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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 11:32

L01.jpgLe dernier des Mohicans

James Fenimore Cooper

éditions Flammarion

1826

 

Des soldats et des indiens, une romance et des demoiselles en détresse, des combats et de la violence, des nobles sentiments et des trahisons... Nous ne sommes pas dans un film hollywoodien mais dans les 1001 livres... avec Le dernier des Mohicans de Cooper.

1757: dans la forêt nord-américaine, alors que la guerre entre les anglais et ces chiens de français fait rage, un jeune major anglais, Heyward, a la mission délicate de mener les deux filles du colonel Munroe, Cora et Alice, jusqu'à leur père assiégé au Fort Williams. Il est aidé par un indien Huron, Magua, qui se révèle bientôt être un traître. Heureusement, la route de Heyward croise celle de Oeil-de-Faucon, un chasseur blanc, et de deux Indiens, Chingachgook et son fils Uncas, ultimes survivants de la race des Mohicans. Les trois guerriers acceptent d'aider les anglais et de les guider à travers ce territoire hostile, cerné par les français et leurs alliés indiens.

Pour ceux qui ont vu le film, autant vous prévenir; le livre n'a rien à voir. Pas de jeune héros fougueux mais un vieux chasseur mal embouché. A dire vrai, dans Le dernier des Mohicans, nous avons plusieurs protagonistes importants: le major Heyward, jeune soldat méritant plein de noblesse d'âme mais encore inexpérimenté et un peu naïf forme avec Alice, la jeune soeur blonde et douce mais timorée et fragile, le couple de jeunes premiers sans envergure mais sympathiques et à qui on souhaite une fin heureuse tout simplement parce qu'on ne les voit pas assumer le rôle de héros tragiques. A l'inverse Uncas, le dernier des Mohicans, ultime descendant d'une lignée condamnée à disparaître, forme avec Cora la soeur aînée, métisse, un autre couple, tragique et plus complexe, celui de deux êtres menant avec courage et héroïsme un combat qui semble perdu d'avance. Enfin Munroe, Chingachgook et Oeil-de-Faucon sont des hommes d'expérience: à la différence de Cora et d'Uncas dont la sagesse semble innée et fait d'eux des êtres d'exception presque irréels, les trois hommes sont ancrés dans une réalité qui les rend pragmatiques: ils savent fuir, se cacher et ce seront les moins en danger durant tout le roman car leur vécu les rend plus prudents. Face à ce groupe de héros, Cooper nous oppose deux visages de l'ennemi; le français Montcalm, courtois, élégant, raffiné et chevaleresque mais dont la faiblesse et l'indécision font le malheur de nos personnages aussi sûrement que le "méchant" du livre, Magua, caricature de l'Indien vicieux et rusé.

Je ne suis pas assez calée sur l'histoire américaine et sur les Indiens pour vous dire si oui ou non Cooper a fait preuve d'une grande rigueur ou si, au contraire il s'est lancé dans un sujet trop vaste pour lui et a utilisé un ou deux clichés pour faire une bonne histoire. Bien qu'on le compare souvent à Walter Scott, Cooper n'a pas eu l'intention avec Le dernier des Mohicans d'écrire un roman historique; le seul événement "historique" du récit est le massacre  de Fort Williams, événement d'une rare violence certes mais qui, s'il occupe une place centrale, n'en est pas moins un rebondissement parmi d'autres. Le Dernier des Mohicans est avant tout un roman d'aventures : enlèvements, combats, têtes de bébés fracassés contre un rocher, Indiens qui scalpent à tout va, pièges et déguisements... Cinq cent pages épuisantes et angoissantes pour le lecteur. Là où Cooper rejoint Scott, c'est dans sa conception du roman où, tout comme l'auteur écossais, il met en scène des personnages qui luttent pour un monde qu'ils savent condamné à disparaître. Cooper pense manifestement que la mort de la civilisation indienne est inévitable et, y voit-il un inconvénient, rien n'est moins sûr. En revanche, il admire ces destinées individuelles qui vont à contre-courant de la destinée collective, de même qu'il admire Munroe, homme d'honneur perdu face à un Montcalm plus politicien que vraiment méchant. Tout ça en tous cas fait du Dernier des Mohicans une oeuvre extrêmement réussie qui, malgré quelques longueurs au début et un peu sur la fin, malgré des dialogues ampoulés et une "morale" légèrement douteuse donne au roman d'aventure ses lettres de noblesse et fait passer à son lecteur un très agréable bien qu'éprouvant moment.

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 10:49

L01.jpgLa famille Fang

Kevin Wilson

Presses de la Cité

2009

 

Caleb et Camille Fang sont ce qu'on appelle des originaux, des artistes, mais ils méprisent l'art immobile; eux, ce qu'ils veulent, c'est faire de leur vie entière une oeuvre d'art. Pour cela, ils organisent des performances en se mettant en scène au quotidien dans des situations improbables et en filmant les réactions des spectateurs malgré eux. Un mode de vie éreintant pour leurs deux enfants, Buster et Annie (enfants A et B), entraînés bien malgré eux dans la folie douce de leurs parents et condamnés eux aussi à participer à des "happenings" aussi fréquents que déstabilisants. Aussi, devenus adultes, les enfants Fang ont-ils bien du mal à mener une existence normale d'autant plus que les circonstances les forcent un jour à retourner vivre chez Caleb et Camille.

Déroutant, La famille Fang est une agréable surprise. C'est un roman extrêmement drôle mettant en scène des personnages déjantés et des situations délirantes, que ce soit Buster se faisant blesser par un lance-patate ou les performances surréalistes de Caleb et de Camille. Nous sommes ici dans une comédie de l'absurde portée par des protagonistes qui semblent tout droit venir d'une autre planète; en effet, si le couple Fang domine l'histoire de bout en bout, leurs enfants ne sont pas en reste ainsi que les personnes qui gravitent autour de leur monde et qui semblent immédiatement atteints par leur délire. J'ai beaucoup ri devanit une intrigue et des dialogues savamment servis par un auteur maîtrisant les ressorts comiques à la perfection mais qui sait aussi alterner avec des passages plus sobres et plus émouvants. La seule chose qui m'a un peu gênée dans ce roman, c'est le final un peu longuet et assez décevant qui fait perdre au livre beaucoup de son impact. Cela n'en demeure pas moins un ouvrage original que je vous encourage vivement à découvrir si vous ne le connaissez pas encore.

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 13:53

L10Eveil

Robert J.Sawyer

Robert Laffont

2009

 

ça fait seize ans que Caitlin vit dans l'obscurité. Aveugle de naissance, elle n'a jamais vu ses parents et ignore tout des couleurs et du monde qui l'entoure. Son monde à elle c'est celui d'Internet et des mathématiques. C'est une vie agréable mais qui la frustre un peu. Aussi, lorsqu'un japonais, le docteur Kuroda, la contacte par mail pour lui proposer un traitement expérimental qui lui permettrait de guérir en partie sa cécité, l'adolescente n'hésite pas une seconde. Mais après l'opération, c'est un nouveau monde qui lui apparaît...

Je ne sais pas pourquoi je m'acharne encore à lire des ouvrages de science-fiction. Certes, il y en a des simples mais Eveil ne fait absolument pas partie de cette catégorie. L'histoire "initiale", celle de Caitlin est vite rejointe par le récit d'une épidémie mortelle qui frappe la Chine et par celui d'un singe qui converse via Internet avec un autre singe. Trois narrations qui ont entre elles un lien si ténu (l'intelligence artificielle) que je ne suis pas encore sûre à la fin du livre d'avoir tout saisi. Et comme si ça ne suffisait pas, l'auteur nous ressort douze formules mathématiques par page et parle programmation et neurosciences avec la même désinvolture que s'il nous racontait ce qu'il avait mangé à midi. Vous l'avez compris, Eveil s'adresse avant tout à des initiés et il m'est difficile de vous en parler de ce fait correctement. Ce que je retiendrai surtout de ce livre, c'est une histoire plutôt intéressante mais "gâchée" par un trop grand nombre d'intrigues secondaires. Il aurait été à mon sens plus judicieux de se contenter de focaliser le récit sur Caitlin et d'oublier le débat sur la censure informatique en Chine ou les considérations zoologiques sans guère de rapport avec la choucroute. J'avoue aussi avoir été agacée par la référence constante à Wikipédia présentée comme l'encyclopédie ultime et l'accès à toute la connaissance humaine. Enfin, de façon plus générale, j'ai trouvé l'héroïne un peu tête à claques. Auteur de Flashforward, Sawyer signe avec Eveil un texte de SF qui fait moins dépassé mais qui me semble pour le coup nettement moins abouti en terme de personnages et d'intrigue. Pas sûre que je me laisse tenter par un autre de ses ouvrages.

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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 10:21

L03.jpgScènes de la vie d'un propre à rien

Joseph von Eichendorff

éditions Libretto

1826

 

Dans un petit village allemand, près du moulin de son père, un jeune homme rêvasse paisiblement en contemplant la nature qui s'éveille d'un long hiver. Mais le meunier n'a que faire d'un fainéant et envoie son propre à rien de fils parcourir le vaste monde. Sitôt dit, sitôt fait : notre héros s'exécute et, sans rien d'autre que son violon sous le bras, se lance dans une aventure qui l'emmènera jusqu'en Italie et lui fera rencontrer peintres et nobles, soubrettes et villageois... Situations cocasses et romances sont au rendez-vous.

Quiproquos, rebondissements, intrigues tortueuses et chansons rythment ce court roman considéré par beaucoup comme la dernière oeuvre majeure du romantisme allemand. De fait, j'ai trouvé que le romantisme était ici plus qu'affaibli; hormis les très belles descriptions d'une nature célébrée à travers les chansons du narrateur, on ne retrouve guère dans Scènes de la vie d'un propre à rien tout ce qui fait la spécificité du genre que sous une forme atténuée, allégée. Le narrateur a beau clamer sa souffrance à la lune et aux étoiles, les situations grotesques et invraisemblables dans lesquelles il se retrouve en font surtout un personnage comique. L'histoire d'amour qu'il vit avec une belle et inaccessible inconnue est également loin d'avoir la profondeur et la gravité de celles que l'on retrouve dans les oeuvres de Goethe. Aussi, si j'ai apprécié le style léger d'Eichendorff, à mille lieux de l'emphase pompeuse d'un Novalis, j'aurais aimé je l'avoue, un peu plus de consistance à une histoire qui en manque cruellement et qui s'apparente plus à mon sens à une opérette : c'est distrayant, amusant, les rebondissements sont multiples, mais le le lecteur à aucun moment n'est vraiment touché ou ému, se contentant de suivre les pérégrinations d'un héros volatile. Fantôme du romantisme allemand, Scènes de la vie d'un propre à rien en est un peu le chant du cygne: j'avoue que pour ma part, j'en suis soulagée.

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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 10:04

L05.jpgPersonnages secondaires

Alejandro Zambra

éditions de l'Olivier

2012

 

Les hasards des piles à lire et des services de presse oubliés m'ont fait tomber sur un ouvrage curieux publié il y a environ deux ans par les éditions de l'Olivier : il s'agit de Personnages secondaires. Dans ce livre, le narrateur vit au Chili et raconte son histoire, celle d'un enfant sous la dictature de Pinochet et qui, pressé par sa jeune et jolie petite voisine, Claudia, se met à épier l'individu à côté de chez lui. Mais, au tiers du livre, changement de ton : il s'avère que cette intrigue n'est que le roman d'un autre narrateur qui, s'inspirant très largement de sa propre expérience et de celle de ses parents, espère par le biais de l'oeuvre reconquérir sa bien-aimée Eme qui l'a quitté il y a peu mais qui songe à revenir...

Un roman dans un roman ou l'histoire d'un homme qui écrit un livre, tel est en résumé Personnages secondaires. La partie la plus intéressante est, pour une fois, l'intrigue politique avec cette ambiance oppressante liée à la dictature de Pinochet et l'incertitude qui suit. Avec beaucoup de finesse, Alejandro Zambra parvient à restituer le climat tendu d'un pays qui tente de se relever d'un régime autoritaire et qui en est encore à s'interroger sur son avenir. Ni les opposants ni les sympathisants ne sont tout à fait stigmatisés, l'auteur se contentant en les mettant en scène de poser cette éternelle question: et vous, qu'auriez-vous fait à leur place?

Passé cet aspect, Personnages secondaires se révèle cependant un peu creux. Les personnages n'ont aucune profondeur, on ne s'attache pas à eux, et le style est plat. Il n'y a pas vraiment d'intrigue et on a du mal à voir où l'auteur veut aller. Certes, il s'agit de décrire le processus créatif et la façon dont un roman s'approprie des morceaux de vie de son auteur pour exister (il y a un passage très intéressant où l'écrivain explique à sa soeur qu'il ne souhaite pas la mettre dans son livre pour la protéger) ce qui donne à l'ensemble un côté décousu qui n'est pas inintéressant. Tout cela demeure cependant un peu artificiel et n'est pas sans me rappeler le bon vieux procédé narratif qui consiste à écrire tout un roman pour dire à la fin que pouf! il s'agissait d'un rêve et faire perdre ainsi tout son sens à l'histoire. Non, je ne suis vraiment pas convaincue par le roman de Zambra dont le titre paraissait pourtant bien prometteur.

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 10:21

L01.jpgLilly Sparrow contre l'apocalypse

Ced/ Ztnarf

Makaka éditions

2014

 

Dans un monde post-apocalyptique dominé par les aliens, les zombies, les machines et les hommes-crevettes, une petite fille résiste encore et toujours aux envahisseurs. Son nom? Lilly Sparrow. Agée de six ans, elle refuse de se cacher et vit tranquillement dans la ville grâce à des pièges et à sa connaissance des ennemis. Surviennent un jour deux hommes qui lui demandent son aide pour pénétrer au coeur du territoire alien. Lilly est partante... tant qu'elle peut faire la sieste et avoir son goûter à heure fixe.

Clairement parodique, Lilly Sparrow contre l'apocalypse est une bande dessinée divertissante qui met en scène un monde totalement loufoque, raillant tous les clichés des univers post-apocalyptiques ou les détournant jusqu'à l'absurde (quand on pense à une révolte des machines, ce n'est pas le grille-pain maléfique qui nous vient le premier à l'esprit). Les situations sont comiques (j'ai ri plusieurs fois devant certaines répliques) et les personnages nous deviennent vite sympathiques, que ce soit l'héroïne qui réclame une histoire avant de se coucher ou le professeur supposé sauver le monde mais incapable de se faire obéir d'une gamine de six ans. Aussi bien adaptée aux enfants qu'aux adultes, amusante, la BD n'en demeure pas moins plutôt captivante et c'est avec plaisir que je lirai la suite quand elle sortira.

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 09:20

L01.jpgUne robe de la couleur du temps

le sens spirituel des contes de fées

Jacqueline Kelen

éditions Albin Michel

2014

 

Le principe des contes de fées c'est qu'ils peuvent être lus, racontés, déformés, adaptés, et qu'on peut les interpréter comme bon nous semble. Bruno Bettelheim en a fait la psychanalyse dans son excellent ouvrage, La psychanalyse des contes de fées. Moi-même il y a quelques années dans un mémoire je m'étais amusée à les rapprocher de la fantasy. Jacqueline Kelen, elle, y voit carrément un sens spirituel qu'elle développe dans Une robe de la couleur du temps.

L'exercice d'entrée de jeu paraît périlleux car Kelen s'appuie pour une grande part sur les contes d'Andersen. Or, les contes de ce dernier, contrairement  à ceux de Perrault ou de Grimm, sont des oeuvres originales qui ne s'appuient sur aucune tradition orale établie: dès lors, leur interprétation "spirituelle" peut aller à l'encontre même des desseins de l'auteur. A l'inverse, les contes "classiques" (Blanche-Neige, Le petit chaperon rouge, Cendrillon) font en quelque sorte partie d'un patrimoine oral mouvant qui rend de fait plus facile une lecture différente.

Il n'y a rien à dire au niveau du style : Jacqueline Kelen se révèle elle-même une merveilleuse conteuse qui parvient à faire prendre corps à tous ces personnages de notre enfance, le brave petit Poucet qui guide ses frères à travers bois, la vilaine marâtre qui se déguise en sorcière pour aller tenter Blanche-Neige au fond de sa cabane, la petite Sirène qui danse dans la souffrance au mariage de celui qu'elle aime en silence... L'auteur prend plaisir à nous rappeler ces histoires en nous donnant envie de nous plonger de nouveau dans ces récits qui ont bercé notre enfance. Puis, vient le temps de l'interprétation spirituelle et là, j'avoue que je suis loin d'être toujours en accord avec Kelen. Si certaines interprétations m'ont fait hausser les épaules en me disant: "Ah oui, pourquoi pas à la rigueur" (Le vilain petit canard ou la quête de l'âme pour atteindre sa plénitude) je ne peux pas voir autre chose dans Les habits neufs de l'Empereur qu'une raillerie d'Andersen là où Kelen s'obstine à trouver un sens plus profond à l'histoire de deux escrocs qui proposent à un empereur coquet de lui tisser l'habit le plus merveilleux au monde, visible uniquement par les gens intelligents, et qui finalement le laisse parader en ville nu sans que personne n'ose lui dire quoi que ce soit de peur de passer pour un imbécile. De même, si l'interprétation du Petit chaperon rouge des frères Grimm me semble plus ouverte, il est difficile de voir autre chose dans la version de Perrault qu'un conte moral destiné à préserver les jeunes filles de frayer avec des inconnus louches de peur de voir le loup (inutile je vous pense de vous faire un dessin). Ce sont quelques-unes de ces interprétations qui m'ont fait un peu tiquer. A l'inverse, j'ai été très touchée par l'interprétation de La petite fille aux allumettes ou encore à celle de La Petite Sirène. L'ouvrage de Kelen n'est clairement pas un essai et ne s'appuie sur aucune bibliographie à part sa propre lecture des contes : cependant, Une robe de la couleur du temps est un ouvrage plein de fraîcheur qui nous rappelle avant tout qu'un conte est fait pour se l'approprier et que chacun est libre d'en tirer ses propres leçons pour avancer dans la vie.

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 09:31

L02.jpgLa huitième fille

Les annales du Disque-Monde t.3

Terry Pratchett

éditions Pocket

1987

 

On continue notre promenade dans le Disque-Monde de Pratchett avec le troisième tome de la série, La huitième fille. Changement de décor : cette fois, nous partons dans un petit village des montagnes, Trou d'Ucq. Un vieux mage fait route dans la nuit. Sentant sa mort venir, il se hâte d'aller transmettre ses pouvoirs au huitième fils à naître d'un huitième fils. Le problème c'est que le huitième fils se révèle être... une fille. C'est une première et, malgré les efforts de Mémé Ciredutemps, la sorcière du coin, pour remédier à cet état de faits (une femme mage pouah! c'est pas naturel) la jeune Eskarina se retrouve bientôt investie de pouvoirs qui la dépassent.

Tout comme les deux premiers tomes, La huitième fille ne fait pas partie de mes Pratchett préféré. Le Disque-Monde est encore grossier et les descriptions sont un peu longues. Ceci dit, il est intéressant car, sous l'humour, il met en scène une réalité beaucoup moins drôle, celle d'une femme obligée de se battre pour exercer la profession dont elle rêve. Eskarina n'a qu'un désir : devenir mage. Or, tout le monde l'en empêche et se moque d'elle. Même la sorcière Mémé Ciredutemps, la femme indépendante par excellence, ne parvient pas à comprendre cette envie. Pourtant, la détermination de la petite fille est payante et, grâce à son entêtement  et à l'aide plus ou moins bienveillante de son mentor, elle parvient enfin à ses fins, nous offrant une jolie leçon de patience.

La huitième fille est un peu à part dans la série car, à mon sens, dans tous les autres volumes des annales (corrigez-moi si je me trompe) il ne sera plus fait mention d'Eskarina qui disparaît du Disque-Monde de façon aussi mystérieuse qu'incompréhensible. En revanche, le livre met en scène pour la première fois Mémé Ciredutemps qui elle, pour le cooup, deviendra une figure phare des romans de Pratchett.

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3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 10:24

L02.jpgOrphans

t.1 Double disparition

Claire Gratias

éditions Rageot

2013

 

Marin est un ado lambda de dix-sept ans insupportable. Il rêve d'indépendance et de liberté mais ses parents ne le comprennent trop pas et sa grande soeur le traite comme un bébé. Ah, si seulement il était fils unique et orphelin! ça tombe bien, son smartphone lui envoie le lien d'un mystérieux site: www.orphans.com. En suivant les indications du site, Marin se retrouve alors propulsé dans un monde parallèle, un monde où la télépathie a remplacé le téléphone, où sa ville est devenue un état indépendant, où sa grande soeur n'a jamais existé et où ses parents sont morts. Le rêve de Marin s'est enfin réalisé! Et devinez quoi? Et ben en fait c'est pas si cool que ça...

Premier tome d'une trilogie, Orphans est un livre que je ne m'attendais pas à aimer en lisant le résumé. Un ado incompris, un site web mystérieux... Ceci dit, j'ai finalement plutôt bien accroché. Le style est sans prétention mais l'intrigue est intéressante . Le lecteur navigue entre les deux univers : l'univers où Marin se retrouve coincé bien malgré lui, et celui où il a disparu et dans lequel la meilleure amie de sa grande soeur, Alexia, mène l'enquête sur un mystérieux centre de rajeunissement... Bon c'est parfois un peu fouillis et l'on se demande souvent quel est le rapport, même si on le devine, entre le centre en question et ce qui est arrivé à Marin. De même, l'enquête menée par la police pour retrouver l'adolescent ne semble pas crédible. Enfin, et surtout, l'histoire s'achève véritablement en queue de poisson, laissant le lecteur en vrac avec toutes ses questions. Contrairement à bon nombre de trilogies qui misent sur un premier tome plus ou moins bouclé, laissant tout juste une ouverture possible pour la suite, Claire Gratias d'entrée de jeu ne nous laisse pas le choix d'adhérer à son univers. Vous n'aimez pas? Tant pis pour vous, vous ne saurez pas comment cela finit! Ceci dit, c'est réussi : je vais être forcée d'acheter la suite...

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2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 11:35

L01.jpgSherlock Holmes t.1

La BD dont vous êtes le héros

CED

éditions Makaka

2013

 

Vous vous souvenez sans doute avoir joué quand vous étiez jeunes aux Livres dont vous êtes le héros, ces livres avec, au début, une feuille de route à remplir aux dés. Une fois vos points de force, habileté, intelligence, etc. complétés, vous vous lanciez dans une quête et, en fonction de vos choix, vous alliez à telle ou telle page pour voir ce qui allait vous arriver. Et, si vous étiez comme moi, vous trichiez éhontément pour avoir une chance d'arriver au bout de l'aventure sans vous faire écraser, tuer par un monstre ou empoisonner par un traître. Allez, avouez...

C'est en souvenir du bon vieux temps que j'ai décidé de tester le concept de la BD dont vous êtes le héros, qui fonctionne sur le même principe que les livres du même nom, sauf que la préparation est plus simple. Dans Sherlock Holmes, me voilà donc propulsé dans la peau du docteur Watson. Sherlock Holmes est d'humeur facétieuse et a décidé de me confier une enquête, histoire de voir comment je me débrouille. Je me retrouve ainsi à enquêter sur le meurtre d'un écrivain célèbre. Qui est le coupable entre sa femme, son docteur, son majordome, son rival ou son éditeur?

Disons-le tout net, je ne suis pas fan du dessin. Je trouve ça plutôt grossier et le personnage de Sherlock est moche. Par contre, j'ai trouvé le principe de la BD très intéressant. En effet, quoi de mieux que des illustrations pour trouver des indices, relever des détails et observer les réactions des différents personnages? L'auteur qui plus est a eu la bonne idée de faire des courses poursuites sur plusieurs cases, tant pour faire monter le suspens que pour limiter les tricheries, et le lecteur se retrouve vite pris au jeu de l'enquête, presque déçu que cela se termine si rapidement.

Bon, et me direz-vous qu'a donné votre enquête à vous au final? La bonne nouvelle, c'est que je n'ai tué ni Sherlock ni Watson, ouf! Je suis arrivée au bout de l'histoire sans tricher. La mauvaise nouvelle c'est que je n'ai pas trouvé le coupable, qu'un homme est mort à cause de moi et que, sur les vingt points et plus requis pour être un "bon" détective, je n'en ai obtenu... que huit. Oui je sais. Je retourne m'entraîner et, d'ici là, ne me confiez pas votre prochaine enquête.

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