plus léger pour le coup, caracole dans les meilleurs ventes des livres d'entreprise depuis des mois. Aussi ne faut-il pas prendre au pied de la lettre ce titre Les râleurs sont les meilleurs, propos qui sera nuancé plus tard dans l'ouvrage par l'auteur Annie Kahn, journaliste au Monde. Dans ce livre, l'objectif est surtout de démontrer que des attitudes ou des comportements qui peuvent paraître contre-productifs sont au contraire bénéfiques à la vie de l'entreprise : ainsi les gens qui râlent sont généralement plus consciencieux dans leur travail, contrairement aux léches-bottes qui cachent leur incompétence derrière une servilité de mauvaise aloi. De même, un employé qui s'accorde quelques temps de récréation est plus productif qu'un employé qui ne s'accorde jamais de pauses et qui, du coup, multiplie les erreurs. Annie Kahn nous explique également qu'il est plus facile de mentir à chaud qu'à froid, que les repas d'affaires sont productifs et que la paternité des PDG influe sur la rénumération des employés.

Si Les râleurs sont les meilleurs n'est pas complètement inintéressant, c'est un livre qui enfonce beaucoup de portes ouvertes, écrit dans un style plutôt simple et qui, au final, n'apporte pas grand chose. Il y a aussi dans ce livre un côté politiquement correct des plus agaçants, notamment lorsque Annie Kahn vous explique avec moult arguments "scientifiques" que la diversité c'est bien et que jeunes, vieux, hommes et femmes peuvent et doivent participer à la vie de l'entreprise en toute harmonie (j'imagine la réaction de son lectorat si elle avait expliqué que les vieux sont nuisibles à la santé d'une boîte).  Disons qu'on a surtout l'impression que, loin de s'appuyer sur des vérités, Annie Kahn a fait le tri pour prendre ce qui l'arrangeait. Sa vision de l'entreprise a  un côté un peu trop angélique à mon goût et semble avoir surtout pour but de rassurer des français râleurs et contents de savoir que leur petit Mattéo hyperactif ou dyslexique pourra finir patron ou informaticien. De fait, si Les râleurs sont les meilleurs n'est pas désagréable à lire, c'est un document creux présentant quelques idées intéressantes au milieu de bon nombres de faits inutiles. Si vraiment vous vous intéressez au sujet, mieux vaut vous pencher sur le livre Les stratégies absurdes qui aborde le thème des fausses bonnes idées en entreprise de façon beaucoup plus rigoureuse.

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