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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 12:45

L02.jpgPrenez le temps d'e-penser t.1

Bruce Benamran

éditions Marabout

2015

 

Il est parfois salutaire de se prendre une bonne leçon d'humilité, quand vous êtes persuadés que vous sortez tout droit de la cuisse de Jupiter ou que vous considérez avec mépris tous ces gens qui sont incapables de conjuguer correctement la moindre phrase. En effet, nous avons tous nos lacunes et j'en ai fait la douloureuse expérience cette semaine avec le livre de Bruce Benamran.

A priori, Prenez le temps d'e-penser n'a rien d'extrêmement compliqué : d'après ce que j'ai compris, il s'agit d'un livre issu d'un blog sur Youtube et qui vulgarise la science pour la rendre accessible. J'étais donc confiante : Ah ah de la vulgarisation, les doigts dans le nez les enfants, j'ai lu l'intégrale de Zola c'est pas un Youtuber qui va m'en imposer !

...Fail.

Ben oui, après quelques pages, je me suis vite rendue compte qu'en terme de physique et chimie ce n'est pas quelques lacunes que j'ai mais un immense trou noir. C'est très humiliant. D'autant plus que, même après les explications de l'auteur, j'ai toujours du mal à comprendre. Il serait facile d'arguer que Bruce Benamran est trop technique mais ce serait mentir. L'auteur est très pédagogue, illustre son livre par des exemples parlants et le ponctue de touches bienvenues d'humour (bon même si le running gag sur l'humanité, l'espèce pas le journal, est un peu lourd parfois) En bref, il se met à la hauteur de son public et je pense que la majorité de son public suit. Moi, je l'avoue, pas tout. Heureusement pour mon ego malmené, certains chapitres ont été beaucoup plus clairs : le système solaire, la biologie (j'ai trouvé le chapitre sur la vie passionnant), grosso modo ça allait... Mais dès qu'on parle relativité, mécanique ou géométrie dans l'espace, mon cerveau a eu beaucoup plus de mal à suivre. Cette lecture a néanmoins été salutaire : elle rappelle, comme la souligne d'ailleurs l'excellente préface d'Alexandre Astier, que l'homme est un être évolué, supérieur aux animaux puisqu'il a inventé la roue, les ordinateurs, les avions, les fusées etc... Sauf que ni lui ni moi ne savons construire un ordinateur (je suis déjà infoutue de réparer le mien quand il tombe en panne) ni même en expliquer le fonctionnement précis alors niveau supériorité on repassera.Et en attendant, il ne me reste plus qu'à récupérer les cours de physique-chimie du collège.

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17 novembre 2015 2 17 /11 /novembre /2015 10:49

L02.jpgBlacklistée

Cole Gibsen

Hugo et Compagnie

2015

 

Tout est affaire de contexte. J'ai commencé Blacklistée vendredi dernier et j'ai trouvé le début assez sombre. On y suit Regan, une adolescente névrosée, sujette à des crises d'angoisse et constamment sous pression. Normal, sa mère est au Sénat et la jeune fille se doit d'être irréprochable. Faire partie de l'équipe de pom-pom girls du lycée, se présenter aux élections de l'établissement, se montrer agréable avec tout le monde... quitte à être une vraie peau de vache par derrière. Car s'il y a bien une chose que Regan a appris de sa mère, c'est l'art de manipuler autrui. Tout vole en éclats le jour où, en arrivant au lycée, elle découvre placardés sur tous les murs ses messages privés : mensonges, manipulations, vacheries...Aussitôt, la populaire Regan devient une paria et découvre les joies du harcèlement et de la solitude.

ça commençait très fort : une lycéenne mis au ban qui se retrouve abandonnée par ses prétendus amis, des graffitis sur son casier, chronique de la haine ordinaire à l'école... Si on comprend très vite que Regan est loin d'être irréprochable, le fait que ce soit elle qui raconte l'histoire nous permet malgré tout de nous identifier à elle et de souffrir de son isolement. Le tout servi par une écriture incisive et sans complaisance décrivant des scènes assez dures : la meilleure amie qui ne répond pas au téléphone, la mère qui fouille la chambre de sa fille pour y trouver de la drogue avec la participation du père, les crises d'angoisses violentes d'une héroïne qui n'arrive pas à garder pied.

J'ai lu jusqu'à assez tard ce soir-là et me suis couchée tranquillement. Le lendemain je suis allée au travail pour y retrouver des visages défaits et pour apprendre ce qui avait empêché la moitié des autres de dormir.

Quand j'ai repris le livre samedi soir, était-ce ma perception qui avait changé, était-ce simplement la fin de l'ouvrage qui laissait à désirer ? J'ai levé les yeux au ciel devant l'histoire d'amour oh combien prévisible, je me suis lassée des atermoiements de l'héroïne et j'ai trouvé la fin sirupeuse au possible. Encore une fois tout est affaire de contexte je suppose. Difficile de s'attendrir sur les malheurs d'une lycéenne américaine ce week-end.

Paradoxalement, je n'ai pas envie de démolir tout à fait ce livre non plus qui véhicule des valeurs plutôt positives : Blacklistée nous dit qu'en réalité il n'y a pas vraiment de "méchants", que justement tout est affaire de contexte, qu'on devient ce que l'on attend de nous et que la haine est loin d'être la solution. Même Amber, la peste de l'histoire se révèle plus complexe que prévu tandis qu'à l'inverse le gentil Nolan a aussi des zones d'ombres. La solution réside apparemment dans la compréhension et l'amour des autres. C'est simpliste, c'est niais, et en temps ordinaire j'aurais traité ce dénouement avec tout le cynisme et le mépris possible. Mais de la haine il y en a eu beaucoup ces derniers temps alors pour une fois, juste pour cette fois, je vais me mettre en mode bisounours et croire que l'auteur a raison, qu'on peut tout arranger en parlant, en s'excusant et en aimant. Quelquefois, ça fait du bien d'y croire.

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11 novembre 2015 3 11 /11 /novembre /2015 14:10

Les réseaux de la malbouffe

Géraldine Meignan

éditions JC Lattès

2015

 

Encore un livre qui va vous faire considérer votre assiette d'un autre œil. Dans cet essai, la journaliste Géraldine Meignan se penche sur la façon dont la nourriture arrive jusqu'à chez nous. Bon, moi je suis devenue végétarienne depuis quelques années par conviction personnelle, donc je me suis sentie relativement peu concernée par le poisson cancérigène, par les knacks faites à partir de viandes diverses et variées ou par la viande avariée servie par le chinois du coin. En revanche, j'ai découvert avec douleur que le riz contenait de l'arsenic, que les compléments alimentaires n'étaient pas toujours très recommandables, que les pesticides menaient la belle vie dans nos légumes et qu'une pomme d'aujourd'hui était cinquante fois moins nutritive qu'une pomme des années 50. Rien de neuf me direz-vous car tout ce que j'ai lu dans Les réseaux de la malbouffe, j'en avais déjà plus ou moins entendu parler : l'auteur ne nous apporte ici aucun élément nouveau et sa réflexion semble assez superficielle comme en témoigne sa bibliographie assez peu fournie. Reste une démarche intéressante et un fait que l'auteur n'élude pas, celui du poids des lobbies : entreprises pharmaceutiques, grandes distributions... Géraldine Meignant invite aussi le consommateur à se remettre en question et à lire davantage les étiquettes : pensez-y la prochaine fois quand vous serez dans votre supermarchés à acheter vos nuggets par lots de douze...

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9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 13:50

U4 Jules

Carole Trébor

éditions Nathan

2015

 

Il est temps d'en finir (provisoirement tout du moins) avec notre série écrite à quatre mains et de nous rendre à notre dernier rendez-vous à Paris avec Jules de Carole Trébor. Jules, un jeune parisien, est terrorisé en contemplant depuis son appartement les ravages de la maladie et du chaos qui règne désormais sur la ville. Ses grands-parents, qui vivaient à la campagne, sont morts, ses parents, qui étaient en déplacement à l'étranger, le sont probablement aussi, et son frère a disparu. Jules est livré à lui-même, seul avec un chaton terrifié. Néanmoins, sa rencontre avec une petite fille de son immeuble, Alicia, la seule enfant de son âge semblant avoir été épargnée par le virus, va le pousser à agir.

C'est une très bonne surprise que ce dernier opus : après la légère déception que m'avait laissée la lecture de Koridwen et de Stéphane, Jules s'est au contraire révélé à la hauteur de mes espérances. Sur le papier, le personnage ne faisait pourtant pas rêver : un ado geek un peu enrobé qui ne voit pas de fantômes et n'a pas de supers pouvoirs de guérisseur ni de compétences scientifiques. Mais c'est justement cette personnalité ordinaire qui rend l'adolescent plus touchant et nous permet de nous identifier plus facilement à lui. Pour ce qui est de la narration, Carole Trébor ne commet pas l'erreur de ses homologues masculins mais, tout comme Florence Hinckel, parvient à lier l'histoire de son personnage à celle des autres sans que cela ne paraisse trop superficiel ou redondant. Elle fait également un choix que je trouve judicieux : au lieu de vouloir tout décrire au jour le jour rapidement (de mémoire c'était le travers de Grevet dans Koridwen) elle s'attarde sur certaines dates et fait le choix de sauter un ou plusieurs jours. De fait, l'intrigue est plus dynamique, l'action plus resserrée et les descriptions gagnent en profondeur. Non, franchement rien à dire sur ce tome qui me donne envie d'aller découvrir la suite... mais, pour le coup, il va falloir patienter un peu.

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6 novembre 2015 5 06 /11 /novembre /2015 13:33

Super Sourde

Cece Bell

éditions Les Arènes

2014

 

Cece menait une vie parfaitement normale jusqu'à ses quatre ans, le jour où elle contracte une grave méningite. Emmenée à l'hôpital pour y être soignée, elle se rétablit mais devient quasiment sourde. Affublée d'un appareil auditif qu'elle supporte difficilement, Cece va devoir apprendre à surmonter ses différences et, surtout, les faire accepter à ceux qu'elle rencontre, son rêve étant surtout de briser sa solitude et de se faire des amis.

Joli roman graphique avec des dessins volontairement naïfs et des petits personnages qui ont tous des oreilles de lapin, Super sourde est un témoignage plein d'humour sur une enfant qui, du jour au lendemain, se retrouve à composer avec une situation qu'elle-même accepte à peine et qu'elle a, à plus forte raison, peine à faire accepter à ses camarades d'école : entre ceux qui parlent plus fort et ceux qui ont pitié d'elle, entre ceux qui la traitent avec trop de ménagements et ceux qui au contraire se servent d'elle, Cece aura bien du mal à faire le tri et à devra apprendre elle-même à se remettre en cause. BD drôle parce que totalement dépourvue d'auto-apitoiement, touchante et instructive, Super sourde, bien qu'ayant obtenu un prix pour la jeunesse, est à remettre entre toutes les mains malgré un graphisme un peu léger. ​ ​

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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 10:26

L02.jpgOlympia

Vives/ Ruppert / Mulot

Dupuis

2015

 

C'est l'histoire de trois filles spécialisées dans le cambriolage : Alex, Carole et Sam. A la suite d'une affaire, Carole est tenue pour morte. Cette dernière en profite pour mettre fin à sa carrière et tenter de mener sa vie loin des deux autres. Restées seules, Alex et Sam tentent sans entrain un cambriolage qui tournent mal et se voient contraintes par des malfrats sans pitié de dérober une série de tableaux au Petit Palais.

Je ne peux pas dire que j'ai détesté Olympia. Le point fort de cette BD ce sont ses dialogues, vraiment très drôles, et ses trois personnages principaux, surtout celui d'Alex qui m'a beaucoup fait rire. En revanche, j'ai été un peu agacée par le côté "Girls power" de la BD et, surtout, j'ai trouvé l'intrigue un peu faible. Pendant les deux tiers de l'histoire, les personnages ne font que bavasser, ressasser leurs souvenirs et élaborer des plans qui foirent une fois sur deux. Le dessin est intéressant et j'ai trouvé la composition plutôt originale : il y a notamment ces planches où les filles expliquent leur plan d'action à leur acolyte Tonio en voix off, ce qui permet à l'intrigue de sauter directement à ce passage sans transitions maladroites. La fin est en revanche à mon sens totalement ratée et convenue mais là, pour le coup, c'est un avis personnel. Olympia n'est pas une BD désagréable : mais c'est une BD qui ne me laissera pas non plus de souvenirs impérissables...

 

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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 10:08

L02.jpgUn héros de notre temps

Lermontov

1840

éditions Flammarion

 

Il est temps de retrouver un peu nos 1001 livres... si vous êtes d'accord et de retourner à la froide Russie du XIXe siècle, auprès de Lermontov qui, comme la moitié des auteurs russes de ce temps j'ai l'impression, subira l'exil et mourra dans un duel. En fait Un héros de notre temps est un récit divisé en cinq parties ; ces parties peuvent se lire indépendamment les unes des autres et ne sont liées que par un seul fil rouge, le héros de ces histoires, Petchorine, un militaire cynique qui pose sur le monde et sur l'amour un regard désenchanté. Petchorine ne croit pas à grand-chose et nous le prouve dans chacune de ses aventures : il kidnappe une jeune femme et, dès lors qu'il a réussi à la séduire, s'en désintéresse, il méprise ses anciens amis, il "vole" la femme que son compagnon d'armes aime et tue ce dernier en duel... Bref, il fait preuve d'un égoïsme forcené et prend plaisir à mettre à bas toutes les valeurs "sacrées" de la vie : l'honneur, l'amour, l'amitié.. Bien entendu, le titre du livre est ironique : si Petchorine est "un héros de notre temps", c'est parce qu'il conjugue selon Lermontov tous les travers de l'homme de son siècle : la vanité, le cynisme, la jouissance pour la jouissance, l'insensibilité, l'égoïsme. C'est le descendant direct de Valmont, le héros des Liaisons dangereuses ou, plus proche, d'Eugène Onéguine, le héros du roman éponyme de Pouchkine dont nous avions parlé sur ce blog il n'y a pas si longtemps. L'originalité du roman de Lermontov réside dans sa composition même : alors que les deux premiers récits sont menés par un narrateur extérieur, les trois suivants sont tirés directement du journal de Petchorine. Ainsi, les points de vue sur le héros se mêlent, se confondent, voir se heurtent, fascinant kaléidoscope d'un personnage plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord.

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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 12:58

L01.jpgSept nains

Wilfrid Lupano/ Roberto Ali

éditions Delcourt

2015

 

Et si la méchante reine de Blanche-Neige n'était qu'une épouse frustrée par l'indifférence de son mari et terrorisée à l'idée de devenir vieille ? Si la jolie princesse n'était qu'une peste à la langue acérée et les sept nains sept vicelards exilés dans la forêt à la suite d'un décret royal ? S'appropriant joyeusement le conte pour mieux le détourner, le scénariste des Vieux fourneaux nous propose une vision toute personnelle de Blanche-Neige et des sept nains avec une reine qui, pour se transformer en sorcière, se contente de se démaquiller et d'une princesse tête à claques qui doit se défendre contre les assiduités de sept vieux garçons livrés trop longtemps à eux-mêmes. Servi par des dialogues irrésistibles et un humour parfois un peu potache mais toujours efficace, Sept nains a, qui plus est, un graphisme dynamique et des couleurs sombres rouges qui donnent à la BD un ton légèrement angoissant. Les dessins sont presque caricaturaux (comme le souligne mon collègue, Blanche-Neige a de solides arguments) et donnent d'autant plus de poids à une histoire irrévérencieuse et très drôle. Du joli travail.

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18 octobre 2015 7 18 /10 /octobre /2015 10:56

L02.jpgL'arabe du futur 2

Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985)

Riad Sattouf

Allary éditions

2015

 

Nous l'avons déjà dit : l'arabe du futur est blond avec des cheveux bouclés. Il s'appelle Riad Sattouf et est né de mère française et de père syrien. Dans ce deuxième tome, il revient sur sa jeunesse en Syrie : cette fois, plus moyen d'y échapper, il doit aller à l'école et quitter les jupons de sa mère. Et l'école là-bas, ça rigole pas : entre la maîtresse qui donne des coups de règle et des camarades qui ne lui ressemblent pas, Riad parvient cependant peu à peu à trouver ses marques dans ce pays qui est à moitié le sien. Pendant ce temps, son père est toujours persuadé qu'il va faire fortune.

Ce second tome m'a paru moins violent que le premier. Est-ce qu'on s'habitue? Le père du héros nous apparaît plus doux, l'entourage moins cruel.Ou alors, est-ce que, tout comme le garçonnet dont nous empruntons le point de vue, nous commençons à nous familiariser avec cet univers étrange? un sentiment cependant qui ne dure pas car certaines situations viennent nous perturber : ce gamin pauvre et malade avec de grands yeux qui, un jour, ne revient plus à l'école, cette tante assassinée par sa propre famille pour être tombée enceinte hors-mariage... Autant de faits mis en scène par Riad Sattof avec toujours autant d'innocence et de cruauté entre des scènes beaucoup plus légères : le père qui pour faire plaisir à sa femme s'emploie à lui trouver un lave-linge, des camarades qui jugent sévèrement les épouses qui ne portent pas le voile mais qui ne font pas le rapprochement avec la mère européenne de Riad... Qui a dit que le temps de l'enfance était un moment magique ?

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16 octobre 2015 5 16 /10 /octobre /2015 18:44

L01.jpgUne braise sous la cendre

Sabaa Tahir

éditions Pocket Jeunesse

2015

 

Belle semaine pour les éditions Pocket Jeunesse qui, après Cité 19, nous offre encore une fois une très jolie nouveauté, Une braise sous la cendre. Le résumé ne semblait pourtant pas non plus, à première vue, très alléchant : une civilisation scindée entre des oppresseurs, les Martiaux, et des opprimés, les Erudits. Les uns sont des soldats qui consacrent leurs vies à se battre, les autres des anciens lettrés réduits à l'esclavage. Il y a deux héros, Laia, l'esclave, et Elias, le soldat, dont on sait d'entrée de jeu qu'ils vont tomber amoureux même si tout les oppose. A priori rien de très original dans tout ça... Mais, très vite, dès le premier chapitre, tous nos préjugés s'envolent : d'une part parce que si l'histoire n'est peut-être pas nouvelle, elle est en revanche diablement bien construite : le récit centré à tour de rôle sur Laia et Elias s'enchaîne sans temps mort et réserve de multiples rebondissements inattendus. D'autre part, parce que les personnages sont très attachants : loin d'être caricaturaux, ils sont dépeints avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Laia apparaît ainsi comme une trouillarde qui, par amour pour son frère, va tout faire pour surmonter ses peurs. Elias lui, loin d'apparaître comme un guerrier insensible ou, à l'inverse, comme un bellâtre niais, est dépeint comme un homme plein de doutes, tiraillé entre son désir de liberté et sa peur de perdre ses proches. Ce soin dans la psychologie des personnages s'étend jusqu'aux personnages secondaires : Helene (mon protagoniste préféré pour l'instant) Cuisinière et même Marcus, le "méchant" de l'histoire. Enfin, il me faut parler de l'écriture qui est plutôt belle, très poétique et contribue à donner vie à ce monde pas si manichéen qu'il n'y parait de prime abord. Si Sabaa Tahir s'adresse à un public adolescent (encore que, à mon sens, Une braise sous la cendre peut tout à fait s'adresser à des adultes) elle se refuse aux facilités narratives, donnant à l'histoire d'amour un rôle mineur pour mieux se consacrer à des thèmes moins vendeurs : la liberté et l'obéissance, le savoir ou l'ignorance, la notion même de Bien et de Mal, autant de thèmes qu'elle traite avec extrêmement de finesse. Non, vraiment, si vous aviez (encore) des préjugés sur les romans ados, c'est le moment de revenir dessus...

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